BORLOO SE DEFAUSSE
04 octobre 2011
Je lisais dans le Figaro, samedi matin que son entourage le pressait de déclarer sa candidature. Aussi Quand j’ai vu Jean-Louis Borloo sur le plateau de TF1, je me suis tout de suite dit : « Il saute le pas ! ». Quelle ne fut pas ma surprise, au moins égale à celle de Dominique Paillé, de l’entendre dire qu’il renonçait. Que s’est-il donc passé depuis l’inauguration de son local « Oxygène » ?
« Les temps sont suffisamment troublés pour ne pas ajouter de la confusion à la confusion », a-t-il fait valoir. Cette déclaration, qui ne manque pas de noblesse, demandait un certain courage, car il n’est pas facile de renoncer quand on s’est mis en avant, qu’on a travaillé pendant des mois à un projet et fait durer le suspense. Pas question pour lui d'apparaître comme celui qui pourrait faire perdre son camp, ni de donner le sentiment de vouloir profiter des difficultés du moment. Il a évoqué la nécessité d'éviter un 21 avril à l'envers, argument curieux dans sa bouche, alors que beaucoup le poussaient à se présenter pour mobiliser un supplément d’électeurs et les empêcher de glisser vers le vote contestataire. Il est vrai que nous sommes, comme il a insisté, dans un contexte de crise qui impose, comme le répétait le chef de l'Etat à son encontre, l'« hyperresponsabilité » de tous : « Nous sommes dans une crise économique et sociale d'une extrême gravité. Dans ces périodes-là, la perte de repères, la peur, le désarroi amènent vers les extrêmes ».
Quelle crasse lui a-t-on faite pour qu’il décide subitement de jeter l’éponge ? C’est que chez les centristes, on assassine volontiers derrière les tentures. Il est bien possible qu’il se soit rendu compte dans quelle galère il s’était embarqué, et il n’est un secret pour personne qu’Hervé Morin n’entendait pas lui céder le leadership. Quant aux autres groupuscules que son « Alliance républicaine écologiste et sociale » regroupe, ce sont des armées mexicaines, ou plutôt des coquilles vides. De ce fait, elle n'est pas parvenue à créer le débat autour d'elle. « Cette dynamique des centres n'est pas à mon avis suffisante… La vérité, c'est que les centres n'ont jamais été aussi éclatés », a-t-il regretté. Constat que le commun des mortels peut faire et qui en dehors du sursaut de la constitution du groupe centriste au Sénat, a conduit bien des listes de candidats centristes à la déroute au moment de l’élection.
Jean-Louis Borloo a-t-il hypothéqué son avenir ? Le leader du Parti radical, qui n'a pas rallié Nicolas Sarkozy, se garde d'ailleurs plusieurs fers au feu. Il peut réclamer un rôle de premier plan dans la campagne du chef de l'Etat, comme jouer la carte François Bayrou ou reprendre le dialogue avec Dominique de Villepin. Mais sa marge de manœuvre reste mince car il ne faut pas oublier que presque tous les députés de son parti sont restés à l’UMP. Le Parti Radical ne peut pas se payer le luxe d’un écartèlement qui pourrait se révéler contre-productif au moment des législatives. Il a annoncé qu’il serait présent aux prochaines échéances électorales. Le mieux serait qu’il revienne dans le camp de Nicolas Sarkozy qu’il a servi au gouvernement pendant quatre ans. On conviendra que celui-ci pourrait lui donner quelques responsabilités qui permettent d’aspirer le potentiel qu’il mobilisait, même si celui-ci était resté modeste. Cinq ou six points ne sont pas à dédaigner par les temps qui courent.
Mais ce désistement ne déplaira pas à François Bayrou qui voit disparaître un à un les concurrents qui encombraient son boulevard centriste. Le leader du Modem retrouve une situation de quasi-monopole au centre. De là à lui permettre de réaliser son grand rêve de pôle de l’hypercentre, celui dont Giscard avait rêvé lui aussi, il reste encore un long chemin à parcourir. Hervé Morin, qui dirige le Nouveau Centre, pourrait bien être tenté de se déclarer, mais il lui sera difficile de s'imposer.
La guerre des centres n’est pas terminée. Jean-Louis Borloo en candidat excentré au centre gauche laïc, malgré ses qualités, n’avait pas le profil pour mobiliser le centre traditionnel, chrétien et social libéral. D’autres épisodes sont à venir. Nous ne sommes donc pas au bout de nos surprises.
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