QUELQUES ELEMENTS DE REFLEXION …
30 septembre 2011
Les six magiciens de la primaire socialiste ne nous apportent toujours pas de réponses concrètes et crédibles pour la France et les Français, mais beaucoup de critiques, beaucoup de vieux poncifs, beaucoup de vœux pieux, beaucoup de promesses de lendemain qui chantent, et jamais de mode d’emploi, jamais de financement.
Dans la course aux promesses les plus démagogiques et les plus irréalisables, un cap nouveau a été franchi avec les propositions tous azimuts de nationaliser les banques, d’interdire les licenciements et de bloquer les prix ! Dans un éclair de lucidité, Manuel Valls et Jean-claude Baylet ont quand même dénoncé ce retour aux vieilles recettes communistes qui ont échoué !
En marge de ces gens qui nous parlent d’un monde irréel, celui de leurs fantasmes, je vous propose une rencontre plus intéressante avec Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), un think tank libéral et pro-européen. Il analyse la défaite historique de la droite au Sénat et s’inquiète d’une droite française sans cap idéologique ni tactique. Il vient de donner une interview au journal Le Monde.
Ainsi il explique le basculement historique de droite à gauche du Sénat comme le prix à payer pour l’exercice des responsabilités nationales. « Entre 1993 et 2010, plus de 1000 points importants du maillage territorial (villes, départements, régions) ont basculé à gauche, pendant une période où la droite, elle, a globalement tenu le pouvoir au niveau national. En outre, les élus locaux réagissent à une nouvelle phase de déconstruction de l’Etat providence. Comme ce mouvement ne me semble pas réversible, compte tenu de l’état des finances publiques, cela peut durer ! Par ailleurs une nouvelle sociologie s’est installée dans les campagnes. Les élus locaux comptent de plus en plus en plus de néoruraux, et notamment des fonctionnaires à la retraite, attachés culturellement à l’Etat et plus à gauche. ». La défaite de la majorité présidentielle était inéluctable étant « la consécration d’un parti d’élus. C’est une mécanique plus qu’une dynamique. »
Selon lui, le PS a remplacé l’UMP au premier rang des partis de notables. « Le Sénat en est un symbole. Le PS est devenu un parti modéré, central, voire centriste. C’est comme ça qu’il peut gagner en 2012. Le communisme est mort en 1989. La social-démocratie agonise depuis 2008. Pourtant, la droite n’a pas su en profiter, à la différence du PS. Avant la crise, toute révision doctrinale lui était difficile ; la crise lui offre l’opportunité d’opérer un changement majeur en quelques mois. Plus un seul candidat sérieux à la primaire ne conteste la nécessité de lutter contre la dette et les déficits. C’est une révolution dont la droite n’a pas mesuré l’importance ni les conséquences pour elle. »
Un PS qui mord sur les terres de la majorité, et c’est très visible dans l’ouest où l’électorat centriste a fondu à son profit. « L’UMP ne peut pas prendre le risque de subir une saignée sur ses deux flans : à gauche victime du PS, à droite victime du FN. Le modèle de l’après-guerre, où l’on finançait les dépenses publiques par la croissance, a disparu dans les années 1970. Il a été remplacé par un modèle où l’emprunt a pris la place de la croissance. Tout cela est fini. Que faire maintenant ? Or, pas plus la droite que la gauche ne semblent répondre à cette question. » Et la droite semble en panne d’idées alors qu’en fait elles triomphent. « Pourtant, depuis 2007, elle est allée d’errance doctrinale en erreur stratégique. Le bouclier fiscal avait le mérite de la cohérence, autour de la valeur travail. Maintenant, on se livre à un concours de taxes ! Seule la gauche peut porter un projet de hausse des impôts. La droite s’y perd, déplait aux siens sans plaire aux autres. »
L’autre problème est le rapport au populisme. Sur ce sujet, Dominique Reynié est un expert. « Il faut combattre le populisme. Le débat sur la laïcité, la loi sur la burqa, le discours de Grenoble ont été contre-productifs : ils ont créé un malaise au sein de l’électorat modéré. Les discours de la Droite populaire, ses formules à l’emporte-pièce, sont une insulte à l’intelligence. Quel électeur ne se sent pas, devant ces excès, humilié d’en être le destinataire ? » Dans ce contexte la question est de savoir si Jean-Louis Borloo, qui a quitté l’UMP, peut incarner cette demande : « Sa démarche se justifie par l’absence d’une représentation du centre. L’UMP gagnerait à laisser vivre une telle candidature, pour satisfaire les attentes d’électeurs désormais sans représentants. A défaut, ils n’iront pas voter. »
Mais la crainte d’une droite fractionnée risque de favoriser l’accession de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. A cette préoccupation légitime, il oppose un argument très recevable : « Il y a, en la matière, deux variables à prendre en compte. Le nombre de candidats et le niveau de la participation. Une abstention élevée favorisera le FN. En 2002, il y avait certes 16 candidats, mais aussi 28 % d’abstentionnistes, un record. A droite, la réduction du choix favorisera l’abstention, donc le FN. »
Dire que L’UMP n’a pas réussi son pari, c’est aller un peu vite en besogne, mais avec la crise, le projet de départ s’est un peu effiloché. Le PS ne va pas mieux, les candidats à la primaire qui ne sont d’accord sur pas grand-chose en font la démonstration. « En 2002, l’UMP était une bonne idée. Il s’agissait de construire une maison commune capable de fédérer des sensibilités héritées de l’histoire. La machine est là. Elle aura un programme, mais pour servir quel projet de civilisation ? C’est la question présente. »
Voilà qui devrait donner des idées à Jean-François Copé ou à tout le moins une piste à suivre. Au moment où nous traversons une grave crise qui englobe toute l’économie mondiale, c’est bien d’une vision de civilisation dont nous avons besoin. Cela n’exclut pas de se pencher en même temps sur les mesures quotidiennes de gestion dont nous avons besoin.
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