LECTURES DE VACANCES (suite)
20 août 2010
« Secrets de Fabrication », chronique de Martin Hirsch.
Voilà un ouvrage dans lequel l’auteur fait de la politique sans qu’elle soit politicienne, affiche une hauteur de vue en permanence et analyse le rapport droite-gauche avec finesse en évitant le manichéisme qu’il fuit comme la peste. Un artiste de la politique concrète, au comportement honnête vis-à-vis de tous ceux qui ont des rapports avec lui. Suffisamment rare dans un milieu où la chausse-trappe est le sport favori.
En fait Martin Hirsch nous raconte l’histoire de son combat contre la pauvreté et de la construction très soigneuse du RSA. On comprend mieux, à la lecture, pourquoi il a accepté d’entrer dans le gouvernement, pourquoi il a refusé d’être Ministre ou Secrétaire d’Etat et pourquoi il a souhaité partir le moment venu. On y découvre aussi le vrai visage de Nicolas Sarkozy, toujours à l’écoute, disponible, capable d’abandonner ses certitudes, et toujours animé de faire avancer les choses, notamment quand il s’agit de son programme présidentiel. Rien à voir avec l’image d’hyper-président décidant de tout et ayant la science infuse.
Ce qui domine dans ce livre, c’est la loyauté réciproque des acteurs et le souci de rester authentique. Martin Hirsch ne fait rien au hasard et met en application sa formidable connaissance des rouages de l’Etat, maîtrise parfaitement le parcours d’une décision, de l’arbitrage au calendrier parlementaire et au vote. Il sait comment gagner du temps en glissant un amendement au nez et à la barbe des metteurs de bâtons dans les roues. C’est cette maîtrise de « l’agenda » et une équipe restreinte type « commando » cohérente et motivée qui lui permettront d’atteindre dans les temps qu’il s’était fixés le but poursuivi : la mise en place du RSA.
Enfin tout au long de la lecture on découvre l’homme : attachant, sincère, lucide. Il nous livre le débat intérieur de cet homme de gauche au service d’un gouvernement de droite. Son plaidoyer pour l’expérimentation est passionnant. Il a quitté le gouvernement mais n’a pas abandonné son combat, notamment contre la paupérisation des jeunes. Il reste chargé de la mise en place du service civique. Et il a toujours une dizaine d’idées d’avance, preuve que son analyse de la société et de son évolution donne encore du grain à moudre, de quoi alimenter les programmes électoraux de gauche comme de droite.
Il ressort quand même une chose : la gauche y apparaît bien plus sectaire que la droite, même si celle-ci n’est pas exempte de manichéisme. La preuve : elle n’a pas voté le RSA en prenant prétexte du « bouclier fiscal » et est capable de reprocher au gouvernement de mettre en œuvre des projets qui figuraient dans son propre programme.
Un livre qui ne vous laissera pas indifférent et nécessaire à tous ceux qui veulent nourrir une réflexion mesurée sur le devenir de notre société, au moment où le bras de fer pour la réforme des retraites va s’engager.
Martin Hirsch a été, entre autre, membre du cabinet de Bernard Kouchner à
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