Exercice difficile, suivi
par 8 millions et demi de nos concitoyens, auquel s’est livré hier soir le chef
de l’Etat : celui de relier une politique par nature générale à des cas
particuliers vécus au quotidien par nos compatriotes. Il ressort tout de même
une conviction que le cap doit être maintenu si on veut en tirer les fruits,
masqués ou retardés par la crise exceptionnelle que nous venons de vivre. La
durabilité de l’équipe gouvernementale fait partie de la cohérence des réformes
menées de front « parce que tout se tient ». Et les exemples que le
Président choisit, lycée, université, crédit-recherche, en sont une bonne
démonstration. Mais évidemment, il n’était pas là pour sortir son bloc-notes et
trouver des solutions précises aux problèmes personnels de chacun de ses
interlocuteurs sinon à les rapprocher de la politique menée dans laquelle ils
peuvent s’inscrire.
Cet exercice a ses limites.
On l’a bien vu quand Nicolas Sarkozy s’est retrouvé en face de cette femme dont
le revenu est légèrement supérieur au revenu médian, et qui de ce fait, échappe
à toutes les formes d’aides, aux déductions d’impôts, aux allocations diverses,
y compris aux heures supplémentaires que son employeur n’utilise pas. Comment
améliorer son revenu dans ces conditions ? Tout le problème de la classe
moyenne est alors posé : celui de ceux qui paient tout plein pot et qui ne
« touchent » rien. Autre limite, celle de la spontanéité à laquelle
notre Président a du mal à résister et qui le porte à s’engager sur une
solution dont on peut douter de la réalisation comme pour la titularisation de
ce prof’ vacataire qui vit de contrats précaires d’un an sur l’autre, formule
vieille comme le monde dans notre système éducatif. Comment passera-t-il outre
des sacro-saints concours qui la permettent ?
Mais la formule choisie par
TF1 a aussi ses mérites. D’abord celui d’un échange convivial propice à la
proximité et à la sincérité des expressions, aussi bien du président que de ses
interlocuteurs. Même quand le ton s’échauffe avec le syndicaliste CGT de
service. Elle permet aux personnes présentes de faire remonter des
préoccupations vécues et à Nicolas Sarkozy de montrer qu’il n’en est pas si
éloigné, bref que le pouvoir ne l’isole pas. Au fil de la soirée tous les
sujets importants ont été abordés, du chômage des jeunes à celui des séniors,
le soutien à l’activité économique, les banques, la fonction publique, la santé
et bien sûr les retraites. Même si convaincre n’est pas le but ultime, ils
permettent de montrer le bien fondé des réformes engagées et des efforts
poursuivis, d’éclairer le choix du « travail » plutôt que celui de
« l’assistance ».
Au terme de l’émission il
restera le sentiment que le Président de la République est certes accablé de
problèmes mais en même temps qu’il est bien en charge de l’essentiel et qu’il
fait face. Il y a bien un pilote dans l’avion !
Quant aux critiques qui ont
suivi, elles sont tellement convenues qu’elles auraient pu être écrites avant
l’émission.
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