La bonne vieille fusée
européenne souffle ses trente bougies et connaît un succès qui ne se dément
pas. C’est une vraie réussite que le « vieux continent » peut mettre
à son actif et qui nous fait la démonstration que la mise en commun des
énergies et des moyens permet de tailler des croupières aux autres grandes
puissances.
Cela n’a pas été sans mal,
ni revers. Tout le monde se souvient des lancements ratés. Projet complexe s’il
en est, Ariane est née au milieu des années 70 au moment où le marché de l’espace
était totalement entre les mains des Américains. Partir à l’assaut d’un tel marché était assez
audacieux. Tenaces, les Européens les ont rattrapés puis dépassés, alors qu’ils
se repliaient sur leur segment militaire.
C’est une incontestable
victoire technologique et commerciale construite sur la durée et qui nous prouve
que l’Europe politique et industrielle est capable, quand elle veut bien s’en
donner les moyens, d’investir sur le long terme et de réussir. Bien évidemment,
il faut poursuivre sur la lancée (si je puis dire) avec la préparation d’Ariane
6, mais aussi en investissant dans l’énergie, l’aéronautique (les ratés de l’A 400 M montrent qu’il y a du
pain sur la planche), l’automobile… Tous ces secteurs pour lesquels l’Europe a
une technologie et les moyens de tenir
sa place sur l’échiquier mondial, d’autant plus avec les évolutions qui se
dessinent.
Mais cet esprit européen
semble s’être essoufflé. Il a besoin d’un renouveau que le Président français essaye
de lui insuffler avec la chancelière allemande. Le bras de fer n’est plus
seulement entre le vieux et le nouveau continent, il s’élargit à l’Asie avec la
montée en puissance de la Chine, à laquelle il faudra à court terme ajouter l’Inde
et la Russie…. Des pays qui possèdent des bataillons serrés d’ingénieurs
disposant maintenant de moyens et de vastes marchés domestiques.
Si l’Europe veut, l’Europe
peut. A l’aube de ce 21ème siècle, Ariane reste un modèle exemplaire
dont elle doit pouvoir s’inspirer pour montrer au monde qu’il faudra encore
compter avec elle. Une politique industrielle européenne est non seulement
nécessaire mais indispensable.
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