UN PARCOURS SEME D’EMBUCHES
10 juin 2009
Vendredi dernier, le Sénat en a enfin fini avec le vote
de la loi de réforme de notre système de santé. De substantielles modifications
y ont été apportées, qui en modifient sérieusement le contenu sans en altérer trop
l’essentiel de l’esprit. Car l’hôpital a toujours du mal à admettre qu’il coûte
cher à la collectivité. On peut imaginer que Roselyne BACHELOT se serait bien
passée de la fronde orchestrée par des mandarins en mal de pouvoir, alors qu’ils
n’avaient pas bronché au moment du vote de l’Assemblée nationale.
Il faut
dire que le parcours de la loi « Hôpital, patients, santé, territoires »
a cumulés les handicaps. D’abord, la procédure d’urgence retenue par le
gouvernement, qui implique un seul vote par chaque assemblée, rend le vote des
députés moins décisif que celui des sénateurs qui intervient en second. Ensuite,
le Sénat n’a commencé à examiner le projet que le 12 mai, alors qu’il avait été
adopté par l’Assemblée le 18 mars : huit semaines qui ont laissé le champ
libre à la contestation. La faute en revient à la mise en application de la révision
constitutionnelle. Ainsi les députés ont examiné le texte sous l’ancien régime
et le Sénat sous le nouveau. Or, la réforme implique que c’est la version d’un
projet de loi adopté en commission, et non plus celle du gouvernement, qui est
discutée en séance et prévoit la présence du gouvernement à toutes les étapes
de la procédure législative, de la présentation du texte et des amendements en
commission jusqu’au vote. La loi HPST essuie les plâtres de la nouvelle
procédure législative.
Les députés
en ont été agacés, et même se sentent floués. Ne serait-ce que parce que la
réforme des CHU, qu’ils n’ont pas examinée, a été introduite par un amendement
au Sénat et intégrée au projet de loi. Et la haute assemblée semble avoir
profité de la situation pour conforter
son pouvoir. Elle a surtout démontré sa perméabilité à l’influence de certains
lobbies médicaux bien implantés dans ses murs. Le pouvoir des directeurs d’hôpitaux
en a pris un coup dans l’aile au passage, avec un rééquilibrage au profit de la
commission médicale. Mais heureusement, la Ministre a réussi à sauver ses « agences
régionales de santé » qui constituent la véritable charpente de la
réforme en fédérant tous les acteurs de santé d’un territoire.
Il n’empêche, les arbitrages qui ont dû être rendus, certains par le Président lui-même, ont affaibli quelque peu la portée d’une loi pourtant intelligente. Reste à la commission mixte paritaire Assemblée-Sénat de parvenir à un accord à partir de deux textes sensiblement différents. Il n’est pas impossible, si les navettes s’éternisent, que le gouvernement ne demande aux députés de trancher. Ils auraient alors le dernier mot. Et les élections sont passées…
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