MATRAQUAGE TOTAL !
14 mars 2009
On matraque
TOTAL tous azimuts, mais TOTAL se matraque elle-même !
La première
réflexion qui vient à l’esprit est du genre : « Manque pas d’air ! ».
A juste titre, l’annonce de notre société pétrolière, fleuron de l’économie française,
de supprimer 555 postes, même s’il ne s’agit pas de licenciements secs, après
avoir publié des bénéfices sans précédents, a de quoi susciter l’indignation. L’émotion
a été suffisamment forte pour que même notre jeune Ministre de l’emploi,
Laurent WAUQUIEZ, joigne sa voix au concert des condamnations véhémentes.
Certains
médias qui cultivent leur hostilité quotidienne à l’économie de marché, fût-elle
sociale, ne se sont pas privés de hurler avec les loups. Les spécialistes du
misérabilisme y sont allés de leur
couplet contre ces grandes sociétés qui ne pensent qu’aux « super-profits »
et qui oublient les salariés. On en regretterait presque de ne pas avoir cédé à
l’idée (stupide) de surtaxer ce type de gros bénéfice. Comme si les salariés seraient
mieux payés dans les entreprises au bord de la faillite. Et pourquoi pas la « nationalisation »,
hein ? C’est probablement le meilleur moyen de rendre cette entreprise
profitable en entreprise déficitaire.
Dans tous
ces commentaires, il est difficile de faire la part de ce qui relève de la
démagogie et ce qui tient d’une culture indigente en matière d’économie. La France
a tout intérêt à posséder des sociétés du calibre de TOTAL. Elles sont, quoi qu’on
en pense, une garantie pour l’emploi et une source de revenus importants pour l’état.
La suppression de 555 postes sur 5 ans, pour accompagner une restructuration
commandée par l’évolution de la demande, n’a rien de scandaleux, quand on sait
que dans le même temps, les millions d’€uros que l’entreprise va investir vont
créer plusieurs milliers d’emplois. C’est de la saine gestion pour une
entreprise de s’adapter pour rester en bonne santé. C’est pourquoi François
FILLON a rectifié le tir. Après le temps de l’émotion, le temps de la raison.
Il n’empêche.
La manière de Mr de MARGERIE n’y est pas. Avec son look de patron du 19ème
siècle, et sa moustache méprisante, il étale un manque de sens commun qui
relève du cynisme ou du manque de clairvoyance. Politiquement, la position de
TOTAL voisine avec le degré zéro. Cette société qui sent déjà le souffre avec les
pollutions de nos rivages, l’explosion d’AZF à Toulouse, sans parler de
quelques affaires obscures dans le passé, devrait tenir un peu plus compte des
réalités : c’est qu’il y a une crise. On ne peut pas dans un tel contexte
y être « totalement » indifférent. Cette entreprise occupe le tout premier rang
en France, et de surcroît joue un rôle stratégique en matière d’énergie, elle ne
peut donc pas se comporter comme une PME menacée de disparition. Elle a une
responsabilité politique et morale qu’aujourd’hui elle n’assume pas. On a envie
de lui crier : « Quoi, sur 14 milliards de profits, il n’y
aurait pas deux ou trois millions pour la paix sociale ? ». Nier la
crise sociale et la souffrance des salariés rongés d’inquiétude pour leur fin
de mois, c’est attiser la violence et nourrir l’exaspération.
TOTAL mérite
mieux. Ses patrons devraient veiller avec jalousie à sa réputation. On en est
bien loin ! On ne peut que le regretter.
Commentaires