SERVICES PUBLICS A LA FRANCAISE
11 février 2009
Les services publics à la Française, tels qu’ils sont sortis
de l’après guerre ont-ils vécu ?
Au lendemain de la 2ème guerre mondiale, la France
a choisi la voie des nationalisations pour reconstruire le pays. Celle-ci a
donné tous ses fruits pendant quarante ans. De fait, les PTT, la SNCF, EDF-GDF,
Air-France, etc… ont développé des services publics de qualité. Le courrier
acheminé rapidement, des trains ponctuels et rapides cités en exemple dans
toute l’Europe, une production et un réseau énergétiques qui ont complètement rempli
leur mission d’accompagnement d’une croissance forte.
Cela s’est fait aussi au prix fort : des agents protégés
par un statut aux multiples acquis, justifiés alors, souvent dépassés aujourd’hui et un monopole
qui les a habitués à un confort et des exigences produisant des déficits
comblés par le financement public.
Ce type de service public, il faut bien le dire, la France est
la seule en Europe à l’avoir développé et maintenu. Cette exception française
nous conduit aujourd’hui à des révisions déchirantes. La construction de l’Europe
nous impose un autre schéma auquel nous ne pouvons nous soustraire sans
enfreindre les clauses de concurrence obligatoire. Sauf à en sortir ! Convenons
que le remède serait pire que le mal que nous devons et pouvons soigner.
Des évolutions ont eu lieu. Ainsi Les télécommunications ont
été séparées de La poste, et privatisées, sans que le service public en soit moindre,
même si on a parfois du mal à s’y retrouver dans la concurrence… Ainsi EDF-GDF
ont été séparés et GDF a fusionné avec un grand groupe privé pour se renforcer
face aux autres grands producteurs et distributeurs européens. Ils ont à faire
ce que France-Telecom a su faire en créant « Orange » : s’adapter
au grand marché européen devenu le champ de chalandise.
A partir de janvier 2010, La Poste, la SNCF seront confrontées
sur notre territoire aux services que peut proposer DHL pour les colis et le
courrier, Véolia ou Air France pour le fret ou le transport de passagers par
rail. Elles n’y échapperont pas. Les adaptations sont urgentes. Déjà, Véolia
dispute le fret à la SNCF en assurant des services bien plus rapides, ce qui a
amené La SNCF à fermer plus de 50 points de fret, faute de clientèle
suffisante. En empêchant leur Patron de procéder aux évolutions nécessaires par
une grève à l’automne dernier, les cheminots se condamnent eux-mêmes à « regarder
passer les trains » au sens propre comme au sens figuré. Cela s’appelle se
tirer une balle dans le pied
Le même mal guette La Poste. Au cri de « halte à la casse du service public », on va droit dans
le mur. En Allemagne DHL a développé un réseau très dense de points de
livraisons très pratiques qui consistent en des bâtiments simples qui délivrent
automatiquement des timbres ou des
emballages pro-format et les colis enfermés dans des caissons, l’avis et le code d’accès
étant glissés avec le courrier dans votre boîte à lettre. L’alternative choisie par La Poste avec ses points
postes intégrés dans d’autres commerces a aussi ses avantages. Encore
faudrait-il en accélérer le développement. Et surtout, permettre à cet
établissement aujourd’hui public, de rivaliser à armes égales avec ses
concurrents privés, en lui permettant de lever sur le marché, les capitaux dont
il a besoin pour se mettre à la taille européenne. Là encore, les syndicats
mènent un combat d’arrière garde qui nuira à terme à leur propre emploi.
L’opposition sait bien tout cela. Au temps où elle était au pouvoir, elle a participé à la mise en place des traités qui produisent les directives qui entrent en application aujourd’hui, les échéances prévues étant arrivées. Aussi est-elle bien hypocrite de cautionner des revendications qu’elle aurait à combattre elle-même si elle était au pouvoir, tant il est illusoire d’imaginer pouvoir imposer au reste de l’Europe, notre conception ou notre originalité en la matière.
L'adaptation est urgente si on ne veut pas perdre le trésor de compétence acquis par ces entreprises nationales et qui peut, avec un peu de bonne volonté, être mis au service du reste de l'Europe.
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