LE NOUVEAU "BOVETHON"
04 janvier 2008
Faire la grève de la fin pour obtenir un vrai moratoire sur toutes les cultures OGM, c'est tout ce qu'a trouvé José BOVE, qui devrait dormir en prison, pour ameuter l'opinion publique et faire sa propagande aveugle. Comme moi, beaucoup de nos concitoyens ont du mal à y voir clair sur le sujet. A tel point qu'à force de coups médiatiques, de fauchages sauvages et de "mac-démolition", ils finissent par avoir une quasi-psychose de la consommation de produits contenant des produits génétiquement modifiés. On sait bien que l'agitateur public est en la matière un véritable iconoclaste et que le but qu'il poursuit n'a rien à voir avec les OGM. Il n'empêche, bien peu de voix s'élèvent pour protestercontre son action, tant le sujet a atteint une conotation négative.
Et pourtant, elle est bien instructive l'interview publiée par l'Ouest-France d'aujourd'hui. Le journaliste Philippe RICHARD y interroge M. Philippe JOUDRIER, qui a fait toute sa carrière à l'INRA, qui a été directeur de recherche en biochimie et génie moléculaire et qui est président du groupe d'experts chargé de l'évaluation des OGM à l'Agence Française de Sécurité Sanitaire (AFSSA). Pas rien quand même ! Il a signé avec 300 autres scientifiques une pétition s'opposant au moratoire sur les OGM.
Et qu'apprend-on ?
Que les spécialistes n'ont pas été invités aux discussions sur le sujet des OGM au "Grenelle de l'environnement" (la commission de génie biomoléculaire et l'AFSSA étaient absentes). Or, ce sont nos instances d'évaluation des OGM ! A propos du moratoire, il souligne que le problème peut-être politique ou idéologique, mais qu'il n'est pas scientifique "aucune semence n'est mieux contrôlée qu'un OGM mis sur le marché". Sur la crainte de la "contamination", il n'hésite pas à affirmer, exemple à l'appui, que "penser que le gène modifié d'un OGM va justement être celui qui va nous contaminer c'est une aberration biologique, et quand Greenpeace insiste pour faire labelliser OGM des bêtes qui consomment des OGM, c'est parfaitement ridicule".... C'est un savant biologiste qui l'affirme, pas un charlatan. Sur le risque de contamination il est aussi explicite :" le terme de contamination donne l'idée de souillure... On peut, par contre parler de dissémination. On sait la mesurer. Le pollen ne peut féconder qu'une espèce biologique très proche. Et là aussi des énormités sont dites. Un grain de pollen de maïs ne vit que deux heures. Même s'il est emporté en haute altitude et retombe beaucoup plus loin, il sera inactif...". Et quand on sait que depuis un demi siècle les maïs cultivés ne sont jamais resemés...
Quant au besoin des OGM, il ne manque pas d'arguments non plus, appuyés sur la connaissance scientifique et non sur des suppositions. Avec la rigueur du scientifique, il n'hésite pas à affirmer aussi : "On ne peut pas tout faire avec les OGM" tout en considérant que "la transgénèse reste la méthode la plus fiable de sélection des plantes".
Qui faut-il croire, le batteleur ou le savant ? Dans notre société d'hypermédiatisation, ce n'est pas le plus intelligent qui saura forcément le mieux convaincre. Puissent nos gouvernants avoir la sagesse de ne pas céder à la pression d'un lobby très habile dans la manipulation de l'opinion publique.
Et prendre la bonne décision, celle que l'expertise scientifique commandera ! Après tout, José BOVE peut bien maigrir un peu, "ça lui f'ra pas d'mal !"
Il en va aussi de l'avenir de notre recherche en la matière et de la place qu'elle occupe sur la scène interantionale. Cela n'est pas rien non plus ! Sauf à vouloir sa "délocalisation" ?
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