DECALAGE
09 février 2007
Plus de 5000 Français ont été interrogés par l'IFOP pour une enquête du CEVIPOF sur leurs préoccupations, leur état d'esprit et leurs attentes. Curieusement les trois préoccupations majeures restent les mêmes : l'emploi, les inégalités et la hausse des prix. Curieusement, en effet, parce qu'elles se trouvent en décalage avec la réalité, tout comme le niveau d'optimisme sur l'évolution économique qui est en recul...
L'emploi : le chômage recule. C'est un fait avéré. Et il va continuer de reculer par le simple jeu de la démographie entre les actifs et les départs en retraite. Si la croissance se maintient quelque peu, le seuil des 8% pourrait être franchi à la baisse dans les neuf prochains mois. Il faudra alors s'attaquer à "l'effet précarité" pour le faire reculer.
Les inégalités : quelques annonces bien médiatisées peuvent renforcer ce sentiment. Pourtant, toutes les statistiques démontrent que les inégalités ne se sont pas accrues au cours des vingt dernières années, au contraire. L'étude de l'évolution des salaires nets de 1975 à nos jours montrent un resserrement du ratio entre les 10% de ménages aux salaires les plus élevés et les 10% les plus mal lotis de 3,5 à 3. Même constat pour le ratio classes moyennes/mal lotis*. Les ratios qui mesurent les niveaux de vie moyens font les mêmes constats. Enfin si l'on compare la France aux autres pays européens, les inégalités ne sont pas franchement marquées en France plus qu'ailleurs. Chiffres à l'appui !
La hausse des prix : l'Euro a le dos large. tout le monde est persuadé que tout a augmenté depuis sa mise en place. L'inflation est maîtrisée (peut-être trop bien, même) mais l'opinion pense quand même qu'elle est plus rapide que celle qui est mesurée. On peut remettre en cause le thermomètre qui mesure l'évolution des prix, cela ne changera rien parce que le sentiment de hausse est surtout lié à ce que l'on consomme chacun. Là encore, le trompe l'oeil peut venir de la stabilité des salaires imposées par l'application des 35 heures, la multiplication des temps partiels qui donne des salaires "discontinus", les augmentations à fort impact pyschologique comme le marché de l'immobilier ou les carburants... Beaucoup de facteurs subjectifs que l'indice de l'insee ne prend pas en compte.
La vérité, c'est qu'avec le discours misérabiliste permanent et tonitruant, les Français dépriment. Nous sommes des citoyens "sous influence" : celle des médias qui privilégient constamment les mauvaises nouvelles sur les bonnes. Les trains qui arrivent à l'heure n'intéressent personne. Cela gâche quelque peu le redressement amorcé et l'embellie économique. Alors entre le discours volontariste de SARKOZY et celui de "guerre aux riches" de Ségolène ROYAL, lequel des deux redonnera aux Français le moral et l'envie d'y croire ?
* le seul moment où les inégalités se sont légèrement accrues se situe entre 1983 et 1993, une période où les socialistes ont été au pouvoir 8 ans sur 10, constate Jacques Marseille.
Commentaires