Le bloc-notes de Daniel Houlle

C'est un exercice difficile auquel le Président de la République est confronté : réussir sa sortie. Qu'il veuille rester Président jusqu'au terme de son mandat, personne ne le conteste. Qu'il fixe au gouvernement la mission de travailler jusqu'au bout, quoi de plus normal ? Mais qu'il entende peser dans la campagne électorale, c'est un point qui prête à discussion. S'il s'agit de soutenir le candidat de l'UMP, parti qu'il a voulu de toutes ses forces, il faudra que ses interventions soient en résonnance avec le projet et la ligne choisie. A quel titre pourrait-on lui contester un engagement et le droit de fixer les enjeux ? Tout simplement parce que la série de cérémonies de voeux à laquelle il vient de se livrer lui a permis d'exprimer des propositions et des choix qui jusqu'à maintenant n'ont pas produit les effets escomptés. Son impopularité actuelle est liée, non à ses discours, mais aux faits : la lenteur des réformes, le recul de la France, le taux de chômage, les déficits publics, la dette, la perte de compétitivité de nos entreprises, et aux résultats : l'électorat de droite reste sur les deux défaites cuisantes des élections régionales et du référendum sur l'Europe. C'est pourquoi, faire des propositions pour corriger ce qui n'a pas été réalisé peut être facilement exploité par l'opposition et est de nature à gêner Nicolas SARKOZY. On sait qu'il y a un désaccord avec le thème de la rupture. Mais peut-on se contenter "du changement dans la continuité" préconisé par Giscard il y a trente ans et repris par Dominique de Villepin, alors qu'on assiste à la force et à la rapidité des bouleversements qui touchent le monde et que la France perd pied ! Le suspense qu'il veut entretenir sur une éventuelle nouvelle candidature ne tient pas : 81% des Français n'en veulent pas, voilà pour l'intérêt général. Il lui reste à faire gagner son camp, voilà pour la passion de la France.

Pour réussir sa sortie, la porte est étroite, et, reconnaissons-le, le personnage a une sacrée carrure !