OH LA, OLIN !
24 novembre 2006
La Ministre de l'Ecologie et du Développement Durable vient inaugurer le parcours de tri et recyclage mis en place dans le centre de valorisation énergétique de Lasse, autrement dit, elle vient cautionner par sa présence la filière de traitement par l'incinération. J'ai été partie prenante de l'action menée par le "Collectif Incinér'àtort" et cette venue me choque. Je vous livre quelques extraits de la lettre ouverte que le Collectif lui envoie pour l'occasion. J'en partage toutes les préoccupations.
"Le Collectif « Incinér’àtort », rassemblant des citoyens de tous horizons, s’est créé pour s’opposer à la construction d’un nouvel incinérateur d’ordures ménagères dans l’agglomération angevine. Il persiste dans son opposition à toutes nouvelles installations de ce type. L’incinération est un procédé qui reste polluant, dont la logique de fonctionnement repose sur une absurdité technique, qui produit 30 % de déchets en mâchefers et résidus de filtres, qui voit son coût de fonctionnement en constante augmentation et qui obéit à une logique financière profitable mais contestable, car elle est ensuite financée par le contribuable... Même à Lasse sa logique financière est contestable : l’incinérateur est un produit de rêve pour un industriel. Il rapporte à tous les niveaux de son fonctionnement au prestataire. Celui-ci détient la plupart du temps toute la filière : construction, mise en œuvre, maintenance, traitement des refioms, stockage des ultimes, collecte et camionnages divers... Le dimensionnement de ses fours pose toujours le problème de l’approvisionnement à hauteur de leur capacité maximale: les vides de fours doivent être comblés par des gisements de proximité ou plus lointains. La politique de réduction des déchets et de recyclage du SIVERT impose à l’incinérateur de Lasse un approvisionnement complémentaire sur six départements alentours. Les pollutions générées par les milliers de kilomètres de transport en camion aggrave entre autre l’effet de serre, et ce ne sont pas les kWh produits par l’incinération qui peuvent les justifier. Quand on ajoute que tout incinérateur n’a aucune flexibilité, que son installation est figée pour au moins trente ans, que son « PCI » le rend gourmand en déchets recyclables comme les cartons ou les plastiques, il est clair que son installation ne contribue jamais à la réduction des déchets, même quand il est précédé d’un centre de tri sélectif.
Cela va à l’encontre du développement durable.
La nécessité de le perfectionner constamment montre son inadaptation à l’objet auquel on le destine.
C’est un outil du XXème siècle, dépassé dans le contexte actuel, alors que des alternatives « durables » existent et sont utilisées partout en Europe.
Aussi, nous nous interrogeons sur votre présence qui cautionne ce type d’investissement. La valeur symbolique de cette démarche va à l’encontre de tous les efforts que vous déployez par ailleurs pour sensibiliser nos concitoyens à la prévention et au tri. Elle prend une résonance particulière au moment où le programme « REACH » est sur le point d’être voté au Parlement européen.
Le Collectif Incinér’àtort vous prie de bien vouloir agréer, Madame la Ministre, l'expression de sa très haute considération."
Elle a fait très fort "notre" ministre ! Elle vient à Tiercé sans même me passer un coup de fil... La politesse républicaine se perd. Je serai néanmoins là pour l'accueillir mais me garderai bien d'aller à Lasse : que les amis d'Incinér'àtort se rassurent
Roselyne BACHELOT
Rédigé par : Roselyne BACHELOT | 25 novembre 2006 à 10:14