QUE RESTE-T-IL DE LA REFORME DES RETRAITES ?
14 janvier 2020
Je reviens sur le sujet pour apporter quelques précisions qui montrent bien le coup d’épée dans l’eau macronien. C’est Marc Fiorentino, dans son billet quotidien qui nous résume parfaitement la situation avant que le texte n’arrive au Parlement où il va encore subir quelques retouches, dans le mauvais sens, forcément, puisque les REM de gauche font le forcing.
Une vraie fausse réforme !
Cette réforme des retraites n’en est pas une. Les mesures qui seront adoptées prendront effet tellement tard que de nouveaux présidents ou de nouveaux gouvernements auront le loisir de les annuler. Elle ne prendra réellement effet qu'en 2037. D'ici là... Le plus frappant, c'est le maintien de fait, des régimes spéciaux, avec des régimes « spécifiques » pour les policiers, le personnel de l'aviation, les danseurs de l'Opéra, la SNCF, la RATP... bref tous les régimes spéciaux.
Que retenir ?
Le changement, c’est la mise en place du système par point. Les assurés nés à partir de 1975 toucheront tout ou partie de leur retraite dans le nouveau système, à leur départ à la retraite en 2037, donc. Tous les cotisants se constitueront un capital de points. Chaque euro cotisé donnera droit à des points. Ces points verront leur valeur évoluer en fonction du « revenu moyen par tête ». Au-dessus d'un certain revenu, pour l'instant 120 000€, mais on peut s'attendre à ce que ce seuil soit régulièrement baissé, on cotisera sans créer de droits à la retraite. À l'inverse, la pension minimum sera de 1000€ en 2022, soit 82% du SMIC, et passera à 85% en 2025.
Une réforme de gauche.
Mais c’est bien une réforme de gauche, sociale-démocrate, bien égalitaire pour les salariés qui n’entrent pas dans les catégories « spécifiques », et redistributive à souhait puisque ce sont les revenus les plus élevés qui sont perdants au profit des plus « fragiles ». Même si le projet ne dit pas, pour l’instant, comment l’équilibre financier est obtenu ! D’autant plus que garantir la valeur du point indépendamment de la situation économique et démographique, c’est se contraindre à mettre en œuvre des mesures d’âge uniformes qui font perdre une grande partie de l’intérêt d’un système par points. Les partenaires sociaux sont donc condamnés à se mettre d’accord avec le gouvernement sur des mesures d’âge ou sur des moyens d’augmenter les recettes.
Conclusion.
Le gouvernement a fait une énième concession en supprimant l'âge pivot. La retraite devait être « universelle ». Elle ne l'est pas. Elle devait repousser l'âge de départ à la retraite, comme dans tous les pays développés. On reste à 62 ans. Elle devait permettre l'instauration de la retraite par points. C'est repoussé aux calendes grecques. Faute de mesure d’âge, il faut néanmoins trouver autour de 12 milliards d’euros pour équilibrer les comptes d’ici à 2025, c’est-à-dire demain. Et comme toujours, au final, avec Macron, ce sont les mêmes qui seront sollicités pour équilibrer les comptes : les aisés qui ont plus de 2 000€ mensuels de revenu. En attendant on tremble de connaître l’addition finale car les multiples concessions vont coûter très cher et on tremble encore plus à l’idée que c’est finalement le génie fiscal de Bercy qui va nous pondre les bonnes mesures lors de la conférence sur le financement des retraites. On parie sur qui va payer : les aisés, les banques, le capital,… Le principe d’universalité ne perdure qu’à travers ce qui est en fait une étatisation du régime des retraites, autre marqueur de gauche.
Donc, pas universelle et injuste en plus !
Un conseil : commencez ou continuez à constituer votre retraite PAR CAPITALISATION, car la retraite par répartition, qui n’assurera au mieux qu’un remplacement de 50%, ne sera plus pour vous qu'une retraite complémentaire. Alors je pose la question aux gens de droite dont les sondages disent qu’ils soutiennent le gouvernement et sa réforme : vous allez être myopes jusqu’à quand ?
En attendant, Philippe va continuer d’afficher sa « fermeté » : la réforme ira jusqu’au bout … de rien. Pitoyable !
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