ALERTE : LES ECRANS VONT FAIRE DE NOS ENFANTS DES CRETINS !
15 janvier 2020
« La consommation récréative du numérique sous toutes ses formes (smartphones, tablettes, télévision, etc…) par les nouvelles générations est absolument astronomique… Entre 8 et 12 ans, ils passent à peu près 4h45 (chaque jour). Entre 13 et 18 ans, ils effleurent les 6h45. »
C’est sur ce constat que débute le livre de Michel Desmurget « LA FABRIQUE DU CRETIN NUMERIQUE ». L’auteur est directeur de recherche en neurosciences à l’Inserm. Il a passé trois ans à éplucher toute la littérature scientifique qui existe sur le sujet et son constat est sans appel : on court à la catastrophe. La consommation actuelle de nos jeunes, et souvent dès deux ans, saborde tous les piliers de notre intelligence avec comme résultat un affaissement du QI et de nombreux autres effets nocifs. L’article que je vous propose est un peu long, mais la matière est dense (400 pages), même synthétisée. Et je n'ai fait qu'effleurer le sujet...
Rétablir la vérité.
Le chercheur se fixe comme premier objectif de démolir toute la propagande véhiculée par les pseudos experts médiatiques qui semblent se féliciter de la situation et selon lesquels nous aurions changé d’ère et le monde appartiendrait désormais aux « digital natives » dont le cerveau aurait muté. Un cerveau plus rapide, plus réactif, plus apte aux traitements parallèles, plus compétent à synthétiser d’immenses flux d’informations, plus adapté au travail collaboratif. Et ces évolutions représenteraient une chance extraordinaire pour l’école, pour refonder l’enseignement, terrasser l’échec scolaire… La réalité est toute autre. Les études scientifiques viennent malheureusement infirmer le discours des charlatans du numérique. La recherche met en lumière une longue liste d’influences délétères chez l’enfant et l’adolescent. C’est pourquoi Michel Desmurget s’attache d’abord, preuves à l’appui, à démonter tous les discours offerts au grand public pour le rassurer et le pousser à consommer de l’écran. Car la partie n’est pas gagnée. Il faut d’abord en finir avec « l’enfant mutant » : « si vous voulez voir à sapiens un successeur, revenez dans quelques millions d’années ». Il faut combattre ceux qui sèment le doute en présentant les savants comme des « alarmistes digitaux ». Il faut expliquer que science et opinion ne se valent pas…
Le mythe : homo mediaticus.
La première partie de l’ouvrage est consacrée au démontage précis et méthodique de la construction du mythe. Comment il s’est répandu en faisant croire à l’émergence d’une génération différente, possédant un cerveau plus développé, et vantant le caractère formidable des écrans. Ces « contes et légendes » ne tiennent pas. L’enfant mutant du numérique, de la confrérie X, Y, Z, lol, zappien ou C, que son aptitude à taquiner le smartphone aurait transformé en omnipraticien des nouvelles technologies, qui grâce aux jeux vidéo aurait vu son cerveau prendre force et volume, cet enfant n’est qu’une légende. Aucune étude scientifique ne valide une telle évolution. Le problème n’est pas résolu pour autant. Son image continue à hanter les croyances collectives. Comme pour les industriels, le problème est tout de même sérieux, ils dépêchent sur le terrain et dans les médias les « experts ». Il faut alors dénoncer les conflits d’intérêts, combattre les verbiages creux et les réponses fumeuses, et s’attaquer à tous ceux qui entretiennent le doute. Le constat est sans appel : « nombre d’experts médiatiques parmi les plus importants présentent une stupéfiante capacité à collectionner les âneries, sornettes, revirements, approximations et contrevérités » nous dit Michel Desmurget. Pour le citoyen lambda il est très difficile d’isoler les sources compétentes des foyers impropres et lobbyistes. Et au bout du compte les petits soldats du numérique, psychiatres, psychologues, médecins, universitaires, continuent, sous couvert d’expertise, sans jamais avoir à expliquer leurs sujétions industrielles, à emplir l’espace collectif de leur affligeante propagande. Ainsi des études boiteuses à la méthodologie coupable, font croire que les loisirs numériques n’affectent pas les performances scolaires, que les jeux vidéos améliorent les résultats scolaires, et même qu’il y aurait moins de crimes grâce aux jeux vidéos violents. Toutes ces errances se combinent pour installer un mythe bien éloigné des dures réalités scientifiques.
Homo numericus : la réalité est loin du mythe.
La génération contemporaine est bien « la plus bête ». Les écrans sont mauvais pour le développement cérébral. Les nouvelles technologies mettent le cerveau dans une situation permanente de multitâche pour laquelle il n’est pas conçu… Bien plus grave encore le numérique à l’école est un désastre, un canular à 60 milliards de dollars qui n’améliore pas les résultats des élèves. Ce qui explique que les fameux « geeks » soient nombreux à inscrire leur descendance dans de coûteuses écoles privées dépourvues d’écrans, comme l’admet l’un de ces visionnaires de la Silicon Valley. Michel Desmurget analyse le problème en le prenant à la racine : le constat des usages abusifs trop répandus.
L’imprégnation se fait dès l’enfance alors que les premières années d’existence sont fondamentales en matière d’apprentissage et de maturation cérébrale, amputant l’enfant d’un certain nombre de stimulations et expériences essentielles très difficiles à rattraper.
Suit la période 8-12 ans de l’amplification : le temps passé aux activités numériques, essentiellement des jeux et des vidéos, dépasse quotidiennement les 4h30. La généralisation des smartphones entraîne une vraie submersion au moment de l’adolescence poussant la consommation au-delà de 6h30/jour… 40% du temps normal de veille. Sur une année, les écrans absorbent autant de temps qu’il y a d’heures cumulées d’enseignement du français, des maths et des SVT durant tout le secondaire. Ces chiffres ne sont que des moyennes d’usage. Il est évident qu’avoir plusieurs télés, consoles, smartphones ou tablettes à la maison favorise la consommation, et ce d’autant plus que la chambre est concernée.
Le milieu familial devrait au contraire limiter l’accès et donner l’exemple. La consommation n’est pas inéluctable : les études démontrent que fixer des règles ça marche, à condition de réorienter les activités. D’autant plus que l’impact préjudiciable des écrans récréatifs sur la santé et le développement cognitif surgit bien en deça des seuils d’usages moyens observés.
Ecrans et résultats scolaires ne font pas bon ménage.
L’auteur aborde ensuite les répercussions sur la réussite scolaire pour souligner le danger. La littérature scientifique démontre de façon claire et convergente un effet délétère significatif des écrans domestiques sur la réussite scolaire, indépendamment du sexe, de l’âge, du milieu d’origine. A cet égard, le « smartphone » se révèle être le Graal des suceurs de cerveaux et de la décérébration : plus ses applications deviennent intelligentes, plus elles se substituent à notre réflexion et plus elles nous conduisent à devenir idiots.
L’utilisation du numérique à l’école, n’est guère plus convaincante. Pour faire court, la technologie peut permettre d’optimiser un enseignement de qualité, mais elle ne pourra jamais pallier un enseignement de piètre qualité. On comprend pourquoi toutes les expériences de « classes sans profs » ont échoué. Il est infiniment plus astreignant d’apprendre avec un MOOC qu’avec un enseignant qualifié, sans parler du danger que présentent les algorithmes qui se soucient comme d’une guigne de la validité des résultats, incapables qu’ils sont de s’interroger sur la rigueur factuelle des contenus identifiés. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus les Etats investissent dans les TICE, plus la performance des élèves chute. A la différence d’un prof, un ordinateur ne peut pas sourire, accompagner, guider, encourager, stimuler, rassurer, émouvoir ou faire preuve d’empathie, qui sont les éléments essentiels de la transmission et de l’envie d’apprendre.
Une intelligence entravée.
Les résultats scolaires ne sont que la partie visible de l’iceberg des effets néfastes. Ce qui est atteint c’est l’essence même de l’édifice humain en développement, depuis le langage jusqu’à la concentration en passant par le mémoire, le QI, la sociabilité et le contrôle des émotions. Une véritable agression silencieuse. Les écrans mutilent les interactions humaines si importantes au cours de l’enfance et de l’adolescence notamment pour la réussite scolaire, la stabilité émotionnelle et la prévention des conduites à risque. Une étude récente montre l’action négative du temps global d’écran sur le développement moteur, social et cognitif. Le langage est amputé ; il demande bien plus que des paroles pour assurer son déploiement : il demande des livres. L’attention est saccagée. Sur ce point les résultats sont accablants. Un exemple : la pratique de la télé ou des jeux vidéos, le matin, avant l’école, altère durablement les capacités de concentration et par suite la performance intellectuelle.
Une santé menacée.
Les médias électroniques doivent être reconnus comme un problème majeur de santé publique, souligne la communauté scientifique. La liste des champs touchés paraît sans fin : obésité, anorexie ou boulimie, tabagisme, alcoolisme, toxicomanie, violence, sexualité non protégée, dépression, sédentarité… Bref, les écrans sont les pires faiseurs de maladies de notre temps.
Le sommeil est brutalement mis à mal, oubliant que pendant que nous dormons, notre cerveau travaille. Or, le manque de sommeil perturbe la réactivité et la connectivité des circuits cérébraux impliqués dans la gestion des émotions. Et les écrans portent une large part de responsabilité : ils retardent l’heure du coucher, augmentent la latence d’endormissement, interrompent souvent la continuité de nos nuits, et altèrent la qualité du sommeil par les contenus excitants, stressants ou anxiogènes. Ainsi les scientifiques ont établi un lien étroit, au sein des jeunes générations, entre consommation numérique et souffrance psychique (dépression, anxiété, mal-être, suicide…).
La sédentarité que la consommation d’écrans engendre a aussi son cortège d’effets dévastateurs. Chez les enfants, une heure quotidienne d’écran suffit à perturber le système cardio-vasculaire. Des indices convergents indiquent des risques plus inquiétants sur le long terme. Ainsi, l’augmentation impressionnante du nombre d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) depuis une trentaine d’années chez le jeune adulte. Je passe sur le lien avec le développement des addictions : tabagisme et alcoolisme. Un quart de nos lycéens de 16 ans boivent régulièrement et se saoulent une fois par mois au moins.
Pour en sortir : 7 règles essentielles.
1 - Avant 6 ans : pas d’écrans.
2 - Après 6 ans : pas plus de 30 mn à une heure par jour, tout compris.
3 - Pas d’écran dans la chambre.
4 - Pas de contenus inadaptés.
5 - Pas le matin avant l’école.
6 - Pas le soir avant de dormir.
7 - Un écran à la fois.
Moins d’écrans, c’est plus de vie : c’est toute l’écologie familiale qu’il faut réorganiser. Parler, échanger, dormir, faire du sport, jouer d’un instrument de musique, dessiner, peindre, sculpter, danser, chanter, prendre des cours de théâtre, et surtout lire.
A vous de jouer, vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas !
Bon courage.
Une satisfaction, l’info commence à sortir : « Le Point » traite du sujet, c’est déjà ça !
La fabrique du crétin numérique - Michel Desmurget - Editions du Seuil.
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