HISTOIRE
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LA FAUSSE BONNE CROISSANCE.

BREXIT OU BORDEXIT ?

May 2018

 

Excusez-moi, mais ce Brexit, c’est le « bordel » ! 

Surtout chez nos amis du Royaume-Uni !  C’est à croire qu’ils ne savent plus où ils habitent !  Voilà une classe politique qui mériterait un bon coup de pied  au cul de la part du peuple, toutes tendances confondues, car  il n’y en pas  un pour racheter l’autre. Car le feuilleton absolument délirant du Brexit continue. Le Parlement la semaine dernière a donc voté « contre le deal » du Brexit présenté par une Theresa May opiniâtre, puis « contre le no-deal », et enfin pour  « la demande d'un délai ». Un délai pour faire quoi? Personne ne le sait, même pas le Parlement du Royaume-Uni. Encore plus délirant : Theresa May, têtue, avait projeté de représenter pour la 3ème fois le « projet de traité » rejeté deux fois, en espérant que la crainte d'un « no-deal Brexit » pousse les députés à l’adopter. Mais voilà, John Bercow, le « speaker » du Parlement, a exclu un nouveau vote sur le même accord  en invoquant une règle datant de 1604 qui interdit de remettre au vote le même texte de manière répétée lors de la même session parlementaire. Un nouvel accroc, un de plus, pour Theresa May, mais qui lui évite peut-être le suprême ridicule d’un désaveu une nouvelle  fois massif.

Du grand n'importe quoi.       

La Chambre des Communes a rejeté massivement par 391 voix contre 242 l’accord conclu entre la Première ministre britannique et la Commission de Bruxelles. Cet accord aurait permis à la Grande-Bretagne de sortir de l’Union européenne en évitant les difficultés majeures, à la fois politiques et commerciales, du Brexit. On a alors été témoin d’un spectacle  imprévu à voir la stupéfaction, le désarroi, la décomposition de Mme May lors de l’énoncé du résultat du scrutin,  véritable  révélateur de ce qu’on  pourrait appeler une crise aiguë de civilisation. La majorité hostile à l’accord est composée de deux types d’élus : ceux qui souhaitent le Brexit avec tant d’ardeur qu’ils se méfient des dispositions qui en atténuent les conséquences les plus dommageables, un peu comme s’ils recherchaient un absolu de souveraineté tellement  pure qu’ils accepteraient  d’en souffrir pendant des décennies ; et ceux qui haïssent toute la procédure anti-européenne consécutive au référendum prononçant le Brexit et tentent de démontrer qu’elle conduit leur nation à la catastrophe. La Première Ministre semble avoir totalement sous-estimé le clivage profond qui divise les conservateurs au-delà, probablement, de tout raccommodage, pas plus qu’elle n’a pris la dimension de la dérive de la gauche anglaise.

Dogmes partisans et querelles intestines.

Les députés britanniques votent avec un raisonnement perverti par les passions partisanes.  Il  y a longtemps qu’ils ne votent donc plus dans l’intérêt du peuple.  Depuis l’initiative malencontreuse d’un certain John Major !  Comme le pensent les Européens, l’Union est devenue l’otage de la politique intérieure britannique. Mais quand on analyse la situation d’un peu plus près, il  y a de quoi être surpris par les contradictions invraisemblables contenues dans le comportement des élus. Les Brexiters ont voté contre le Brexit, les anti-Brexiters ont voté pour le Brexit le plus dangereux et le plus dommageable. La situation se complique avec l’état des lieux politique : les Tories se sont soulevés en partie contre Thérésa May ; ils ont cent fois, en moins de trois ans, démontré leur impuissance et leur incohérence, multipliant inlassablement les calculs qui les ont littéralement conduits au bord de l’abîme. Les travaillistes, menés par le sombre et indescriptible Jeremy Corbyn, à qui le hasard offrait une cause toute faite, celle de la réparation du mal infligé au Royaume-Uni par l’impéritie des conservateurs, n’osent même pas dire qu’il sont contre le Brexit. Il existe en effet un danger, pour un leader socialiste, à se prononcer en faveur d’une Union européenne capitaliste dont il souhaite la réforme en profondeur. Comme si le respect des dogmes partisans avait plus d’importance que l’avenir du pays.

Il n’y a plus de May !

La  vaillante Theresa va se présenter une fois de plus devant les européens, mais cette fois avec les mains vides,  pour demander un report du Brexit, conformément au dernier vote des Communes.  En absence de causes réelles et sérieuses, il y a peu de  chances qu’un nouveau délai soit accordé. Michel Barnier a en effet déclaré que l'Union Européenne n'était pas décidée à accorder un délai à la Grand-Bretagne si elle n'apportait pas des éléments convaincants sur le deal à venir. A quoi servirait une prolongation de trois mois ?

La situation va devenir inextricable pour l’Union : faute de Brexit le 29 mars, il faudrait élire des députés britanniques dont les sièges ont été retirés et partagés entre tous les autres  membres. Qu’est-ce qui va se passer ?  Un nouveau référendum, et une situation transitoire donc forcément précaire,  ou un Brexit immédiat sans accord, sûrement suivi du chaos engendré par les contrôles aux frontières d’un pays qui ne peut se nourrir ni se soigner sans les importations ? On nage en plein surréalisme ou plutôt on croirait assister à un film de science-fiction. C’est comme si les Anglais avaient inventé un monstre qu’ils vénèrent, au détriment des valeurs qui, le siècle dernier, ont fait du royaume le modèle d’une démocratie solide. Les Tories sont divisés, les travaillistes sont divisés, la République d’Irlande et l’Ulster vont devoir ériger une frontière, l’Ecosse est tentée par la séparation et, de toute façon, dès lors que toute solution mécontentera la moitié des Britanniques, la bataille politique qui a commencé en juin 2016 n’est pas près de s’éteindre.

Les jours de May sont comptés, et  en mai ont lieu les élections. Que de [mè] !

Un Brexit sans accord affectera aussi l’UE.

C’est pourquoi la commission a négocié pas à pas, a proposé des compromis et fait des concessions. C’était l’intérêt bien compris des deux parties. Il est fallacieux d’invoquer une quelconque « arrogance » européenne, un désir de l’Union de faire payer cher aux Anglais leur volonté de rupture. Jamais le message européen n’a reposé sur l’idée que l’Union sortirait indemne de cette épouvantable procédure. Le manichéisme n’est pas européen. En revanche, il faut se souvenir du triomphalisme britannique qui a suivi le référendum. C’était la fin de l’enfer et l’accès au paradis. Dans ce paradis, les Anglais seront bien seuls. Une chose est sure, les brexiters ne pensaient certainement pas se trouver face à un front aussi uni de la part  de l’UE ! Ils espéraient même  diviser pour régner. Sur le continent, et particulièrement en France, certains se réjouiront aussi du départ des « Anglais ». Personne ne sait quel en sera le prix. La seule certitude c’est que, sans « deal », tout  le monde y perdra. Notre seule satisfaction, c’est le parcours sans faute de ce fin négociateur qu’a été Michel Barnier, car s’il y a échec, il ne vient pas de  lui.

 

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