UN AN APRES, LA DROITE …
28 mai 2018
On ne va pas se cacher la vérité : la droite n’est pas encore au mieux.
Comment pourrait-il en être autrement après une année 2017 catastrophique : défaite à la présidentielle avec son candidat absent du 2ème tour pour la première fois depuis le début de la Vème République suivie d’une semi-déroute aux élections législatives, puis « balkanisation » de ses composantes, une partie du centre ayant décidé de voler de ses propres ailes. Le parti majoritaire à droite, « Les Républicains » n’a pas été anéanti mais est sorti de l’épreuve considérablement affaibli. Et l'actualité ne lui permet d'être perçue comme il faudrait par l'opinion publique.
Macron lui tire le tapis sous les pieds.
Le parti "Les Républicains" se trouve confronté à la politique menée par Macron, ce qui le met en difficulté pour s'exprimer : il est difficile de s’opposer frontalement à des réformes comme celle du code du travail, de l’ouverture de la SNCF à la concurrence ou du statut des cheminots. Expliquer à l’opinion publique qu’elles ne vont pas assez loin, c’est faire appel à des subtilités que celle-ci n’entendra pas, surtout que les médias n’aideront pas. De plus la flat tax à 30% sur les revenus du capital et le retour du bon sens à l’école sont des mesures avec lesquelles on ne peut être que d’accord. Enfin, la conjoncture veut que le pouvoir affronte une opposition virulente de la gauche dure à laquelle il se doit de résister, ce qui contribue à le « droitiser » alors qu’on assiste simplement à un épisode de l’affrontement séculaire entre les marxo et les démocrates socialistes. Le Président s’en réjouit. Non seulement il s’est débarrassé du Parti socialiste et rêve de Mélenchon comme seul opposant, mais il s’est doté de ministres issus de la droite, afin de mettre tout en œuvre pour tenter de dynamiter le noyau dur qui résiste, notamment avec "Les Républicains". Du coup son discours fait pour séduire une grande partie de la droite modérée est plus facile à tenir et beaucoup s’y laissent prendre. Pourtant les ficelles sont grosses.
La droite a des angles d’attaque.
Sa politique offre néanmoins des aspects plus critiquables que l’opposition de droite peut exploiter : la lutte insuffisante contre le terrorisme, l’immigration qui explose, un penchant pour le communautarisme de plus en plus visible, que l’expression « les deux mâles blancs » illustre assez bien, sont des thèmes qu’il ne faut pas laisser qu’au FN. L’autorité de l’Etat, l’augmentation des impôts et l’imbroglio de l’abandon de la taxe d’habitation, la hausse des dépenses et le sujet de la dette, donnent du grain à moudre d’autant plus que le rapport de la Cour des Comptes en apporte la preuve. Les propositions avancées par Laurent Wauquiez s’avèrent en phase avec une large partie de l’électorat de la droite et du centre, elles finiront bien par produire leur effet. On en a eu une petite idée, une nouvelle fois, avec son intervention plutôt bien reçue à la dernière « Emission politique ».
Le parti est convalescent.
Laurent Wauquiez a récupéré un parti en lambeaux. Son élection bien que nette et sans bavures n’a pas plu à tout le monde. Certains en ont profité pour se mettre en retrait. D’autres ont été tentés par les sirènes du pouvoir en place, mais, effrayés par le caractère « jupitérien », hésitent à franchir complètement le Rubicon, sachant pertinemment que leur démarche relève du suicide. Et puis il y a ceux qui ont été élu à la tête de Régions avec l’apport des voix socialistes et qui entendent préserver leurs chances, tels Estrosi et Bertrand, croyant qu’en mettant leur drapeau dans leur poche, ce sera moins compliqué. A l’intérieur du parti, Valérie Pécresse entend jouer sa partition personnelle. Je conteste sa thèse des "deux droites", c'est une posture de plus ! Je pense néanmoins que la ligne de reconstruction qui a été choisie est la bonne : la situation a permis de faire émerger une nouvelle génération d’élus et de porte-paroles qui ont du tonus. Le parti est en train de se donner les moyens de la reconquête. Paris ne s’est pas fait en un jour, il faudra de la patience. La nouvelle équipe a le devoir de réinventer un grand dessein pour notre pays, sans s’occuper des états d’âme des centristes, des « pudiques » et encore moins des extrêmes. L’élection l’année prochaine du parlement européen offre une occasion de présenter un projet dont tout le reste dépendra : la sécurité, la défense, la protection sociale, la réalisation de grands projets en phase avec notre siècle et que la France ne peut mener seule. Edouard Balladur donne des pistes réalistes dans une tribune du Figaro dont on pourrait s’inspirer. Et « en même temps » il faut songer à proposer les moyens de réduire les déficits et désendetter le pays.
Le clivage gauche-droite perdure.
Justement, une étude IPSOS-Cevipof montre que la fracture gauche-droite est persistante, n’en déplaise aux partisans du « nouveau monde ». Un électeur sur deux n’est pas du tout satisfait de la politique d’Emmanuel Macron et même si celui-ci s’est « droitisé » dans la perception qu’en ont les Français (51% le classent à droite), il se heurte toujours au clivage gauche-droite sur le terrain des valeurs ce qui montre qu’il n’est pas en mesure d’occuper l’espace politique de la droite. C’est une bonne nouvelle pour « Les Républicains » : je reste en effet convaincu que nous n’avons rien à gagner à échanger le débat gauche-droite contre un débat entre un centre flou, mais césarien, et les extrêmes. Deux visions responsables du monde qui s’affrontent valent mieux que le risque « à l’italienne ». Et je suis persuadé aussi que le moment où les électeurs de la droite et du centre vont enfin découvrir la réalité du pouvoir macronien se rapproche : « en même temps » à ses limites, c’est une posture, pas une politique ! La droite est appelée à reprendre des couleurs.
La droite a besoin de tous. Rappelons toutefois à nos amis, qu’il est important de réadhérer… « Les Républicains » : « What else ? »
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