MAJORITE INTROUVABLE SUR FOND DE DEFIANCE
12 juin 2017
La logique est respectée
Il fallait s’y attendre. Les candidats du Président raflent la mise. Comme à chaque fois depuis la mise en place du quinquennat, les législatives confirment le choix de la présidentielle. Avec un peu plus du tiers de suffrages exprimés, le scrutin majoritaire amplifie la victoire de la République en marche, et le taux d’abstention accentue la distorsion entre ce qui sera la représentation à l’Assemblée nationale qui dépassera probablement les 400 députés et la réalité du vote. C’est ainsi. Avec seulement 17% du corps électoral, Emmanuel Macron va avoir une des majorités introuvables comme seule la Vème République a su en donner au moment des crises. Il est condamné à réussir, car il ne pourra pas arguer de la difficulté à faire passer ses projets en lois. Le second tour peut corriger le tir, mais au vu des écarts du 1er tour, ce sera forcément à la marge. Il faudrait un sursaut de participation bien improbable pour que la physionomie du scrutin soit modifiée en profondeur.
La recomposition ne concerne que la gauche
Dieu sait qu’on nous a rebattu les oreilles avec la recomposition du paysage politique. Si elle a eu lieu, elle ne concerne que la gauche, avec le Parti socialiste qui ressort de l’épreuve en charpie. On l’enterra définitivement lundi prochain. Désormais, la force principale incarne la gauche dure : c’est la France insoumise de Mélenchon. Les réformateurs ont été macronisés, ce qui montre bien que la République en Marche est une version ripolinée du PS.
Le point positif : Les Républicains résistent
Si la coalition En Marche Modem vire en tête du 1er tour, le second tour opposera quant à lui, dans la plupart des circonscriptions, un candidat de la droite et du centre à un candidat En Marche. La Droite et le Centre de l’UDI ont été laminés, mais il existe un môle de résistance suffisamment dur, et l’union trouve le moyen d’améliorer en pourcentage d’exprimés le score de Fillon à la Présidentielle. Ce n’est pas brillant, mais il est très important qu’un pôle républicain perdure à droite et empêche le FN d’occuper toute la place.
Pour le second tour, le débat est indispensable. Les Français aspirent à la clarté, clarté des convictions, clarté du débat, clarté sur les grands choix pour notre pays. Il reste donc une semaine pour mettre en lumière les différences qui existent entre nos candidats et ceux d’En marche, dans un débat projet contre-projet, ouvert et respectueux.
- Les Français doivent savoir qu’En Marche ! veut un choc fiscal d’un niveau équivalent à celui que François Hollande a imposé aux classes moyennes. La hausse annoncée d’1.7 points de la CSG, soit plus de 20% de cet impôt, va toucher puissamment les retraités, les fonctionnaires, les artisans, les commerçants, les agriculteurs, les indépendants, les épargnants aussi. Nous ne pouvons plus accepter les hausses d’impôts dans notre pays.
- Nous voulons sortir du carcan des 35 heures, En Marche ! propose le statu quo.
- Nous avons entendu le cri de la ruralité qui s’est exprimé lors de la présidentielle. Nous n’oublions pas qu’un Français sur deux vit dans une commune de moins de 10 000 habitants. Nous demandons un moratoire sur la fermeture des services publics en milieu rural et nous demandons qu’à un euro investi pour la ville corresponde un euro investi dans la ruralité.
- Nous portons les valeurs de liberté et de responsabilité. Nous voulons réarmer puissamment l’Etat face au terrorisme, restaurer son autorité, tourner le dos au laxisme pénal.
Des exemples parmi tant d’autres de nos différences avec En Marche ! Cela dit, au lendemain du second tour et quel que soit le résultat, il incombera aux dirigeants du parti de rester unis. Comment peut-on imaginer que notre électorat ait été mobilisé avec des Républicains écartelés entre ceux qui sont En Marche, ceux qui ne sont pas En Marche mais soutiennent En Marche et ceux qui voudraient être dans l'opposition ? Une ligne politique claire s’impose entre soutien et opposition : il faut en débattre sereinement, mais gare à la scission, elle serait mortelle et ferait le lit du FN !
51% d’abstentions
Jamais pour des législatives le taux de participation n’aura été aussi faible. Il traduit des sentiments probablement multiples qui traversent le corps électoral : doute, absence de confiance, lassitude … Le moins qu’on puisse dire c’est que le fait qu’un électeur sur deux n’ait pas cru bon de se déplacer, n’est pas rassurant. Cela remet en cause notre système électoral tel que nous venons de le vivre : huit mois de campagne, des primaires, une présidentielle… et deux tours à chaque fois. La participation agit en trompe l’œil. Certains y verront un manque d’adhésion au programme présidentiel. Un faux triomphe donc qui devra être suivi de décisions difficiles. Pour gouverner, il ne suffit pas de compter sur une majorité, fût-elle écrasante. Il vaut mieux avoir une adhésion au projet et une opposition au parlement. Pour l’instant, on n’a ni l’une, ni l’autre. Et s’il ne reste que la rue …
Daniel, même une chèvre étiquetée EN MARCHE aurait gagné.... VITE un chef pour les LR et on repart car dans quelques mois il faudra éviter la chianlit
Rédigé par : Richard VIAU | 12 juin 2017 à 15:15