PERTE DE CONTROLE
23 mars 2014
23 mars : jour fatidique pour le gouvernement. En attendant les résultats des élections qui devraient consacrer le désaveu, penchons-nous sur la situation de la France, que les événements des dernières semaines auraient voulu nous faire oublier.
Perte de contrôle des finances publiques.
Le gouvernement est en passe de perdre le contrôle des finances publiques. Le budget 2014 est mort-né car il repose sur des bases faussées par le dérapage des comptes publics qui se poursuit. Le déficit est estimé à 4% du PIB par Bruxelles cette année et 3,9% en 2015, ce qui réduit à néant l’engagement de retour au seuil de 3% du PIB qui avait permis d’obtenir le sursis de 2 ans accordé à la France dans sa trajectoire de retour à l’équilibre.
La dette dépassera cette année les 2 000 milliards d’euros pour atteindre 97,3% du PIB en 2015 ! Cette dérive s’explique essentiellement par la surévaluation des recettes et l’absence de maîtrise des dépenses. La France est enfermée dans une croissance zéro et l’assomoir fiscal a provoqué une fuite massive devant l’impôt : les moins-values fiscales ont atteint 11,2 milliards en 2013 et seront d’au moins 6 milliards en 2014.
Le déficit structurel se creuse lui aussi à 2,6% du PIB. Trois décisions pèsent très lourdement sur les comptes publics : l’arrêt du non-remplacement des fonctionnaires partant à la retraite se traduit par une hausse de leur nombre à 5,3 millions ; le retour de fait à la retraite à 60 ans a entraîné la baisse de l’âge de départ et une hausse de 17% des nouveaux retraités ; enfin, les nouvelles mesures sociales représentent plus de 12 milliards d’euros en année pleine auquel il faudra ajouter le projet ruineux de généralisation du tiers payant dans l’assurance-santé.
La France en panne de croissance.
Dans la zone euro, la France reste à la traîne : elle cumule une croissance inférieure à la moyenne, une montée du chômage qui va toucher 11% de la population active, un profond déséquilibre de ses comptes extérieurs (61 milliards) qui consacrent la perte de contrôle de ses finances. Evitons la comparaison avec l’Allemagne qui nous donnerait le bourdon. Mais que dire de notre situation face à celle de l’Europe du Sud qui, à l’image de l’Espagne et de l’Italie ou du Portugal, renouent avec la croissance, les créations d’emplois et les excédents commerciaux…
Notre richesse est à peine revenue au niveau de ce qu’elle était en 2007, mais avec un PIB/hab réduit de 2% par la hausse de la population et inférieur de 12,5% au niveau allemand.
La croissance molle, le chômage structurel, le double déficit des comptes extérieurs et publics rendent inévitable un choc financier sur la dette, qui, par contre coup, relancerait la crise de l’euro. La priorité des priorités reste donc l’inversion de la courbe des dépenses publiques. Voilà pourquoi, il est absolument indispensable de passer aux actes en baissant les dépenses publiques de 50 milliards d’euros et pas seulement en paroles ! Démanteler la fiscalité confiscatoire sur le capital et sur le travail qui tue la croissance et les créations d’emplois est une autre nécessité. Mais sur ce point-là, le gouvernement est autiste.
Une politique en échec total.
Pourtant, entre 2012 et 2013, 33 milliards de prélèvements obligatoires supplémentaires n’ont finalement réduit le déficit que de 13 milliards d’euros. Ce mauvais rendement est une preuve que le choc fiscal conduit à une impasse. Aussi, la stratégie nouvelle de baisse des dépenses est-elle bienvenue. Encore faut-il être crédible : est-ce que ce qui sera annoncé sera effectivement appliqué ? Les acteurs économiques, échaudés, ont des raisons d’être sceptiques. Les économies de 15 milliards pour cette année ne sont toujours pas précisées. Le pari sur la baisse du chômage à coup d’interventions publiques a été perdu.
Sans réforme fiscale qui lèverait les freins sur la croissance, il n’y aura pas de vraie reprise économique par l’investissement, car les modalités du choc fiscal ont été un contresens pour l’investissement et la croissance : l’alignement des barèmes d’imposition des revenus du capital et du travail est une erreur économique monumentale. D’autant plus que l’imposition a taux croissant sur le stock d’épargne (ISF) conduit à des prélèvements de plus de 100% du revenu du capital. Il n’y a pas plus fort repoussoir de l’épargne productive. Même les investisseurs étrangers se sont massivement retirés !
Enfin, il faut aller plus loin dans la baisse des coûts en diminuant les impôts sur la production qui créent un différentiel de 65 milliards d’euros de plus avec l’Allemagne.
Comment peut-on imaginer que le gouvernement actuel, même relooké, puisse mettre en œuvre ce remède. Pourtant, il faudrait une nouvelle loi de finances pour 2014.
En attendant, la glissade vers le gouffre continue.
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