L’ENTREPRISE POUR LES NULS (QUI NOUS GOUVERNENT)
17 février 2014
La crise ? Quelle crise ?
Ah ces socialistes ! Ils n’en manqueront pas une. Ils sont confrontés à la crise disent-ils. Mais quelle crise ? Il n’y a pas de crise actuellement dans le monde ni en Europe. Ils invoquent une crise qui n’existe pas pour expliquer les incommensurables difficultés auxquelles ils sont confrontés. Celles qu’ils ont créé en juillet 2012 par leurs coup de massue fiscal qui a planté l’économie de notre pays et le choc de défiance par leur discours contre les entreprises. Il est tellement facile d’accuser Sarkozy et les 680 milliards de dette supplémentaires de son quinquennat. Faisons remarquer que c’est une malhonnêteté intellectuelle si on ne met pas en face quatre crises majeures qu’il a dû affronter : crise des subprimes, crise financière et bancaire, crise des dettes souveraines et crise de confiance sur l’Euro. Face à la violence de ces événements, grâce à lui, la France a plutôt limité les dégâts. En maintenant le pouvoir d’achat, en relançant la croissance en 2010, en endiguant la montée du chômage. Contrairement à ce qu’affirme le sombre Ayrault, si la France a connu la récession en 2009, elle a redressé la barre très rapidement. La croissance zéro, c’est lui. Mais quand Arnaud Montebourg affirme qu’il faut mettre 1 600 000 emplois en face du pacte de responsabilité, il donne une preuve supplémentaire de son incompétence en économie.
Le pacte de « responsabilité ».
L’exécutif a décidé de baisser les charges des entreprises en supprimant le financement de la politique familiale qui pesait sur les salaires. Ce qu’avait proposé Sarkozy en 2011 et a été annulé par la gauche dès son arrivée au pouvoir. Une trentaine de milliards, ça n’est pas rien ! Oui, mais le gouvernement veut des contreparties précises et mesurables en terme d’emplois. Pour faire simple, des baisses de charges contre des emplois. Comme si c’était automatique. Ce n’est pas la première fois que notre vieil état jacobin et son éternelle tentation dirigiste tente cette opération. Depuis Colbert, on a toujours rêvé d’une corrélation immédiate entre la décision centrale et les effets sur le terrain. Sauf que ça n’a jamais marché.
C’est toujours la même erreur, et avec la gauche elle est toujours amplifiée. L’Etat ne dirige pas l’économie, encore moins quand elle est mondialisée et que l’on consomme pour plus de la moitié des produits importés de l’extérieur. Encore heureux s’il contribue à créer un environnement favorable à l’épanouissement des entreprises. En France ce n’est pas le cas : on s’acharne à multiplier les difficultés de celui qui entreprend : réglementation, normes, contraintes sociales, impôts, charges en tout genre, absence de rémunération du risque… Alors, diminuer un peu le fardeau, c’est bien, mais c’est loin d’être suffisant. Allez faire comprendre ça à nos gouvernants dont aucun n’a jamais foutu les pieds dans une entreprise. Ils n’en ont qu’une connaissance théorique, faussée par l’idéologie.
Jamais contents ?
Lors d’un récent débat télévisé, il a fallu beaucoup d’insistance à Mme Barthélémy, une patronne d’une grosse PME de services à l’industrie, pour expliquer qu’elle n’utiliserait la baisse des charges du pacte de responsabilité ni pour embaucher, ni pour augmenter les salaires, ni pour s’en mettre plein les poches, ni pour distribuer des dividendes, mais pour baisser ses prix afin de garder ses clients... Ce qui a mis M. Sapin en colère !
Stupeur générale ! Alors qu’on enseigne aux étudiants en première année d’économie qu’il y a, non pas deux mais trois parties prenantes à l’activité d’une entreprise : le travail, le capital et le client.
Qui va expliquer à ces ânes que, lorsqu’une marge de manœuvre se dégage, par exemple lors d’une baisse de charges, le gain peut aller au travail par embauche ou par hausse des salaires, ou bien au capital par investissement ou distribution de dividendes, ou encore cela peut aller au consommateur ou au client par baisse du prix.
Lorsque le président de la République déclare pompeusement qu’il exigera des contreparties à la suppression des cotisations familiales sous forme d’engagement d’embauche ou, à la rigueur, d’investissement, il fait ainsi preuve d’une totale ignorance du fonctionnement de l’économie.
Baisser enfin les charges !
Que peut-on penser des conséquences d’une baisse des charges ? Auquel des trois partenaires ira-t-elle le plus probablement ?
A ce même débat, Michel-Edouard Leclerc répondait qu’il jouerait le jeu en embauchant : évidemment, mais il peut « s’offrir le luxe » de donner cette réponse parce qu’il est distributeur et non producteur et que l’on ne va pas faire ses courses à Pékin. Dès lors, non soumis à la concurrence internationale, il peut effectivement faire ce choix. Mais dans le cas de Mme Barthélémy, qui travaille dans le secteur productif en pleine concurrence internationale (et en plus à côté de la frontière allemande), il n’y a aucune liberté de choix : elle doit baisser ses prix pour garder ses clients, qui la mettent en concurrence quotidienne avec des fournisseurs étrangers capables de proposer des prix plus bas.
En conséquence, à la question posée du bénéficiaire de la baisse des charges, la réponse ne peut être que différenciée. Dans le contexte actuel, elle n’entraînera pratiquement aucune embauche dans le secteur exposé à la concurrence internationale, où la priorité absolue va au carnet de commandes. Une partie ira à la baisse des prix et l’autre à la restauration des marges pour l’investissement, l’innovation et la modernisation.
Dans le secteur protégé, il faut distinguer les secteurs où il n’y a que des PME, par exemple dans beaucoup d’activités de services, où la baisse des charges peut effectivement déclencher des embauches... s’il y a des candidats, car ce sont souvent des secteurs où les entreprises cherchent déjà à embaucher, mais où les chômeurs ne se bousculent pas ! Dans les secteurs où il y a de grands groupes et des PME, comme l’hôtellerie, le résultat pour l’emploi n’est pas assuré.
Tout cela pour dire que le gouvernement fait preuve à la fois d’une reconnaissance bienvenue, même si elle est tardive, du besoin urgent d’une baisse des charges des entreprises et d’une grave méconnaissance des réalités économiques de celles-ci en s’engageant dans la recherche de contreparties codifiées et chiffrées.
Aujourd’hui, en France, clairement, il faut une politique de l’offre.
En effet, c’est au niveau des marges des entreprises, de nos parts de marché mondial, des délocalisations, de la perte d’attractivité et de l’exil des jeunes diplômés que sont nos faiblesses actuelles.
Arnaud Montebourg, pour une fois, n’a pas tort lorsqu’il dénonce une course au low cost dans le domaine des télécommunications, financée entre autres par la délocalisation des centres d’appels au Maroc. Mieux vaudrait quelques centimes de plus facturés au consommateur pour garder les travailleurs..., qui sont aussi des consommateurs et réciproquement.
Si le président et le gouvernement ont conscience de ce besoin urgent de rééquilibre de l’offre et prennent effectivement les mesures correspondantes, alors il n’est même pas besoin d’aller négocier des contreparties, l’économie s’en chargera par elle-même, par la dynamique macroéconomique ainsi créée, car, même dans le vocabulaire anglo-saxon, le mot « entrepreneur » est un mot français.
Oui, mais voilà, il y a les syndicats à qui il faut donner des gages « de gauche ». Et il y a la gauche du parti socialiste et la gauche de la gauche qui ne veulent rien entendre à ces réalités… Il n’y aura pas de contreparties à la baisse des charges, mais tout le jeu consiste à faire croire qu’il y en aura ! Une duperie de plus.
La France va atteindre bientôt les 2 000 milliards d’euros de dette. Le problème, ce n’est plus la dette que Nicolas Sarkozy a laissé, mais celle que la gauche au pouvoir est en train de creuser et va nous léguer ! On comprend que nos gouvernements préfèrent parler du passé.
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