ECONOMIE : LA FRANCE PEUT-ELLE SORTIR DU TROU ?
25 novembre 2013
3ème partie : un programme pour remonter la pente.
On ne peut pas se poser la question, sans se demander d’abord, pourquoi.
Pourquoi en est-on arrivé là ?
Question simple que nos dirigeants actuels seraient bien avisés de se poser. Pourquoi la France est-elle dans cet état ? Pourquoi est-elle incapable de créer de vrais emplois ? Pourquoi n’arrive-t-elle pas à se maintenir dans la concurrence internationale ?
Le mal vient de loin. On pourrait remonter aux années « Mitterrand » et aux funestes engagements pris alors, mais il y a eu suffisamment de gouvernements d’alternance depuis pour qu’on ait la pudeur de ne pas se contenter d’une réponse trop facile. De même que l’argumentation du gouvernement actuel qui voudrait mettre la responsabilité principale sur son prédécesseur n’est pas plus acceptable. J’ai la certitude que la droite aurait fait mieux que l’équipe qui est au pouvoir, et je le démontrerai dans un prochain article, puisque, selon les sondages les Français semblent sceptiques à ce sujet.
Le quinquennat Sarkozy a dû faire face à trois crises majeures : crise des subprimes en 2008, crise financière et bancaire en 2009, crise des dettes souveraines et de l’Euro en 2010. Les Français sont peu nombreux à avoir conscience de la gravité extrême de ces trois crises et de la menace qui a pesé sur leur épargne et notre économie, que le gouvernement d’alors a su écarter en limitant les dégâts sur l’emploi et sur le pouvoir d’achat. Il a dû faire face à une récession qui n’était pas de son fait et s’est donné les moyens d’en faire sortir la France très rapidement. En se payant le luxe d’avoir commencé le redressement des comptes publics puisque le déficit était passé de 8 % à moins de 5% en deux ans et la trajectoire visée était d’atteindre 3% en 2013 ! C’est Nicolas Sarkozy qui a réussi à inverser la courbe des emplois dans la fonction publique, a incité à travailler plus.
Si la situation de la France s’est autant aggravée en un an et demi, c’est bien le résultat d’une politique et de choix désastreux. Il faut donc changer de politique. Alors que faut-il faire ?
Le rapport de l’OCDE donne les principales pistes.
C’est le rapport de l’OCDE, commandé par François Hollande et dont il a repoussé deux fois la publication, finalement, qui nous apporte les réponses. On comprend pourquoi.
Les 35 heures s’avèrent avoir été et continuent d’être une arme de destruction massive de notre économie et de nos entreprises. On leur doit en grande partie notre préférence pour le chômage et elles continuent de coûter à l’Etat près de 20 milliards d’euros par an. Résultat : les Français ne travaillent pas assez, sont trop payés pour le travail qu’ils font et les 35h font baisser la productivité globale. Il faut donc revenir sur cette loi, vraiment. C’est un boulet pour l’économie.
En même temps, le rapport constate une baisse du niveau d’éducation et de formation bien que nous y consacrions des dizaines de milliards d’euros. Jusqu’à quand laissera-t-on le « pédagogisme » faire ses ravages et la « charrue » des rythmes scolaires devant les « bœufs » de la connaissance et du savoir ? Il faut remettre en route la machine à former les élites et redonner au savoir son prestige.
Les chemins du redressement sont connus : il nous faut produire plus et mieux, pour reconquérir des marchés, il nous faut investir dans la recherche et l’innovation plus que nous ne le faisons, il faut réformer le travail en procédant à la simplification des réglementations, et il faut réformer la fiscalité avec l’objectif prioritaire de baisser les charges des entreprises et de privilégier l’emploi.
Réduire les dépenses publiques, structurelles et fonctionnelles, d’abord. La réduction des dépenses improductives est impérative. La décentralisation est devenue une immense machine à redistribuer : la superposition des dépenses a considérablement accru l’inefficacité et favorisé les clientélismes et les dérives financières qui vont avec. La machine de l’Etat qui a embauché 36% de fonctionnaires en plus entre 1990 et 2007, est un facteur de sclérose économique par son poids disproportionné en comparaison de la performance de notre économie. Il faut reprendre l’action de réduction des effectifs qui avait été entreprise et ne pas relâcher l’effort car c’est une action qui prend du temps.
Réduire le coût du travail ensuite. C’est la seule voie pour améliorer la compétitivité des entreprises sans quoi le retour de la croissance est impossible durablement. L’alourdissement continu des charges est à l’origine de la progression continue du coût de l’heure effectivement prestée et ceci affecte principalement les bas salaires. L’heure prestée dans une société de l’ouest de la France, pour une personne peu qualifiée coûte le double de ce que la même personne coûte au Canada. Pour une telle entreprise confrontée à une telle situation, le seul choix qui lui reste est de délocaliser à défaut de pouvoir mécaniser à outrance pour diminuer le coût de la main d’oeuvre dans son prix de revient.
Ainsi s’explique la dégringolade du poids de l’industrie dans le PIB de la France. Elle ne représente plus que 12% de la création de richesse (26% en Allemagne). Que l’Etat s’en préoccupe en prenant des initiatives, c’est bien. Mais rien ne remplacera la restauration des marges, sans lesquelles il ne peut y avoir des investissements et de l’innovation, donc de l’emploi. Le taux de marge est de 29% contre 42% en Allemagne, cela montre le chemin à parcourir. Le PDG de Faurecia, leader équipementier de l’industrie automobile, le confirme dans une interview aux Echos : « Quels que soient les débats nationaux, il y a une réalité de terrain. Nos collaborateurs ont clairement la perception que si rien n’est fait en matière de coût du travail, les conséquences peuvent être très négatives... il y a un potentiel, des capacités d’ingénierie et d’excellence industrielle extrêmement fortes, mais aussi une prise de conscience de tous les acteurs. L’obstacle essentiel vient du poids de la « superstructure », les 57 % de dépenses publiques. Le reste est tout à fait en état de fonctionner, il n’y a aucun débat là-dessus. Vous ne pouvez pas faire vivre 57 % d’une économie au crochet des 43 % restants, alors que dans les autres économies, les 40 % de dépenses publiques sont supportés par les 60 % de l’économie productive… »
Réduire les impôts enfin, pour se relever du KO fiscal. Il n’y a pas 36 solutions, mais deux. Réduire les dépenses publiques et faire participer les importations par un transfert sur le taux normal de la TVA en le faisant passer progressivement de 20% à 23% ou 24%. Cela concerne aussi les collectivités locales qui doivent revenir à une conception plus rigoureuse de l’utilisation du denier public en cessant de se comporter en machine à inaugurer pour se faire réélire.
Voilà un programme assez simple : supprimer les 35 heures, baisser les dépenses publiques réellement, réduire le coût du travail, diminuer les impôts, simplifier notre administration et les réglementations. Libérer l’économie de ses carcans… Faute de quoi, la France restera au fond du trou. Mais pour changer de politique, il faut changer de gouvernement et de majorité.
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