AVANT DE VOTER...
03 mai 2012
Comparer pour décider : les sujets qui n’ont pas eu le temps d’être abordés en un débat au lieu de trois
LE (LOURD) BILAN DE FRANCOIS HOLLANDE EN CORRÈZE
Premier point qui aurait sans aucun doute mérité d’être abordé : le bilan de François Hollande dans le seul territoire dont il a eu la charge et qu’il préside : la Corrèze. Il est, en effet, sinon utile du moins éclairant d’observer sur une parcelle du territoire les décisions et actions prises pour se faire une idée des effets de ces décisions, de ces actions sur un territoire autrement plus grand et plus lourd à gérer : la France, 5ème puissance mondiale.
La Corrèze est, aujourd’hui, le département le plus endetté de France (1400 euros par habitant, soit 300 euros de plus depuis 2007 par habitant grâce à François Hollande), si bien que l’Etat a dû lui verser 11,5 millions d’euros de subvention d’équilibre en 2011.
On y retrouve l’une des lubies du candidat socialiste : le nombre de fonctionnaires du département a augmenté de 50%.
Du fait de sa mauvaise gestion, François Hollande a augmenté les impôts de tous les corréziens, (+6,5% pour la taxe foncière, +300% de taxes pour les permis de construire), il a supprimé les bourses étudiantes, supprimé la gratuité des transports scolaires, diminué les primes de garde d’enfants…
Et c’est bien aujourd’hui avec ce lourd passif et ce seul actif que François Hollande se présente aujourd’hui à la tête de la 5ème puissance mondiale, à la tête des Français. On n’ose imaginer ce que donnerait la reproduction de ces principes de gestion au niveau national.
LE LOGEMENT
Le logement est l’une des principales préoccupations des Français : c’est la raison pour laquelle Nicolas Sarkozy propose de développer l’offre de logements afin de faire baisser les prix. Pour cela, il propose notamment d’augmenter de 30% les droits à construire sur les terrains existants et de diviser par deux les droits mutation, qui représentent, par exemple, 5 100 euros pour l’achat d’un bien de 200 000 euros.
Surtout, après avoir déjà taxé les loyers abusifs sur les petites surfaces, il propose désormais que les locataires puissent saisir la justice quand le loyer qui leur est appliqué est supérieur de 20% aux loyers du secteur.
Enfin, pour poursuivre l’effort déjà engagé pour rénover les quartiers, Nicolas Sarkozy souhaite lancer un second Programme National de Rénovation Urbaine (PNRU), doté de 18 milliards d’euros.
François Hollande propose, quant à lui, de bloquer administrativement le prix des loyers. C’est une solution qui ne marche pas, et qui a déjà été testée, en 1948, a provoqué la plus grave crise du logement jamais connue, aboutissant à l’Appel de l’Abbé Pierre de l’Hiver 1954.
François Hollande propose aussi de relever le plafond du livret A pour financer des logements sociaux. Il oublie que pendant le mandat de Nicolas Sarkozy et malgré la crise, 600 000 logements sociaux ont été construits (100% de + que sous Lionel Jospin). Surtout, il oublie que seuls 9% des livrets A atteignent déjà le plafond actuel. Encore une mesure veine.
LA SÉCURITÉ
La sécurité a également été largement oubliée du débat de l’entre-deux tours. Les positions des deux candidats sont pourtant très démarquées sur le sujet.
Nicolas Sarkozy veut poursuivre la politique de fermeté qu’il a menée depuis 2002 et qui a fait baisser la délinquance de 16,5% depuis 2002, alors qu’elle avait explosé de 17,7% sous le gouvernement de Lionel Jospin (+55% pour les violences aux personnes). Il entend de réformer la justice des mineurs, de créer 24 000 places de prison supplémentaires, de donner plus de droits aux victimes dans le procès pénal, d’appliquer les peines planchers aux délinquants réitérants (plusieurs délits différents), et d’appliquer la perpétuité aux criminels sexuels récidivistes (au lieu de 20 ans actuellement).
Face à lui, François Hollande affiche un laxisme sécuritaire inquiétant ou le bien être des délinquants prévaut sur l’attention aux victimes. Il souhaite, à titre d’exemple, alléger les peines des délinquants récidivistes en supprimant les peines-plancher, qui ont pourtant fait la preuve de leur efficacité (plus de 37 000 peines prononcées). Il veut encore supprimer la rétention de sûreté dont le principe est de maintenir enfermés les détenus qui, arrivés en fin de peine, sont encore dangereux et présentent un risque très élevé de récidive.
N’étant plus à un revirement près, François Hollande, qui a voté contre la création de centres éducatifs fermés pour les mineurs délinquants, en propose aujourd’hui le doublement ! Il refuse de créer des places de prison supplémentaires pour une meilleure exécution des peines, préférant ainsi libérer un détenu dès qu’un nouveau sera incarcéré pour libérer des places de prison ! Il n’a voté aucune dois antiterroristes pour protéger les Français…
LA FAMILLE
Nicolas Sarkozy a été très clair sur ce sujet : la famille est pour lui l’une des institutions fondamentales de notre société, l’une de nos plus grandes richesses et il est hors de question de la redéfinir. Le candidat socialiste veut détruire la politique familiale et la famille en France : François Hollande a annoncé vouloir supprimer le quotient familial avant de se reprendre et d’annoncer qu’il serait un instrument de redistribution « sous plafond » : on sait ce que cela veut dire. Le plafond sera tellement bas que plus personne n’y aura accès. Avec la mesure de François Hollande, les couples ayant au moins un enfant et dont les parents gagnent chacun à partir de 1600 euros nets par mois perdraient plusieurs centaines d’euros. 50% des couples avec des enfants verraient leur pouvoir d’achat baisser. 3,56 millions de familles perdraient en moyenne 982 euros par an.
Pour Nicolas Sarkozy, la politique familiale n’est pas une politique sociale, c’est une politique qui doit encourager à la natalité. Pour que chaque famille puisse maintenir son pouvoir d’achat, Nicolas Sarkozy s’oppose à toute remise en cause des allocations familiales. Il défend le quotient familial au nom de l’égalité, car la République accorde le même prix et la même attention à chacun de ses enfants.
Enfin, si la famille a changé dans sa composition, avec la complexité de la vie moderne, Nicolas Sarkozy a, et à plusieurs reprises, pris position contre le mariage et l’adoption par des couples homosexuels, propositions que veut mettre en œuvre le candidat socialiste s’il venait à être élu.
DROIT DE MOURIR DANS LA DIGNITE
Pour le Président de la République, la vie n’est pas une marchandise. La vie est « sacrée » non pas au sens spirituel même si elle l’est pour certains, mais parce qu’elle est unique, que « c’est un mystère » : « il y a un mystère de la naissance et un mystère de la mort et la vie doit être respectée ».
François Hollande avec le droit de mourir dans la dignité légalise l’aide active à mourir et franchi le pas vers l’euthanasie de l’aveu même de Marisol Touraine, chargée des questions sociales dans son équipe. Surtout, le candidat socialiste en fait un argument de campagne au mépris de la sensibilité de ce sujet, qui appelle autrement plus de respect et de considération. Ce type de questionnement mérite une réflexion profonde, un débat apaisé et un consensus national. C’est dans cet environnement, après de longs échanges, que la loi Leonetti a été rédigée et votée par le Parlement durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Que dit ce texte ? Il fait de l'accompagnement de la fin de vie un devoir impérieux des professionnels de santé. Il distingue les situations de fin de vie dans lesquelles les patients sont capables d'exprimer leurs souhaits de celles dans lesquelles ils n'ont plus la capacité de le faire.
Prenant à cœur ce sujet grave de la souffrance en fin de vie, Nicolas Sarkozy s’est investi et a lancé, en 2008, le programme de développement des soins palliatifs avec un budget de 230 millions d’euros sur quatre ans. Ce programme a multiplié par deux la capacité de prise en charge des patients.
La position du Président de la République candidat est claire : légaliser l’euthanasie risquerait de nous entraîner vers des débordements dangereux et est totalement contraire à sa conception de la dignité de l’être humain. Pour Nicolas Sarkozy, quand une personne souffre tellement qu’elle demande à mourir, le rôle de la société est de tout faire pour essayer d’apaiser sa souffrance, pas d’accélérer sa mort.
CHÔMAGE DES SENIORS
Si le travail a été abordé lors de ce débat, le chômage des seniors a été occulté. Ce thème est pourtant bien présent dans les deux projets des candidats à la présidentielle.
Le bilan de lutte contre le chômage des seniors de Nicolas Sarkozy est indéniablement bon : depuis 2007, 520 000 seniors de plus sont au travail soit plus de 8 points de taux d'emploi des plus de 55 ans. Et le candidat veut aller plus loin : outre le droit à la formation obligatoire pour tout chômeur, Nicolas Sarkozy propose l'exonération de charges sociales pour les entreprises qui embauchent des chômeurs de plus de 55 ans.
Nicolas Sarkozy propose d’exonérer de toute charge sociale l’embauche d’un senior de plus de 55 ans en CDI ou en CDD de plus de 6 mois. Il concentre ainsi ses efforts sur les seniors qui sont au chômage et sont éloignés de l’entreprise.
Avec son contrat de génération, François Hollande concentre, au contraire, son effort sur les seniors qui sont déjà dans l’entreprise, et ne lutte donc pas contre le chômage des seniors. Comme l’a souligné Martine Aubry, le contrat de génération ne créerait que des effets d’aubaine (http://lexpansion.lexpress.fr/economie/primaires-ps-pourquoi-le-contrat-de-generation-divise_263341.html), c’est-à-dire qu’il accorderait des allègements de charges sociales à des employeurs qui auraient, de toutes façons, conservés leurs seniors dans l’entreprise.
Au final, l’exonération proposée par Nicolas Sarkozy coûtera 10 fois moins cher que le contrat de génération et sera 1000 fois plus efficace.
JEUNESSE
Pour permettre aux jeunes d’apprendre un vrai métier et favoriser leur insertion professionnelle, Nicolas Sarkozy propose que les élèves de la filière professionnelle passent 50% de leur temps en entreprise. Cette mesure concernera plus de 250 000 jeunes par an. Les entreprises de plus de 250 salariés accueilleront obligatoirement un nombre d’apprentis égal à 5% de leurs effectifs.
Pour tous les étudiants, Nicolas Sarkozy propose la mise en place d’une « banque de la jeunesse », interface entre les banques et les jeunes. Ils n’auront plus besoin de caution parentale pour se loger puisqu’en cas de loyer impayé, les pouvoirs publics paieront le loyer au propriétaire. Cette banque financera également leurs études avec un prêt étudiant à hauteur de 500 euros par mois, remboursable quand ils commenceront à travailler (par exemple 10€/mois si vous touchez le SMIC). Enfin, elle soutiendra le financement de leur projet de création d'entreprise.
Le permis de conduire est très cher (1500 euros en moyenne) et le taux de réussite trop variable selon l’examinateur, les délais trop longs pour se représenter en cas d'échec (82 jours en moyenne), ce qui renchérit le coût du permis. Nicolas Sarkozy propose que tous les lycéens de 16 ans au moins sortent de l’école avec le code en poche, grâce à un « parcours d’éducation à la sécurité routière ». Il veut également réduire le délai pour se représenter en instaurant un délai maximal d’un mois entre deux passages du permis. Son coût sera ainsi divisé par deux.
Nicolas Sarkozy veut doubler le nombre de volontaires du service civique, qui consacrent 6 à 12 mois de leur vie à la collectivité.
Pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes, François Hollande, lui, propose la création de 150 000 emplois jeunes. Ces emplois sont précaires (CDD), payés par le contribuable, et ne répondent qu’à 5% des demandes d'emploi. Mis en œuvre sous le gouvernement de Lionel Jospin, ils ont déjà démontré qu’ils n’étaient pas une solution au chômage des jeunes : 80% des bénéficiaires étaient déjà qualifiés alors qu’ils s’adressaient aux jeunes non-qualifiés. Surtout, après 5 années au SMIC, les jeunes qui ont bénéficié de ces emplois n'ont rien eu.
LA LUTTE CONTRE LES DELOCALISATIONS
Nicolas Sarkozy veut que la France demeure une terre de production. Or, le coût élevé du travail incite les entreprises à délocaliser leur production vers des pays où la main d’œuvre est moins chère. C’est pourquoi il propose d’alléger le coût du travail, en supprimant la cotisation famille pour 14 millions de salariés (80% des salariés de l'industrie, 92% des emplois, agricoles). Les bénéfices des grands groupes quel que soit le lieu où ils sont réalisés seront quant à eux taxés et la déduction fiscale des dépenses de délocalisation sur les bénéfices des sociétés supprimée. Enfin, pour protéger nos PME, il propose un « small business act » qui réservera 20% des commandes publiques aux PME européennes. Si l'Europe n'est pas d'accord, la France appliquera unilatéralement cette règle dans 1 an.
François Hollande veut, quant à lui, alourdir les charges qui pèsent sur le travail de 5 milliards d'euros pour financer sa remise en cause de la réforme des retraites. Il propose aussi de supprimer l'exonération des heures supplémentaires qui allège le coût du travail de 9,4 millions de salariés et soutient leur pouvoir d’achat. Il veut également augmenter la contribution des grands groupes, en augmentant leur taux d’impôt sur les sociétés, dont ne s’acquitte qu’un groupe du CAC 40 sur 2.
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