LE CARNET DE CAMPAGNE DE SERAPHIN (1)
06 mars 2012
Retour sur les deux dernières semaines : la campagne s’est animée autour de deux pôles : le salon de l’agriculture et le « coup » de l’impôt sur les riches. La quête des 500 signatures continue pour les petits candidats. Beaucoup les obtiendront : il y a en effet 47426 élus habilités à parrainer. Il est impossible aux grands partis d’imposer des consignes à tous ces gens, d’autant plus que la grande majorité est « sans étiquette » ni affiliation. On mesure alors le degré de chantage de la candidate du FN et de Besancenot.
Les extrêmes nous ont produit un spectacle peu digne de l’enjeu. Entre Mélenchon et Le Pen, il y a une différence de style, mais le fond des discours concède plus à la doctrine qu’au traitement de la réalité. Il y aura pourtant des gogos suffisamment séduits pour céder à leurs promesses fumeuses et inapplicables. Mélenchon, avec un jeu de scène inimitable n’a pas son pareil pour vous annoncer qu’il coupera tout ce qui dépasse, dans la plus pure tradition bolchévique, version Groucho Marx, tandis que l’Héritière du FN, en femme plus rouée que compétente, donne tantôt dans la dédiabolisation –voyez mon joli sourire carnassier-, tantôt dans les fondamentaux racistes pour se garantir son socle électoral.
Le centre est toujours victime de la stratégie d’autonomie de François Bayrou. Elle a conduit pour l’instant dans une impasse. La bipolarisation est évidemment un piège dont il lui sera difficile de sortir, même si au gré des sondages, on peut apercevoir un jour une embellie, le lendemain un assombrissement. Ses conventions thématiques n’ont pas faire ressortir des idées fortes nouvelles et ont été surtout l’occasion de tirer des flèches sur les deux candidats qui caracolent en tête, alternant un coup Hollande, le lendemain Sarkozy. Il paie aussi l’éparpillement de la famille centriste dont il partage la responsabilité et dont les principaux chefs de file continuent de lui tourner le dos. Le Nouveau Centre est en difficulté avec le fiasco de la candidature Morin et s’est prononcé majoritairement pour Sarkozy. Jean-Louis Borloo qui chante dans les banlieues les mérites de la politique du président sortant devrait bientôt annoncer, lui aussi, son ralliement. François Bayrou aurait pu capter tous ceux qui veulent empêcher la victoire de la gauche tout en se démarquant du positionnement du chef de l’état. A cause de son opposition systématique pendant cinq ans, il ne peut plus en être le recours naturel. La réalité c’est qu’il faudrait qu’il choisisse son camp maintenant. D’autant plus que ses porte-paroles sur les plateaux télés apparaissent plus proches de ceux de l’UMP que de ceux du PS. Alors ?
La danse du ventre d’Eva va-t-elle bientôt se terminer ? La principale préoccupation des Français étant l’emploi, l’écologie passe au second plan. Le renfort ponctuel du germanofrançais Cohn Bendit et de José Bové en militant plus discipliné que convaincu, ne permettent pas à sa campagne de décoller. Pire, elle donne d’elle une image enfermée dans ses certitudes qui en refoule plus d’un. Elle est victime aussi du vote utile des verts roses qui lui préfèrent Hollande dès le premier tour. Et comme l’accord d’EELV avec le PS garantit les sièges de députés souhaités, l’utilité de sa candidature et la nécessité d’un score ne sont plus d’une grande obligation. En gros, maintenant que leur avenir est garanti, ils ont plutôt envie de laisser tomber une candidate impopulaire qui dessert leur combat.
...
Commentaires