LE CARNET DE CAMPAGNE DE SERAPHIN
31 janvier 2012
Cette semaine, les candidats tirent à vue et nous livrent une nouvelle version de la guerre des gangs : ça « défouraille » dur ! ainsi, « Hollande n’a rien à dire aux travailleurs » (Arthaud), « Hollande a des idées dangereuses sur les retraites » (Bayrou), Eva est « offusquée du manque d’engagement pour l’écologie de Hollande », « la droite suinte l’arrogance » (Hollande), « Sarkozy est sans doute terrorisé par l’élection » (Duflot), "Bayrou est le candidat des petites solutions" (Villepin)… et je passe les petites phrases du bellâtre alopécique Moscovici, et de son compère le sentencieux Fabius. Dans le registre « devin », format Astérix, nous avons Benoit Hamon qui a déclaré sans sourciller : » les mesures de Sarko, c’est le choc des prix ». Comme s’il suffisait d’affirmer pour que ce soit vrai.
Mélenchon, fidèle à lui-même n'ira dans aucun autre gouvernement ... que le sien. Humour ou forfanterie ?
Chez les verts, ça ne s’arrange pas. On est allé chercher le renfort du très populaire Cohn-Bendit pour essayer de relancer une campagne qui cafouille sérieusement. Ils n’ont toujours pas compris que ce ne sont pas les idées qui sont en cause, c’est l’erreur de casting. Entre 2 et 4% dans les sondages, la verdurie déchante.
Bayrou ne progresse plus. Il renforce son discours ni droite - ni gauche. Ceci explique peut-être cela. Pourtant la majorité le ménage et ne lui met pas de candidat dans les pattes cette fois-ci. Entre la dénonciation des 3 impôts de Sarkozy et sa déception de François Hollande, il compte les points, mais ne propose toujours pas grand-chose.
Du côté de Marine Le Pen, qui a accusé récemment Nicolas Sarkozy de faire du mensonge à l’échelle industrielle, la campagne prend un tour, qu’en utilisant son propre langage, on pourrait qualifier « d’hyper démago ». Avec la distribution de 10% des actions des entreprises aux ouvriers, les sourires aux harkis, les augmentations de salaires décrétées, son discours emprunté aux communistes… elle pratique le « racolage industriel ». Elle peut dénoncer le complot mondialiste au profit d’une oligarchie internationale, sa thèse n’en reste pas moins une utopie. Au moins les masques sont tombés avec sa participation à Vienne au bal de l’extrême-droite. Chassez le naturel facho, il revient au galop, accompagné de l’humour de mauvais goût de son père qui réussira quand même à nous faire marrer : « A Vienne, c’est Strauss sans Khan ! ». Mauvais goût quand même.
Samedi dernier, l’UMP a entériné son programme à coût zéro pour les prochaines élections ! Avec 96% de oui et plus d’un tiers des adhérents ayant voté, ce qui n’est pas si mal avec un scrutin qui ne permettait que le suffrage par internet. François Fillon y a été particulièrement offensif convaincu que les élections récompenseront le parti le plus décidé. Reste que l’on sent quand même un flottement comme celui que j’ai vécu en 1981 : la difficulté de coordonner l’action du parti à celle du « château » comme on disait alors. Résultat : retard à l’allumage et campagne incisive mais trop tardive avec le résultat que l’on sait. Le contexte actuel rend encore plus impérieux une accélération côté majorité. Sans compter que comme toujours, c’est le sortant « seul contre tous ».
On attendait beaucoup du débat Hollande-Juppé. Trop surtout. Comment convaincre en un quart d’heure face à un candidat gonflé à l’hélium, en campagne depuis un an, qui récite ses litanies, vraies ou fausses, comme des lavements. Sur la TVA sociale, l’ancien premier ministre n’a pas pu s’expliquer tant son interlocuteur, roué à souhait, a fait en sorte de parler en même temps pour qu’il ne soit pas audible, sans que l’arbitre n’intervienne. Match nul.
L’intervention du Président de la République (cf. le calepin d’hier) a eu un effet mitigé : s’il conforte son socle autour de 25%, il ne progresse pas. On se demande bien quelle cure de désintoxication il faudrait faire suivre aux Français pour qu’ils ouvrent enfin les yeux. Depuis 2008, le Président a endossé les habits de la fonction, joue pleinement son rôle, est apprécié par les grands de ce monde dans le G20, a plutôt bien géré la crise pour que la France s’en sorte aussi bien que possible, a imposé son leadership au sein de l’OTAN… Que leur faut-il de plus ?
On voit les thèmes de campagne se dessiner : d’un côté, le courage, les efforts, la continuité des réformes pour redresser le pays et lui redonner de la compétitivité, de l’autre, les dépenses, les impôts, l’emploi public, le retour en arrière sur les réformes salutaires. D'un côté, l'huile de foie de morue, de l'autre le "Gardenal" .
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