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LE CARNET DE CAMPAGNE DE SERAPHIN

 

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Il faut le reconnaître, la « primaire » des socialistes a recueilli un beau succès d’estime. Sans atteindre des sommets, les 2 600 000 participants si le nombre est vrai, représentent un corps électoral non négligeable. Cela fait tout de même près de 300 votants par bureau, en moyenne nationale, soit un votant toutes les 2mn : compte tenu de toutes les formalités exigées, ils sont vraiment forts les socialistes !

La primaire a aussi été l’occasion d’une sur-occupation du terrain médiatique qui n’a pu se faire qu’avec la complicité des dits médias, qui sont allés souvent au-delà du devoir d’information pour tomber dans la propagande. Ce n’est pas le PS qui va s’en plaindre. Un bon coup politique très réussi. Chapeau !

Le bât blesse tout de même, et cette primaire est riche d’enseignements. A bien des égards elle pose davantage de problèmes qu’elle n’en résout.

Trois constats et deux remarques.

Premier constat : ce type d’opération favorise la radicalisation.

On l’avait vu déjà chez les Verts, avec la désignation d’Eva Joly, elle se vérifie aussi avec la primaire socialiste dans le score obtenu par Arnaud Montebourg qui lui permet de peser sur le choix final. Ce phénomène tient au fait que ce sont les plus motivés qui se déplacent pour aller voter, et ce sont évidemment les plus convaincus et les plus « durs ». L’aile gauche du PS s’est mobilisée sur le candidat dont le discours décalé et marxisant les séduisait. Il faut y ajouter probablement une forme d’OPA des électeurs du Front de Gauche qui trouvaient là une belle opportunité de tirer le PS vers eux. Un effet pervers que les stratèges de la rue de Solférino n’avaient peut-être pas prévu et qui contribue à fausser le scrutin. De ce point de vue, on pourrait penser que les sondages donnaient une image plus fiable  et plus fidèle de la réalité de l’opinion des sympathisants de gauche que le résultat de l’élection de dimanche dernier. C’est la « démocratie réduite aux plus sectaires ».

Deuxième constat : c’est l’effet loupe.

On nous fait prendre des vessies pour des lanternes. Les commentateurs de gauche nous font croire que "les Français" se sont exprimés, alors qu'il ne s'agit que d'une fraction de l'électorat de gauche. C'est une généralisation abusive. Derrière les pourcentages se cachent des nombres de voix qu’on pourrait qualifier de dérisoires au regard de l’ensemble du corps électoral mobilisable, qu’on peut estimer autour de 25% du corps national, soit un potentiel de 10 millions d’électeurs. Ce prisme déformant fait que 450 000 voix, celles de Montebourg, peuvent décider du destin de la France. Deuxième effet pervers, c’est le chantage que l’intéressé opère sur les deux survivants du premier tour. Cet effet de grossissement est une forme de manipulation. C’est la « démocratie des apparences ».

Troisième constat : la démocratie participative tire la démocratie vers le bas.

C’est une conception plébéienne de la démocratie. Ce n’est pas la nôtre. C’est donner le pouvoir de décision à Madame Michu. Pour caricaturer, je dirais que c’est donner un pouvoir exorbitant « aux ignorants et aux bornés » et donc c’est renforcer le pouvoir du « démagogue » au sens propre du terme, qui, pour être désigné, doit leur plaire et les flatter par des promesses, leur dire ce qu’ils ont envie d‘entendre. On a vu comment la plupart des candidats sont tombés dans le piège, et comment celui qui y a résisté s’est ramassé. Il eût été intéressant de voir comment le candidat putatif du printemps, champion des sondages avant son "dérapage", serait ressorti de l'épreuve. C’est la « démocratie de la médiocrité ».

Première remarque : ce tour de passe-passe du PS est purement conjoncturel.

S’ils avaient le président sortant, les socialistes n’organiseraient pas de primaires, ils ne peuvent donc pas faire ce reproche à l’UMP. J’ajouterai que si Ségolène Royal avait été désignée Première secrétaire comme cela aurait pu l’être, Il est à peu près certain qu’elle aurait considéré sa légitimité de patronne du parti pour en être la candidate naturelle, ce qui est logique. Ce sont les divisions internes du PS et les suites calamiteuses du congrès de Reims qui ont conduit à ce processus qui remplace l’incapacité du PS à mettre en place des procédures d’arbitrage internes pour dégager un leader, ce qui n'est même pas le cas, puisqueles deux qualifiés sont au coude-à-coude. Pour, au résultat final, avoir à choisir entre l’ancien premier secrétaire et l’actuelle première secrétaire. Tout ça pour ça ! La primaire était-elle vraiment nécessaire ?

Deuxième remarque : cette procédure n’est pas transposable à la droite.

Comme l’a rappelé le Président de la République, l’organisation de primaires populaires n’est pas conforme à l’esprit de nos institutions. L’élection présidentielle se fait sur un rapport direct entre un candidat soutenu par un ou des partis politiques et le peuple. La primaire est prévue : c’est le premier tour auquel peuvent se présenter tous les candidats qui remplissent les conditions requises. Cette procédure de primaires "citoyennes" est un dévoiement de notre démocratie représentative, elle n’est pas transposable à droite. Pour une raison simple : les électeurs modérés de la droite républicaine répugnent à s’afficher. Dans l’ouest, où les gens ont l’habitude d’être discrets sur leurs opinions, ce serait le bide assuré. Là aussi ce serait donner la prime aux plus excessifs et permettre une OPA du Front National pour peser sur la désignation du candidat. Dangereux, non ? !

Il n’est pas sûr que le PS tire profit dans la durée de cet épisode.

Cela, d’autant plus que le rééquilibrage de présence dans les médias devra se faire au profit de la majorité et des autres partis de gauche d’ici la fin du trimestre. Le vide après le trop-plein…Et j’ajouterai que le « calvaire » des désistements pour dimanche prochain (je pense à ce qu’il a dû en coûter à Ségolène pour se désister en faveur de son ancien compagnon qui l’a trahie…) ne va rien arranger.  Surtout que le champion risque d'être désigné d'une courte tête, ce qui annule, à mon avis, "l'effet tremplin" de l'opération. Alors un pronostic ?  On verra après le débat… en attendant, avantage Martine, car elle tient l’appareil.

Si vous voulez Martine en finale, tapez 1

si vous voulez François en finale, tapez 2

 

 

 

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