« LE BON SENS »
27 juin 2011
Face à plus de 180 journalistes réunis à l'Elysée pour la quatrième conférence de presse de son mandat, le chef de l'Etat a défendu pendant une heure et demie, exemples à l'appui, sa décision de dépenser 35 milliards d'euros dans « l'innovation, la recherche et l'investissement » pour « relancer la croissance » et « ne pas subir la mondialisation ». Ce ne sont pas avec les trois commentaires qu’en ont fait les JT aujourd’hui que les Français pourront se faire une idée de l’effort budgétaire que représente le grand emprunt et du bienfondé des choix d’investissements qu’il permet. Pas un mot sur la méthode de sélection des projets choisie par le commissariat général à l’investissement : une « sélection par l’excellence » avec l’aide de jurys internationaux. Des investissements de long terme qui ont pour objectif de moderniser l’économie française. Pas un mot non plus sur les enveloppes consenties ni sur les domaines concernés. Par contre ils ont relevé les éléments polémiques suscités d’ailleurs par les questions des journalistes ;
Au-dessus de la mêlée.
A plusieurs reprises le président s’est montré soucieux de justifier ses choix en les replaçant sous le signe de l’intérêt général et du bons sens. Un pragmatisme qui le met à cent lieues d’une quelconque idéologie, la démarche dénotant plutôt un pragmatisme adapté aux circonstances avec le retour d’un « état stratège » qui oriente les efforts vers les secteurs qui lui paraissent prioritaires. Ce qui lui permet de se placer au-dessus de la mêlée des candidats à la présidentielle. Il est vrai que si les autres peuvent se vautrer dans la démagogie, lui a plutôt intérêt à verser dans le réalisme car il sait qu’il sera jugé sur pièce.
Une “vingtaine de milliards d’euros” sur les 35 promis auront été engagés d’ici la fin de l’année sur des projets précis, a assuré le Président. En sachant qu’engagés ne signifie pas immédiatement dépensés et que plus de 40 % de la somme sont distribués sous forme de dotations non consommables dont les seuls intérêts, à hauteur de 3,41 % du capital, sont réellement déboursés. La méthode peut compter sur l’effet d’entraînement que peuvent constituer les prises de participation et prêts issus du grand emprunt pour aboutir à des investissements de l’ordre de 60 à 65 milliards d’euros, grâce aux apports des entreprises et des collectivités. « Jamais dans son histoire, la France n’a fait un tel effort au profit de l’investissement », a-t-il rappelé avant d’annoncer la création d’un institut hospitalo-universitaire consacré au cancer, un renforcement de la recherche sur la sûreté nucléaire, ainsi qu’un milliard d’euros consacré au nucléaire du futur. Un bilan annuel sera instauré pour suivre le financement des projets et la consommation des crédits programmés.
Rappel de quelques vérités
Répondant aux questions des journalistes, Nicolas Sarkozy a décoché quelques flèches à l’encontre des socialistes. « Ceux qui auront l’idée de revenir sur le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, de revenir sur la réforme des retraites ou de refuser une « règle d’or » qui obligera tous les gouvernements à prévoir un budget en équilibre à terme, ce sera l’explosion de la dette, l’explosion des déficits et l’impossibilité pour la France de se financer », une manière de dénoncer en creux, à juste raison, l'irresponsabilité du programme de ses futurs rivaux socialistes de 2012. Au nom du « bon sens », Nicolas Sarkozy a ainsi souligné que les engagements de réduction des déficits pris par la France s'imposaient à tous. « Si la France s'exonère de cette voie, elle le paiera de plus de chômeurs, de plus de délocalisations, de perte de pouvoir d'achat et d'impossibilité à financer son modèle social, c'est incontournable », a-t-il insisté en guise d’avertissement à la veille de la déclaration de candidature de la patronne du PS Martine Aubry.
Il en a profité une nouvelle fois pour critiquer vertement, sans la nommer, la présidente du Front national Marine Le Pen et les souverainistes. « Ceux qui proposent la sortie de l'euro proposent rien moins que de doubler ou tripler la dette », ajoutant : « c'est une folie ! ».
Sous-estimation de la crise.
Interrogé sur les points faibles de son bilan, et en filigrane sur le manque d’adhésion dont il pâtit, Nicolas Sarkozy a répondu que la gravité de la crise avait été « sous-estimée » mais que, grâce à son action, et peut-être parce qu’elle a été trop efficace, elle avait provoqué « moins de souffrance » en France qu'ailleurs. Prenant l’exemple du pouvoir d’achat il a comparé les chiffres statistiques –même au plus fort de la crise, il a continué à augmenter- avec la réalité perçue. Une manière de renvoyer les médias à leurs études. « Ce n'est pas un hasard si la France est préservée de tous (les) risques qui pèsent sur la Grèce, l'Irlande ou le Portugal » ce dont on peut se féliciter avec lui.
Pour ceux qui l’ignorent encore, comme Benoit Hamon, il y a un rapport direct entre les choix effectués par le gouvernement et le retour de la croissance. Mais, il est vrai, si le droit de critiquer est abondamment utilisé, celui d’expliquer ce que l’on fait, c’est de « l’autosatisfaction » : tellement fade de banalité … Quand on en est là, c’est qu’on n’a pas grand-chose à dire ni à faire, sinon passer son temps à se regarder le nombril, ce que le PS sait faire le mieux.
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