NUIT D’ANTHOLOGIE
15 juin 2009
Il fallait un spectacle d’exception
pour l’ouverture de ce 60ème Festival d’Anjou. Anniversaire réussi
avec une pièce de Shakespeare en clin d’œil avec le « Roméo et Juliette »
de la première édition, la « Nuit des Rois » jouée magistralement par
des comédiens brillants et inspirés.
Et le choix de Nicolas Briançon s’est
révélé judicieux dans tous les domaines : le texte de Shakespeare, écrit au XVIIème siècle rappelons-le, s’inscrit
parfaitement dans notre modernité, avec ce qu’il faut d’humour et de provocation,
où la finesse se sert de la vulgarité pour être mise en valeur ; la mise en scène bondissante qu’il a
imaginée, relayée par le jeu des acteurs, permet de tenir le public par le
rythme endiablé des situations les plus inattendues passant de la pose
romantique au burlesque hilarant ; enfin, le choix des acteurs qui jouent leur partition au plus juste, avec
une fraîcheur et un enthousiasme qui ont vite séduit le public.
Dans ce registre, impossible de
délivrer des mentions qu’il s’agisse du « fou » jonglant avec les
mots et susurrant ses chansons d’une voix doucement modulée, du majordome qui
sombre dans sa folie d’arriviste, des joyeux lurons en kilts qui nous servent
une gigue endiablée ponctuée de « ferme
ta gueule » tonitruants, une Viola qui fait oublier sa taille fluette
par un jeu très pointu, une Olivia resplendissante de beauté…. Dans des costumes
résolument contemporains, ce qui renforce la proximité que le public peut
trouver dans le texte, qui, pourtant, a été scrupuleusement respecté par une
transcription méticuleuse.
Voilà une pièce qui alterne les
bouffonneries dignes des farces de Molière, des jeux de rôles dont on peut
imaginer que notre grand dramaturge s’est inspiré, comme ce passage dans lequel le « fou »
imite plusieurs personnages dans l’obscurité et qui fait penser immanquablement
à une scène des Fourberies de Scapin, avec des moments d’une grande subtilité
sur le sens des mots ou l’analyse du sentiment amoureux. Modernité de l’intrigue aussi dont on peut
penser que Musset s’est inspiré pour écrire son mélodrame des « Jeux
de l’amour et du hasard ». Il y avait des parentés de textes entre Molière
et Cyrano. Rien d’étonnant à ce que le génial Shakespeare ait été source d’inspiration
pour nombre d’auteurs…
Une « Nuit des Rois » qui
restera dans les annales, et bien mise en valeur par le décor du château du
Plessis Macé, tout-à-fait dans le ton.
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