COTIS AU RAPPORT
04 juin 2009
Le
directeur général de l’INSEE, Jean-Philippe COTIS, avait été chargé par le Président de la
république d’un rapport sur le partage de la valeur ajoutée et des profits.
Celui-ci lui a remis le fruit de son travail il y a une quinzaine de jours. Ce
rapport était très attendu. On sait en effet, que Nicolas SARKOZY veut aboutir
rapidement sur ce dossier épineux. Aussi, il est important de savoir ce que
nous apprend l’état des lieux observé par le directeur de l’INSEE.
D’abord, le
pouvoir d’achat des salariés a faiblement augmenté depuis vingt ans : 0,8%
par an en moyenne. Ce qui est en cause, ‘est la faible qualité des emplois
créés en France. Le partage de la richesse produite est resté stable et 2/3 de
cette valeur sont allés à la masse salariale, 1/3 aux profits et aux
investissements. Pourtant, malgré cet abondement plutôt généreux, les salaires
n’ont pas augmenté suffisamment. Il l’explique par la faiblesse des gains de
productivité, contre toute attente, puisque nous nous targuons d’avoir l’une
des productivités les plus élevées du monde. Mais les emplois créés sont en
général peu qualifiés, donc moins bien rémunérés, de sorte que l’écart ne cesse
de se creuser entre les fonctions à faible valeur ajoutée et les emplois plus
productifs. Il en résulte une inégalité considérable entre les revenus.
Ensuite,
les contrats à durée brève type CDD sont une source de précarité, même si leur
multiplication accroît beaucoup la masse salariale. Et la France vient de
retomber, avec la crise, dans l’ornière d’un chômage massif alors qu’elle
commençait tout juste à se débarrasser d’un chômage structurel hérité des deux
chocs pétroliers. Le manque d’emplois exerce forcément une pression importante
sur ceux qui en ont un. Il est alors facile d’opposer à des revendications le
risque de suppressions de postes que dicterait une augmentation de la masse
salariale.
La
dictature de la bourse apparaît dans le rapport avec une forte hausse des
dividendes depuis les années 1990, qui n’a pu se produire qu’au détriment des
salaires. Cet effet s’ajoute à la réduction du temps de travail. On a dit que
la productivité suffisait à compenser le passage aux 35 heures. En réalité, les
RTT ont exercé une force hostile aux augmentations de salaires. La vérité est
que les salaires ont payé la RTT en travaillant autant pendant 35 H que pendant
39, et les embauches n’ont commencé à reprendre, avant la crise de 2008, que
grâce au départ à la retraite des « baby-boomers » et à une
démographie en baisse qui a envoyé moins de jeunes sur le marché du travail.
Hausse des
dividendes, diminution du temps de travail, faible qualification… Ne reste plus
qu’à ajouter au tableau la « mondialisation » qui continue de
favoriser les délocalisations, donc la suppression de postes, ce qui ne favorise
pas la hausse des salaires.
On voit
bien que la piste suivie par Nicolas SARKOZY d’affecter les profits de
l’entreprise selon la règle des 3/3 (1/3 aux actionnaires, 1/3 aux salariés,
1/3 aux investissements), idée combattue par le MEDEF, n’est pas de nature à
augmenter les salaires et réduire les écarts entre eux. Ce que le rapport COTIS
nous dit surtout, c’est l’impératif d’une formation qui crée des employés très
qualifiés, les seuls qui, ces temps-ci pourront trouver un emploi.
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