Le bloc-notes de Daniel Houlle

Décidément, dans ce pays, on fait de la politique étrangère avec des querelles de clocher. Décrire l’OTAN, comme le fait l’ancienne candidate socialiste, comme une sorte de dragon pernicieux et périmé, nous montre une fois de plus qu’elle sacrifie la réflexion approfondie à sa volonté de se distinguer comme l’opposante résolue au sarkozisme, comme s’il s’agissait moins d’exprimer une inquiétude que de damer le pion à sa consoeur Martine. Mais on ne dirige pas la diplomatie d’un pays avec des postures. Donc, comme le Président a pris, avec le gouvernement, la décision de réintégrer complètement le commandement de l’OTAN, les socialistes, décidément plus gaullistes que jamais (que ne le furent-ils pas quand il le fallait ?), se sont emparés du dossier comme un dogue saute sur son os. Et voilà qu’on dénonce avec des trémolos patriotiques dans la voix le « renoncement à la souveraineté française ». Plus théâtral, tu meurs !

Qu’en est-il ? D’abord, au cours des cinquante années qui viennent de s’écouler, nous n’avons pas été absents de l’OTAN. La France est membre fondateur de l’Alliance Atlantique et elle en est l’un des principaux contributeurs. Elle a participé aux opérations en ex-Yougoslavie et encore aujourd’hui en Afghanistan. Rien ne nous obligera, même en tant que membre à part entière, à nous engager dans un conflit. Encore faut-il rappeler que « l’alliance » a tenu tête à l’URSS menaçante de la guerre froide, qu’elle a contribué à l’effondrement du bloc soviétique et qu’elle est encore aujourd’hui l’unique protection des nouvelles démocraties de l’Est contre une Russie qui retrouve ses ambitions impériales. N’y voir qu’une expression de l’hégémonie américaine est une caricature.

L’idée qu’il existe une doctrine gaulliste qui repose sur la souveraineté totale de la France n’a plus guère de valeur aujourd’hui. Nous ne sommes plus en 1966. Il n’y a plus lieu d’appliquer une politique d’équilibre entre deux blocs, comme le faisait le Général De Gaulle. C’est de l’histoire ancienne. La lutte contre le terrorisme exige un échange permanent de renseignements entre tous les pays qu’il menace. Et la France est autant une cible de l’intégrisme que les Etats-Unis. Et quitte à faire partie de l’OTAN, autant y avoir des postes de commandement, ce qui a été obtenu. Comme Nicolas SARKOZY ne renonce pas non plus à la constitution d’une défense européenne, comme on l’a vu récemment, quand la France prend des places, c’est l’Europe qui y gagne. D’ailleurs, il y a tout à parier que l’Allemagne d’Angela voit cette décision d’un très bon œil.

Le débat politique est trop vif pour être honnête. On touche à un symbole plus qu’à une réalité. Il est temps que la France pèse à nouveau sur les choix stratégiques d’une Alliance qui n’a pas le même rôle à jouer dans un monde multipolaire. Ce que fait le Président de la République n’est rien d’autre que rompre avec une hypocrisie. Au moins la nouvelle position sera-t-elle mieux comprise de tous ses partenaires européens dont 21 appartiennent à l’Alliance.  Ceux qui s’y opposent s’accrochent par posture à un symbole « d’indépendance » qui fait sourire depuis longtemps nombre de nos voisins.