HYPER SENSIBILITE
06 janvier 2009
La crise a pour effet secondaire de développer la peur
de l’avenir chez les gens. Il en résulte une hyper sensibilité à tout ce qui
peut inquiéter ou changer les habitudes. Ce climat bien compréhensible n’est
pas propice aux réformes, pourtant indispensables. Inutile d’expliquer pourquoi
les force « réactionnaires » hostiles à ces réformes par principe ou
par intérêt, vont se charger de les dramatiser.
Ainsi les hospitaliers, par exemple. Ils n’hésitent
pas à se servir de la série d’accidents survenue dans différents services et
ayant eu des conséquences dramatiques, pour faire de la généralisation abusive
et créer ainsi un climat contestataire au moment où Roselyne BACHELOT va
présenter sa réforme hospitalière. Les médecins urgentistes dénoncent un « risque de catastrophe sanitaire »,
rien moins ! Les mots sont choisis
pour frapper les esprits et créer le doute sinon la polémique. Ce n’est pas
très responsable. S’il est vrai qu’il y a un réel problème de personnels dont
les hôpitaux n’arrivent pas à se remettre, c’est bien à cause de l’instauration
des 35H.
Mais qui peut nier que le système hospitalier doit
être réorganisé : il est inadapté aux exigences d’aujourd’hui. S’il en
était besoin, la série que l’on vient de vivre et que chacun aurait bien voulu
éviter, en est une preuve par l’absurde. Il n’est que de constater l’archaïsme
de la gestion des lits…Compte tenu des circonstances des trois décès, rien ne
prouve que plus de moyens (sempiternelle revendication) auraient permis de les éviter.
Quand on est le pays qui consacre à la santé une somme par habitant parmi les
plus élevées au monde, on est en droit de se demander si elle est bien utilisée (la
bureaucratie pompe 70% des coûts de fonctionnement) ! On comprend que la
restructuration prévue par la loi « Hôpital,
patients, santé, territoires » devient un sujet hypersensible, d’autant
plus qu’elle remet en cause bien des mauvaises habitudes et qu’elle concerne
nombre d’élus locaux qui tiennent à garder leur « gros employeur local ».
Ainsi la réforme des lycées, autre exemple, contre
laquelle s’insurge des lycéens bien manichéens et surtout « bizarrement »
informés. Il suffit d’entendre le discours des syndicats enseignants postés en
seconde ligne, à l’abri des retenues de salaire, pour comprendre d’où viennent
les informations. La prolongation du dialogue va faire qu’on en entendra parler
encore un certain temps. Nous aurons donc l’occasion d’y revenir.
Si chacun est convaincu que la situation ne peut plus
rester telle quelle, qu’il faut améliorer ces dispositifs dont les
dysfonctionnements sont patents et les rendements souvent médiocres, alors
encore faut-il que pour être envisageable, la réforme n’ait pas comme obstacle à
surmonter, sous couvert du dialogue, l’amalgame et la mauvaise foi…pour que surtout
rien ne bouge !
Dans un climat aussi hypersensible, le gouvernement
élargira ses marges de manoeuvre s’il
communique, communique et communique encore, afin de bien être compris par l’opinion
publique. La majorité doit aussi faire preuve de cohésion, ce qui implique de
laisser de côté les sujets secondaires qui ne font pas l’unanimité, comme la
bataille du « dimanche » dont la cacophonie a été désastreuse.
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