« Annus horribilis », l’année 2009 ? C’est l’expression qui revient
souvent chez les commentateurs et chroniqueurs. Les Français, bien qu’inquiets
–on le serait à moins- n’y croient pas vraiment si l’on se réfère au dernier
sondage publié par Ouest-France. Leur moral aurait même remonté par rapport à
l’été dernier. Allez comprendre !
Une année exécrable nous
attend. Acceptons-en l’augure pour en apprécier la moindre amertume si elle est
moins moche que prévue. Elle sera
exécrable au moins à trois points de vue.
Sur le plan économique
d’abord. La crise ne fait pas de cadeau à l’économie et particulièrement aux
pays où les activités financières sont prédominantes comme la Grande Bretagne
et l’Espagne. Avec l’immobilier, c’est la moitié de leur produit national brut
intérieur qui est atteint. Et si la France est moins touchée compte tenu de la
part énorme des dépenses publiques (54%) dans la richesse nationale, le marasme
qui touche le bâtiment et l’automobile est sans précédent. La crise du crédit en
est la cause première évidemment.
Sur le plan social ensuite.
Le risque est grand en effet d’une exploitation politicienne des difficultés
que le monde traverse. La surenchère que l’extrême gauche ne va pas manquer de
provoquer sur le front de l’emploi et du pouvoir d’achat, en exploitant
l’avalanche de statistiques épouvantables à laquelle il faut s’attendre, pourrait
déboucher sur une situation incontrôlable. Espérons que la mise en place du
RSA, qu’il faudrait peut-être accélérer, et les différentes mesures
d’assouplissement du financement du chômage technique, de la formation
professionnelle et autre « traitement social du chômage »,
permettront d’endiguer ces velléités.
Sur le plan international
enfin. Le règlement de cette crise profonde passe en effet par des décisions
que la communauté internationale doit mettre en œuvre pour une meilleure
régulation et un contrôle plus exigeant des marchés financiers et du commerce
mondial. Mais dans ce contexte, le danger du retour du protectionnisme est le
principal écueil. La tentation du chacun pour soi serait la pire réponse. Elle
conduirait à accroître encore les inégalités entre pays riches et pays pauvres,
promettant un terrain fertile pour les radicalismes de tout poil. De même, la
dévaluation du dollar est inéluctable. Elle contribuera à renforcer l’Euro, et
ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour l’Europe.
Il nous reste à espérer que
les efforts engagés par Nicolas SARKOZY depuis dix huit mois pour libérer les
énergies portent leurs fruits, et que l’arrivée de Barak OBAMA à la Maison Blanche
soit suffisamment convaincante pour faire repartir le mouvement. Car c’est des
Etats-Unis qu’il repartira. Sinon….
Entre purgatoire et enfer, la marge sera ténue.
Une précision sur la crise immobilière : elle n'est pas due à la crise financière, c'est la crise financière qui est la conséquence de la bulle immobilière.
Depuis 2002, les prix de l'immobilier se sont déconnectés des revenus et se sont envolés. Les responsables ? Tous ceux qui ont eu intérêt à alimenter cette bulle en nous faisant croire que c'était une évolution normale. Et de donner des explications fumeuses : le nombre de divorces qui augmente (pipeau), le nombre de ménages qui augmente (pipeau), le manque de logements (pipeau, la France est le pays européen au taux de logement par ménage le plus élevé),... Alors on peut accuser nos gouvernements qui ont abandonné au privé l'aménagement du territoire à grands coups de De Robien ou autres Besson. Les collectivités locales ont touché le jackpot des droits de mutation (elles n'ont pas diminué leur train de vie et se trouvent fort dépourvues quand la bise est venue), les agents immobiliers qui ont tondu les primo-accédants. Les particuliers sont coupables aussi, coupables d'avoir pensé que le parpaing était de l'or.
Je vous passe tous les pseudos-experts qui conseillaient encore l'achat il y a quelques mois.
Maintenant, on se lève et on a la gueule de bois. Je connais bien ce marché, croyez-moi, le réveil sera douloureux et long. Nous avons été excessifs à la hausse, la baisse sera vertigineuse...
Rédigé par : lucien martin | 06 janvier 2009 à 18:50