LE MONDE QUI NOUS ATTEND (2)
04 septembre 2008
Les pays du sud sont devenus des acteurs à part entière de l’économie mondiale. Le G7 (Canada, France, Allemagne, Italie, Royaume Uni, Japon, Etats-Unis) ne produit plus que la moitié de la croissance mondiale depuis 2001 et le déséquilibre s’accentue en faveur des pays émergents qui détiennent les 2/3 des réserves de change et 3 000 milliards de dollars de fonds souverains. Les matières premières, la main d’œuvre et l’argent sont maintenant au sud. Il ne manque plus que les idées. Notre avance en ce domaine diminue et ne durera pas longtemps. Le nombre des étudiants chinois avoisine les 5 millions, dont les 2/3 étudient les matières scientifiques.
Le pouvoir commence à échapper à l’Occident pour la première fois depuis plus de 300 ans. Les multinationales qui assignaient autrefois des tâches bien spécifiques aux entreprises des pays émergents voient se développer des géants qui développent leur propre marché et modèles : Mittal Arcelor, Tata, Bajaj Auto, Goodbaby…. Nos marques emblématiques comme Lanvin ou ST Dupont sont rachetées par les Taïwanais ou les Sud-Africains au point que nous devons veiller à préciser les normes du Made in France pour maintenir le haut niveau du luxe français.
En fait, les pays occidentaux sont perdants : ils payent la facture de la hausse des matières premières et de la sous-évaluation des devises asiatiques. En 40 ans, un milliard d’hommes ont accédé au confort moderne. L’an dernier le monde a échangé 12 000 milliards de dollars de marchandises et de services. Cette formidable accélération s’accompagne d’une modification profonde des échanges commerciaux. Les pays occidentaux n’assurent plus que 59% des exportations mondiales, celles des pays émergents a bondi de 28 à 37% et surtout, 17% des échanges se font désormais dans un commerce sud-sud. Ce déséquilibre ne peut que s’accentuer tant que persisteront les règles actuelles de l’OMC qui permettent un dumping permanent. La globalisation non seulement n’a pas démocratisé nos partenaires (les pays à économie planifiée représentent 40% du PIB mondial) mais elle a contribué à nous faire vivre au-dessus de nos moyens.
La conséquence principale de ce constat est qu’il faudra bien à un moment se serrer la ceinture. Et les Etats-Unis les premiers, mais ils n’y sont pas prêts, alors que leurs 16 000 milliards de dollars de dette extérieure sont de moins en moins financés par les capitaux étrangers qui se tournent –c’était prévisible- vers l’Asie plus sûre et plus rentable. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont laissé filer le dollar : vont-ils continuer à dévaluer en douceur et faire payer le reste du monde, notamment l’Europe. Aucun des deux candidats à la Présidence ne tient un discours vraiment réaliste à ce sujet.
On le voit bien, des changements profonds d’objectifs, de structures, de moyens et de mentalités attendent les Français, les Européens et les Américains, qui sont sans commune mesure avec ceux qu’ils ont connus jusqu’ici.
Dans ce contexte, le débat sur la privatisation de notre poste apparaît bien mesquin. Mais c’est l’urgence de l’Europe qui s’impose si l’on veut garder l’espoir que nos enfants ne vivront pas plus mal que nous.
Heureusement, nous avons encore des atouts à faire valoir. Et la révolution verte peut nous aider….
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