LE MOMENT LISNARD
25 novembre 2024
La semaine dernière se tenait le congrès annuel des Maires de France, organisé par l’AMF (Association des Maires de France) présidée par le Maire de Cannes, David LISNARD. Une occasion pour lui de faire le tour des médias pour faire entendre sa petite musique libérale et décentralisatrice. Et aussi une manifestation très réussie par le nombre de maires et de personnalités présents dans la salle et les multiples tables rondes.
David Lisnard, jusque-là personnalité plutôt discrète, a-t-il réussi sa percée médiatique ?
Au moins il n’aura pas ménagé ses efforts pour faire entendre la voix des élus locaux. Le président de l'AMF ne veut pas que le gouvernement « vienne piocher dans [les] efforts [des collectivités] pour alimenter le puits sans fond d’un État qui, lui, ne se réforme jamais et ne s’applique pas les efforts qu’il demande aux autres ». Il a dénombré « 438 organismes d’État », « créés depuis 20 ans, qui consomment 82 milliards d’euros de crédits par an, qui emploient 400 000 personnes et produisent de la contrainte ». Il déplore que « tous ces services aient un pouvoir de blocage sur les dossiers, aucun n’ayant une capacité d’autorisation à lui seul ». C'est la raison pour laquelle la France a plus de dépenses publiques qu’ailleur : « Il y a plus de prélèvements mais il y a moins d’efficacité qu’ailleurs. C’est la multiplication des structures qui parasite l’activité », constate-t-il. Aussi demande-t-il au Premier Ministre de prononcer tout de suite, « un moratoire sur les normes supplémentaires ». Selon lui, les normes nuisent à l'efficacité de l'action politique. « Depuis deux ans, ces suppléments de normes, ce sont 4,2 milliards d’euros de plus qui pèsent sur nos finances ». David Lisnard attend des propositions gouvernementales qui soient à la fois bénéfiques aux comptes publiques de l’État et qui ne soient pas négatives au service public local car les mesures annoncées jusqu’à maintenant sont des mesures récessives.
Un congrès très réussi.
Michel Barnier est venu à leur rencontre et participer à la séance de clôture pour leur adresser un message de confiance dans un contexte budgétaire et politique d’une complexité inédite. Il a affirmé qu’il souhaitait incarner une nouvelle méthode de dialogue, comme pour rompre avec des travers du gouvernement précédent largement dénoncés par l’AMF. « Il n’est pas juste de montrer du doigt les communes et les collectivités territoriales comme si elles étaient responsables de notre déficit. Ce n’est pas juste et je ne le ferai pas », a promis Michel Barnier avant de dévoiler une sorte de vaste plan de libération des communes. Si le premier ministre s’est voulu rassurant sur la préservation de l’investissement public local, il a placé son intervention sous le signe de la « liberté » en annonçant plusieurs chantiers. Il s’est engagé aussi à mettre un terme à l’inflation normative. D’ici le début de l’année 2025, un texte sur le statut de l’élu sera également proposé à l’Assemblée nationale. « Nous montrerons ainsi à nos concitoyens qu’être élu n’est pas un engagement comme un autre », a-t-il insisté. Le premier ministre s’est dit également ouvert à une « réflexion pluraliste » sur l’interdiction du cumul des mandats. Pour conclure, rappelant la situation d’extrême urgence du pays, Michel Barnier a tracé la perspective d’un plan gouvernemental de « réforme et de progrès » sur trois ans. « Le gouvernement tout entier y travaille. Nous ne le ferons pas seuls. Et je n’imagine pas (…) que l’on réussisse ce plan de trois ans autrement qu’avec les communes », a-t-il conclu, bien conscient des incertitudes pesant sur sa durée de vie à Matignon.
Un destin national.
David Lisnard, par ailleurs, ne cache plus son envie de se présenter en 2027 à l’élection présidentielle, si les conditions sont réunies, évidemment, car il n’a nulle envie de faciliter l’élection ni de Jean-Luc Mélenchon, ni de Marine Le Pen. Il a récemment lancé publiquement une invitation à ses partisans réunis près de Cannes : « Prenons les choses. Soyons leader. Prenons des initiatives. Le temps est à l'audace. Il faut renverser la donne, renverser la table et bâtir une nouvelle espérance pour la France. C'est aujourd'hui que tout commence ! ». En l’écoutant résumer la problématique nationale en trois questions (Faut-il réformer le pays ? Comment ? Et comment gouverner maintenant ?), on pourrait deviner chez lui une forme d’impatience à agir. Il assure que le projet de son parti, piloté par l’ancien ministre Hervé Novelli, sera bientôt capable de répondre à ces questions et à proposer des moyens de relever les défis écologiques, démographique, économique et géopolitique du pays. Il veut que « Nouvelle Énergie » soit le mouvement de « lutte contre la fatalité » de toutes les crises françaises. Depuis dix ans, ce maire-manager, pourfendeur éternel de la bureaucratie, a montré l'exemple, réussissant dans sa ville à investir efficacement tout en réduisant la dette. Grand sportif, David Lisnard possède une photo avec Mike Tyson qu'il adore montrer aux visiteurs. Un message sur les risques encourus à trop l'énerver ? Son passage sur les plateaux télés aux heures de grande écoute n’est pas passé inaperçu, interviewé par des journalistes médiocres, incapables de sortir de leurs schémas préétablis. Il a souvent fallu qu’il bataille pour imposer son raisonnement et ses arguments chiffrés face à des interlocuteurs décontenancés par un discours qu’ils semblaient ne pas comprendre. Entre deux marathons, l'hyperactif président de l'Association des maires de France, réélu en 2023, Pourfendeur de l'islamisation et de la « tyrannie woke », partisan d'un choc libéral et de la retraite par capitalisation, tente d'incarner une « nouvelle énergie » à droite.
Manifestement il ne s’en laisse pas conter. Yes we Cannes !
Commentaires