HISTOIRE
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LA FRANCE, L’ISLAM ET LA CULTURE DU DENI

Laicite

 

Depuis quelques temps, notre pays est particulièrement exposé à la violence. Le terrorisme islamique vient en tête du palmarès, si je puis dire, avec plus de 250 morts et près de 1 000 blessés, depuis janvier 2015. Celle des groupes gauchistes ultra vient ensuite et se manifeste surtout par des dégradations et des exactions. Si la sécurité est la première des libertés, la propagation et la répétition des phénomènes violents constituent le principal moteur de l’affaiblissement des démocraties, y compris de la nôtre. La solution tellement facile serait de faire appel à des pouvoirs autoritaires qui ne manqueraient pas de s’appuyer sur la promesse du rétablissement de l’ordre pour mettre à bas ou amputer l’Etat de droit. La violence est une des causes majeures du populisme, particulièrement en France. Et avec l’Islam, la sécurité apparaît comme l’angle mort du quinquennat, ouvrant un boulevard politique au Rassemblement National. Or l’Etat préfère être dur et impitoyable envers nos concitoyens, soumis à une surveillance numérique généralisée au mépris des libertés pour vérifier leur situation fiscale, et faire preuve de mollesse quand ce n’est pas d’impuissance face aux islamistes. Evidemment, la religion en tant que telle, doit être respectée et défendue au nom de la liberté de pensée ; l’islamisme, en tant que projet politique, parce qu’il est liberticide, doit être combattu avec tous les moyens de l’Etat de droit. La manifestation d’hier, au nom de la lutte contre « l’islamophobie », en inversant les paradigmes, apporte plus de confusion que de clarté. La collusion avec la gauche communautariste, naguère aux avant-postes de la défense de la laïcité, permet tous les excès. Que penser d’un orateur qui fait crier « Allah Wakbar » à la foule en guise de conclusion, en écho à ce cri qui retentit sinistrement après les assassinats à Charlie Hebdo, sinon qu’il cherche à souffler sur les braises de la haine et de la violence.

L’incapacité de l’Etat à traiter l’islam.

Dans un livre très documenté, « Déni français, notre histoire secrète des relations franco-arabes »,  Pierre Vermeren, l’historien spécialiste de l’histoire du Maghreb et des relations de la France avec le monde arabe, expose cette incapacité de l’Etat à traiter comme il faudrait les questions que soulève l’Islam en France. Il le fait en s’appuyant sur l’étude de l’immigration sur la longue durée,  l’examen des inhibitions et des a-priori idéologiques qui ont nui à la lutte contre le terrorisme, l’observation de la politique catastrophique de Paris sur le dossier syrien … tant d’éléments qui éclairent les tours et détours d’une politique souvent illisible. Pour l’historien, il est grand temps de sortir des non-dits.

Quelques clés de compréhension.

Bataille d’influences.

Les musulmans de France et leurs divers islams sont pris en étau entre plusieurs hégémonies dont deux dominent. Ce sont les Etats étrangers qui veulent les soumettre aux normes de leur Islam pour mieux les surveiller et qui les considèrent de jure comme leurs ressortissants. L’Algérie tient une comptabilité très précise de ceux-ci, ils sont cinq millions selon ses chiffres internes. Cette allégeance est encore plus nette dans le cas du Maroc, puisque cette « filiation » repose sur la fidélité personnelle au commandeur des croyants et calife qu’est le Roi, dont nul ne peut s’abstraire en droit religieux.  A l‘ingérence de ces deux Etats, s’ajoute un ensemble d’organisations fondamentalistes, salafistes ou fréristes, paraétatiques ou privées qui exercent une influence internationale notable. La France qui s’était d’abord appuyé sur l’Algérie a accordé ensuite plus de responsabilités au Maroc. C’est qu’il faut tenter de contrôler le flux des imams et des fonds de l’Islam en France.

Course à la construction des mosquées.

Devant la confusion de la situation, Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l’Intérieur, a voulu y remédier en dotant les pouvoirs publics français d’un interlocuteur collectif pour le culte islamique. Le CFCM n’empêchera en rien les ingérences des Etats ou des organisations islamiques, qui au contraire vont instrumentaliser la nouvelle structure pour influencer l’Islam de France.  Le ministère a aggravé la situation en établissant que les élus du CFCM correspondraient au nombre de m2 de mosquées  contrôlés par tel ou tel groupe. On a alors assisté à une course internationale à la construction de mosquées, et à une lutte de clans pour les sièges au CFCM.

Tâtonnements.

Quelles que soient les solutions ou les arrangements, dès lors que l’Etat français s’en mêle, les musulmans qui paraissent « collaborer » sont aussitôt démonétisés. Les dirigeants français pensent toujours qu’une religion, c’est un clergé et qu’un clergé ça se gouverne. Or l’Islam sunnite n’a ni clergé, ni pape et toute figure qui s’en réclame est aussitôt déligitimée si elle apparaît en relation avec une main étatique chrétienne ou laïque. L’Etat étant lui-même empêtré entre le Bureau des cultes, le médiateur de la République, l’Elysée, Matignon et sa « Dilcra », les commissions parlementaires…

Le projet des Frères musulmans.

Les Frères musulmans voient dans leur présence en terre occidentale une revanche sur la domination européenne du XIXème siècle, qui s’était emparée de terres islamiques. Ils considèrent que Dieu leur a ouvert le temps de l’offensive et de la reconquête des territoires par les berceaux et la prédication qu’elle soit salafiste ou wahhabite. Les noms donnés aux mosquées en disent long. Et ce n’est pas une vue de l’esprit : cette doctrine s’exprime ouvertement.

Lobbying et ingérence.

Il se trouve que depuis Jacques Chirac, le personnel politique et les fonctionnaires qui sont arrivés au pouvoir n’ont ni les relations ni les amitiés anciennes avec des responsables étrangers, surtout en Afrique. L’Elysée est donc en position de faiblesse face à des Etats, à des gouvernements, à des groupes de pression qui l’attendent de pied ferme. C’est ainsi que le nouveau tour des relations avec le monde arabe a versé dans une diplomatie parallèle et une périlleuse confusion des genres. Une politique d’ingérence et d’influence sur la présidentielle française est désormais menée ouvertement et sans scrupule au gré des intérêts patrimoniaux ou nationaux. L’auteur affirme même : la politique d’influence s’est transformée en ingérence directe.

Le chaudron du Maghreb.

Le bouillonnement actuel du Maghreb ne facilite pas les choses. Sentiments et frustrations hantent la relation franco-maghrébine. La France ne pourra pas l’occulter indéfiniment, pas plus qu’elle ne pourra construire dans une bulle l’Islam sur le sol national.

Quelles solutions ?

« L’Islam de France , le temps des solutions. 35 propositions pour agir maintenant », c’est le titre du dernier rapport de l’Institut Thomas More. De quoi relever le défi à travers les questions comme la laïcité, le voile, le burqini, les prêches radicaux, le financement des mosquées, les sorties scolaires, les cantines, les revendications communautaristes... ». Il est temps d’agir. Mais qui le fera ?

 

 

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