HISTOIRE
DEBOUT POUR LA REPUBLIQUE
RETOUR SUR TERRE

LA TRAGEDIE A OUVERT LES YEUX DES FRANCAIS

     Manif charlie Manif Charlie Angers
  

Des millions de Français dans la rue, 45 000 à Angers, du jamais vu depuis une éternité. La mobilisation a été à la hauteur de l’horreur des massacres de ces jours derniers. Voilà une belle démonstration de l’attachement du peuple aux valeurs de notre République et du refus du fanatisme.

Le temps de l’émotion et du recueillement passé, il est temps d’entamer la réflexion et le débat que des événements aussi tragiques rendent nécessaires. La première leçon à tirer est qu’il existe bien une identité propre à la nation française qui s’est exprimée dans l’ampleur inhabituelle et historique de la participation populaire aux manifestations de samedi et dimanche. Cette identité ne peut évidemment se résumer à notre attachement à la liberté d’expression qui n’est qu’une facette de la liberté de penser, principe fondateur de la République et de notre démocratie occidentale. Mais elle en est un symbole emblématique. Nous venons de prendre conscience qu’une guerre nous est imposée sur notre sol, elle menace notre manière de vivre et notre conception une et indivisible de la République. Il nous faut donc combattre. Ces tueries nous imposent de nous demander comment on en est arrivé là, ce qui oblige à faire l’examen des faits et à établir des responsabilités, puis de se demander quelles sont les réponses à apporter.

Mais d’abord, comment en est-on arrivé là ?

Il ne doit pas nous échapper que l’ignoble crime a été commis par des enfants français. Ce n’est pas comme si cette « exécution » avait été commise par des gens venus de l’extérieur. A ce constat, il faut ajouter les dizaines de djihadistes français partis au Moyen Orient. Il faudrait encore y ajouter les difficultés rencontrées par de nombreux enseignants pour faire respecter par leurs élèves musulmans la minute de silence jeudi dernier ou encore ces jeunes qui font le « V » de la victoire dans le dos des journalistes des chaines d’info en continu… Autant de comportements qui nous montrent l’ampleur du mal qui ronge notre société. Aujourd’hui on veut nous montrer le spectacle d’une unité républicaine sans faille,  toutes autorités confondues, responsables politiques et religieux en tête. Mais peut-on être certain que derrière cette unité de façade, il y a bien une acceptation voltairienne de la liberté par tous qui place le droit de dire et de caricaturer au-dessus de l’accord ou du désaccord avec ce qui est dit ou dessiné.

La droite porte une responsabilité pour ne pas avoir réussi à mener à bien le débat sur l’identité nationale et ne pas avoir conçu la politique d’assimilation telle qu’elle aurait dû être menée, s’arrêtant trop souvent en chemin avec des demi-mesures. Les lois de renforcement de la laïcité contre la burka ou le port du voile sont bafouées quotidiennement  et n’ont pas apporté de réponse au défaut d’intégration dans les cités tout en renforçant le réflexe communautariste, malgré les efforts consentis en faveur du renouvellement urbain et les milliards déversés dans le cadre de la politique des quartiers.

La gauche, elle, porte une lourde responsabilité parce qu’elle n’a pas de politique convaincante face au communautarisme qu’elle a facilité par idéologie, accentuant la ghettoïsation sociale et religieuse. Elle n’est pas claire sur les réponses répressives ou éducatives à apporter à des réalités qu’elle ne veut pas voir et pourtant ressenties comme insupportables par une partie de la population. Le laxisme de la justice cher à Mme Taubira que Philippe Bilger dénonce fortement est en cause autant que les manquements à la laïcité que permet Mme Vallaud Belkacem. Et de fait, depuis deux ans et demi, notre pays a manifesté à l’égard de l’Islam radical une complaisance coupable. Le flirt du PS avec l’électorat des banlieues l’empêche de désigner cet Islam subversif qui s’y cache. Telle est la réalité. « Pas d’amalgame ! », « il ne faut pas stigmatiser »… Tout le monde en est bien d’accord, mais ce temps-là est désormais révolu, parce qu’il est dépassé. 

Alors, que peut-on faire ?

En premier lieu, il va falloir exiger des musulmans de France qu’ils se désolidarisent de l’Islam radical, sans pour autant crier à l’islamophobie. C’est le fond du problème. Car l’Islam de paix et de tolérance est bien trop silencieux. Il convient de poser la question du droit des femmes comme celle du droit tout court notamment par rapport à la charia. Il faut aider l’Islam à se réformer comme l’y invite Malek Chebel avec son manifeste « Pour un Islam des lumières » qui propose entre autre une séparation du politique et du religieux et l’acceptation des règles universelles. Or c’est le chemin inverse qui est emprunté. Voilà pourquoi la religion des musulmans est devenue le sujet d’inquiétude numéro un des Français à égalité avec la crise économique, le chômage et les impôts. Un Islam de France, compatible avec la République est possible. Aidons les Français musulmans de bonne volonté à l’imposer.

Les réponses à apporter sont de deux ordres : répressif d’abord, pédagogique ensuite.

Désormais, nous savons que le pire peut arriver. Le seul moyen de combattre l’acte d’un commando terroriste est d’étendre le pouvoir de la police. Dans ce type de guerre dite « asymétrique », les moyens « non conventionnels » ont leur place : sous De Gaulle on utilisait des « barbouzes » contre les poseurs de bombes. Comme la France, pour de multiples raisons est une cible privilégiée, les forces de l’ordre et les services de renseignements peuvent s’attendre à tout, tant la menace est protéiforme, entre les individus abreuvés de haine par la rhétorique des extrémistes djihadistes, capables d’agir seuls sur le coup d’une pulsion, et les tueurs entrainés qui agissent de façon préparée et sur « commande » sur des cibles privilégiées et soigneusement choisies pour leur caractère symbolique.  Notre législation devra donc encore s’adapter à ces nouvelles formes de violence pour renforcer la détection et le suivi des personnes potentiellement dangereuses. C’est accepter d’en payer le prix pour les moyens en homme et en matériel -la sécurité a un coût-,  et le sacrifice probable d’une partie de notre liberté pendant quelques temps -la démocratie ne peut l’éviter si on veut la préserver- . La tâche est immense car il s’agit aussi de travailler au repérage des réseaux terroristes, d’une surveillance accrue des réseaux sociaux, d’interdire la diffusion des ouvrages prônant l’Islam radical, d’efforts supplémentaires pour lutter contre le djihadisme à l’étranger, de neutraliser les trafics d’armes… Il convient aussi de s’interroger sur le financement des mouvements islamiques, sur le rôle du Qatar, de l’Iran et de l’Arabie, sans quoi il n’y aurait pas d’expansion de l’Islam politique.

Les terrains de cette lutte doivent aussi investir l’éducation dans les familles, à l’école, dans toutes les associations. La prévention de la radicalisation est le meilleur moyen de couper le recrutement, les extrémistes fondamentalistes ayant une prédilection pour les jeunes déstabilisés ayant sombré dans la délinquance. C’est aux parents, aux professeurs et aux éducateurs qu’il faut confier la mission de détection des adolescents à risque. C’est aussi dans les prisons qu’il faut intervenir pour mettre fin à un embrigadement connu de tous. Il faut certainement aussi un vaste programme de politiques urbaines, scolaires, sociales, axées sur l’unité nationale. La laïcité ne doit faire l’objet d’aucune exception car elle est la garante de la cohésion nationale. Encore faut-il non seulement l’enseigner mais l’appliquer au quotidien. Elle sera d’autant mieux comprise qu’elle pourra s’appuyer sur une culture humaniste correctement assimilée, qui passe par la connaissance des auteurs du XVIIIème siècle, jugés ringards aujourd’hui et mis à l’index, et de notre Histoire que l’on édulcore un peu plus à chaque réforme. Quand une jeune française musulmane pourra choisir librement son mari, y compris en dehors de sa religion, et s’habiller  autrement qu’avec une robe sur un pantalon, nous saurons que nous avons gagné la partie. D’ici là, le chemin risque d’être long.

L’exécution des journalistes de Charlie Hebdo avec toutes les victimes collatérales ont été un électrochoc et les manifestations d’aujourd’hui témoignent d’un sursaut. Il ne faudrait pas que demain, le déni l’emporte à nouveau.

 

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