LE CARNET DE CAMPAGNE DE SERAPHIN
24 janvier 2012
Le rythme hebdomadaire du carnet de campagne commence à se révéler insuffisant pour rendre compte des activités et déclarations des uns et des autres. Et une page ne suffira bientôt plus pour évoquer les pérégrinations outre-mer de l’un et de l’autre, du calvaire de Christine Boutin sur son chemin de Compostelle des signatures, des embardées d’Eva Joly qui se trompe de campagne en réclamant l’annulation des élections… russes, du chemin solitaire du « poor lonesome » candidat de Villepin qui boit son petit noir dans les bars incognito en menant son train avec les moyens du bord.
Le ton est monté en même temps que le prix de l’essence : après Ségo, c’est François qui a demandé le « blocage » des prix des carburants, quand d’autres se prononçaient sur une TIPP flottante, ignorant probablement la volatilité du liquide concerné et le peu d’effet qu’elle eut quand elle fut appliquée. C’est l’écologiste Yann Werhling qui a remis les pendules à l’heure qualifiant ces propositions de « coûteuses et antiécologiques ».
Autre sujet de la semaine, c’est la suite du AAA devenu AA+ : pour les bourses et les banques, RAS ! Les bourses ont monté et la France a emprunté cette semaine à des taux plus bas qu’au mois d’août. A quoi servent les agences de notation ? En dehors de l’effet de nuisance politique, à pas grand’chose. Leurs prévisions sont comme des bouchons qui flottent au gré des flots.
A gauche, Harlem Désir a franchi le mur du çon, avec la palme de la sentence la plus démago de la semaine en qualifiant la « TVA sociale » de « TVA scandale ». C’est surtout le déluge de démagogie jailli du discours de François Hollande dimanche au Bourget. Ancrage à gauche compris, attaque contre le monde de la finance, florilège de propositions gratuites (puisqu’on n’a pas de sou) et en même temps assainissement des finances. Et bien entendu, la pensée unique s’est engouffrée pour encenser ce décollage réussi, sauf la mère Ségo, qui s’est sentie blessée par le fait que 2007 soit passé à la trappe dans le cerveau de son ancien compagnon, et par une présence furtive dans le clip sur la vie du candidat… ambiance. Je reviendrai en détail sur ce fameux discours, le temps de l’éplucher. Depuis la controverse s’est focalisée sur le rôle de la « finance » ce qui a permis à « l’amère de Lille » de signer une de ses pensées péremptoires et bien idéologique : « Pas de croissance, si on ne s’attaque pas à la finance ! ». Mais on sait où elle veut prendre l’argent, je vous le dis, mais ne le répétez pas, dans la poche des riches ! Cela n’impressionne pas Poutou qui dit placidement : « Hollande, c’est du baratin ! » et subjugue Mélenchon qui se félicite de la contamination de ses idées sur le candidat du PS.
Le centre reste en ordre dispersé. Pendant que un à un, les députés Nouveau Centre, se rallie à la candidature de Sarkozy, comme Hervé de Charette et Jean-Christophe Lagarde, que Jean-Louis Borloo souhaite que Bayrou soir « évincé » pensant que le « matche se jouera » sans lui, Le berger du Béarn lui « lepénise » son discours et appelle « le peuple à résister », martelant son « indépendance ». Ni droite-ni gauche : combien de temps ça peut durer ? Hervé Morin, à défaut de récolter des points, se vieillit au détour d’une métaphore, incomprise par des médias incultes : né en 1961, il a vu le « débarquement »…
Côté UMP, on commence à s’inquiéter du blocage de Nicolas Sarkozy autour de 25%. On s’apprête à déverser 6 millions de tracts sur le bilan : il serait temps en effet de mener cette bataille, car beaucoup a été fait. Que c’est dur de lutter contre une conjoncture aussi défavorable qui fait la part belle à l’opposition. Et pourtant, la question lancinante que les Français devraient se poser : « ils auraient fait quoi, eux, face à une telle succession de crises ? » Les sorties de plus en plus fréquentes du Président sur le terrain ne sont pas relayées comme il convient. Les médias n’en retiennent bien souvent qu’une petite phrase, le plus souvent celle qui alimente la polémique.
Sur le Front, rien de nouveau. Les projections de « Marine double peine » sur la valeur d’un Franc qu’elle veut entre 09 et 1,15 dollar relève de l’imagination pure, sachant qu’en tout état de cause, sauf à instaurer un cours forcé, ce sont les marchés qui décident de la valeur d’une monnaie. Sa campagne avance donc entre propos ironiques sur tout le monde et élucubrations qui font blêmir les économistes, entre flatteries populistes et nationalisme laïc-anti Islam.
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