« Je ne mangerai plus de cerises en hiver… »
28 avril 2009
Alain JUPPE nous propose, derrière
ce titre évoquant sa fibre écologique, un récit au ton juste où la sincérité
transpire derrière chaque mot. Ceux qui le trouvent distant découvriront la
réalité de l’homme dans toute son épaisseur humaine ; ceux qui le
connaissent déjà apprécieront de partager d’un peu plus près une dizaine
d’années de son parcours.
Ce qui frappe dans son récit, c’est
la lucidité teintée parfois d’autodérision et d’humour d’un homme qui pouvait
prétendre (et peut-être encore) à de hautes responsabilités. C’est en même
temps un récit aux accents poignants quand il évoque la mauvaise farce qui lui
est tombée dessus avec le procès qu’il a dû subir et le châtiment disproportionné
de la première instance.
Mais son ouvrage, et ce n’est pas le
moindre de son intérêt, en même temps qu’il nous ouvre la porte de sa vie
personnelle, toujours avec retenue et pudeur, nous livre la tempête sous un
crâne d’un responsable politique passionné par la chose publique, en prise avec
les évolutions du monde, les transformations nées des progrès technologiques et
la nécessaire modification de nos comportements face au réchauffement
climatique.
Certes, il faut éviter de « manger des cerises en hiver ». Mais
à travers ce livre, on sent que c’est son attachement à sa ville de Bordeaux
dont il est au moins aussi amoureux que de sa femme qui reste le centre de
gravité. Lien exacerbé par l’exil canadien, lien renoué avec impatience et la
complicité des Bordelais. Lien existentiel finalement. En lisant je me
surprenais à entendre la voix chaude au léger accent gascon prononcer ces
formules qui n’appartiennent qu’à lui, pour les avoir entendues tant de fois
dans ses discours.
Reste une énigme. Parmi toutes les
personnalités qui jalonnent ce parcours, il y en a une qui n’est jamais citée,
alors qu’elle a occupé un poste éminent : Hervé de CHARETTE, Ministre des
Affaires Etrangères de 1995 à 1997, quand l’auteur était Premier Ministre. Cela
n’a qu’un intérêt anecdotique, mais c’est étonnant.
La parole libère. L’écriture aussi. Il
fallait, en effet, oser refaire ce parcours comme Alain JUPPE nous en prévient
en introduction. Et je n’ai pas fait le chemin pour rien.
Merci Alain !
Alain Juppé, « Je ne mangerai plus de cerises en hiver », chez Plon.
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