POUR UNE LAICITE QUI TRANSCENDE LE RELIGIEUX
22 février 2008
Le débat que Nicolas SARKOZY a introduit depuis quelques semaines en mettant en avant la place que doit pouvoir occuper la morale religieuse, quelle que soit la religion, touche à l'évolution de notre société sur un point essentiel de son fonctionnement.
Notre laïcité s'est d'abord construite contre l'emprise du pouvoir catholique pour asseoir la République. C'est de ce constat qu'est née la séparation de l'église et de l'Etat en 1905. Concernant cet aspect des choses, on peut considérer le débat comme clos. L'école républicaine est passée par là. Le pouvoir des Clercs ne menace plus la République et on pourrait penser que le moment est venu de réformer une loi dont on ne voit plus très bien l'utilité. C'est compter sans l'apparition des intégrismes, et notamment des religions fondamentalistes, qui progressent sur le territoire de la république. Des intégrismes qui viennent heurter de front notre conception laïque. Alors on s'aperçoit que la loi reste le rempart contre l'embrigadement de l'esprit. C'est grâce à elle que l'on a pu réagir aux tentatives d'imposer le foulard islamique à l'école. Car derrière les symboles, il y a toujours les valeurs.
Voilà pourquoi le discours du Président, pour novateur qu'il soit, inquiète. S'il s'agit d'évoluer vers une conception proche de celle de nos voisins, c'est faire fausse route et ouvrir la voie au renforcement des communautarismes qui sont autant de freins à l'intégration.
Mais s'il s'agit, en reconnaissant la place des morales religieuses et l'influence qu'elles ont eue dans la construction de notre morale républicaine, pour en faire un outil de compréhension mutuelle, de placer la laïcité au-dessus, comme la garante du patrimoine commun compatible avec les valeurs de la République, valeurs indépassables, et qui sont la liberté de penser, la liberté de conscience et l'égalité ; s'il s'agit d'aller vers une laïcité qui transcende le religieux pour valoriser l'éthique républicaine, alors nous pouvons accepter de réfléchir à une autre formulation de la loi. Il faut donc que le Président nous dise clairement où il veut en venir et qu'il associe à sa réflexion les élites de notre pays, comme il a su si bien le faire sur d'autres sujets, pendant sa campagne électorale.
En mettant de côté le problème de la mémoire de la "Shoa", qui ne mérite pas toute la sensiblerie que la proposition du Président a déclenchée. Mais c'est un autre problème.
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