L'APPEL DE BERLIN
26 mars 2007
50 ans de paix et de prospérité, un continent réuni, 490 millions d'habitants, un PIB consolidé le plus élevé du monde, l'Union Européenne c'est d'abord cela. Et ce n'est pas rien. L'arbre de nos petites difficultés ne doit pas nous cacher la forêt foisonnante de l'Europe. Il y a 50 ans, ceux qui ont porté l'Europe sur les fonds baptismaux par le Traité de Rome, pensaient d'abord à guérir l'Europe de son mal principal qui l'avait ensanglanté par deux fois en un demi-siècle : la guerre. 50 ans après, l'espoir est tellement devenu réalité qu'on a fini par oublier cette première et puissante motivation. La "pax europeanna" nous semble acquise pour toujours, et avec le temps l'amnésie est venue dans les têtes des nouvelles générations. Les égoïsmes nationaux, toujours vivaces, ont réapparu, alimentés par l'alourdissement des élargissements successifs et une gestion bruxelloise pas toujours comprise parce qu'elle a bon dos. Combien de nos politiques, pourtant européanistes convaincus, ont dénoncé les directives de "Bruxelles" pour s'affranchir à bon compte d'un débat avec nos concitoyens. Et pourtant, le marché unique, la politique commune de l'énergie décidée il y a quelques semaines, l'euro, la facilité de circulation, les programmes Erasmus pour nos étudiants.... le bilan est remarquable et même extraordinaire. "Unis dans la diversité" : quel beau symbole !
Mais en votant "non", la France et la Hollande ont bloqué le processus d'évolution qui devait mettre le pilotage en accord avec le nombre des états. On est passé de six à vingt-sept pays ! Il est en effet urgent que l'Europe retrouve sa marche en avant, car l'édifice n'est pas encore terminé. Dans le monde tel qu'il est, il faut à l'Europe une dimension politique, sinon, elle mourra. Et il ne faudra pas longtemps pour que les vieux démons réapparaissent, j'en fais le pari !
Il fallait donc une bonne piqûre de rappel. C'est Angela MERKEL qui s'en est chargée. Il y a du DE GAULLE et de l'ADENAUER dans cette femme lucide et volontaire. Et ce n'est pas le moindre des symboles que le 50ème anniversaire du traité fondateur ait été fêté à BERLIN, ancienne capitale du Reich, ville martyrisée par la guerre, ville symbole de la résistance au communisme au coeur d'un pays communiste, symbole aussi de la réunification de l'Ouest avec l'Est du continent. Et c'est de BERLIN, que la chancelière, au nom des peuples européens, lance un appel pour que l'Europe soit à nouveau un horizon de paix et d'espoir partagé. La rénovation des institutions est au milieu du gué. L'ALLEMAGNE tend la main à la FRANCE pour réussir cette relance, car sans union réelle des efforts des deux pays, le moteur de l'Europe ne tourne pas. Nous autres Français, aurions grand tort de ne pas entendre l'appel de BERLIN. Pour notre propre avenir autant que celui de l'Europe !
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