LA CROISEE DES CHEMINS
08 mars 2007
Christophe BECHU ne croyait pas si bien dire : la campagne va finir par être passionnante ! Il est difficile de mener une course en tête dans la durée, dans un pays aussi versatile comme la France l'est aujourd'hui. Les dernières études d'opinion font état d'une montée des intentions de vote en faveur de François BAYROU qui engrange aujourd'hui les dividendes de ses positions successives dans le combat qu'il mène depuis 5 ans contre ce qu'il est convenu d'appeler "l'establishment". Son discours peut plaire à un public divers et hétéroclite déçu par la vacuité de la candidate du PS ou inquiet de l'énergie contenue dans le projet de Nicolas SARKHOZY. Il surfe sur le rejet de la classe politique, mais ce n'est pas sans danger pour lui-même, parce qu'il en fait partie. Et il est étrangement isolé. Sa vision d'une France d'après sa victoire oublie un peu vite le raidissement des talents de droite comme de gauche qu'il vilipende aujourd'hui, de sorte qu'on ne voit pas très bien ce qu'il pourra faire. Son impact dans l'immédiat se limite à l'affaiblissement de Nicolas SARKHOZY.
Son intrusion dans le débat pose plus de questions qu'elle n'en résoud. Au-delà de l'attraction qu'il exerce sur une partie de l'électorat, il faudrait savoir comment et avec qui il gouvernerait et sur quel programme. Car il ne faut pas se cacher que sa victoire éventuelle (on n'en est pas là) et les conditions par lesquelles elle aurait été acquise, créerait de facto une crise institutionnelle. S'il s'agit de mettre en place un consensus mou, la France n'est pas prête de résoudre ses problèmes. Sans parler de la radicalisation qu'entraînerait l'absence de la gauche pour la seconde fois au deuxième tour. Mais il y a gros à parier que la campagne ne va pas être pour lui "un long fleuve tranquille". D'ici la ligne d'arrivée, il ferait bien de fournir des rames à ceux qui le soutiennent, parce qu'il va falloir ramer.
On ne peut souhaiter la victoire de François BAYROU que si on veut voir sortir des limbes la gauche antilibérale, aujourd'hui éclatée, et conforter le pôle ultra conservateur du Front National qui n'attend que cette aubaine. Rejeter le clivage droite-gauche sur les extrêmes, est-ce une bonne chose ?
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