Le livre d'Eric BESSON : "Qui connaît Madame ROYAL ?" pourrait être compris comme un pamphlet vengeur par qui ne connaît pas le fonctionnement interne de nos partis politiques. Il n'en est rien. Il est l'expression d'un ras-le-bol devant des comportements et des agissements et en même temps un cri d'alarme, une tentative -véhémente, certes- pour ouvrir les yeux de l'opinion publique sur la vraie nature de la candidate socialiste. C'est l'appel de détresse d'un militant sincère et convaincu qui a beaucoup donné mais qui décide de ne plus cautionner. Par respect pour lui-même, par respect de son idéal. Un homme qui reprend sa liberté est toujours un danger pour ceux qu'ils l'ont laissé (ou fait) partir.
Quelques extraits choisis.
Ouvrez le ban : "... Ségolène, elle, décide, même pas en majesté, mais dans des inspirations quasi divines. Le verdict tombe par surprise et il faut s'y adapter... Un pouvoir ultra personnel, sous des formes évidemment charmantes, pleines de bonnes intentions affichées,de discours compatissants et de leçons de morale. Une com' sirupeuse, s'il y en eut. Mais cette com' masque un pouvoir personnel sans contrôle aucun, qui annonce le pire si jamais elle l'emporte. Sans élaboration collective ni débat, on est dans l'arbitraire pur et simple... et cet arbitraire ne peut que conduire à la catastrophe..."
Aux couleurs : "Je ne suis pas une pauvre victime du méchant Parti Socialiste, mais un homme politique qui rompt, parce qu'il ne veut plus assister en silence à un processus qu'il juge dangereux... J'ai expérimenté la chaleur des combats partagés, le bonheur de convaincre. Mais ce n'était pas un jeu. C'était énormément de travail. Le mien et celui de dizaines d'experts, de bénévoles que je mobilisais sans compter depuis des années.... Mais j'ai compris que tout ce travail ne servira à rien. Notre travail est devenu vain en quelques mois. Avec l'aventure ROYAL, on est entré dans le royaume de l'improvisation, de l'amateurisme et de l'apparence.Mon boulot ce n'était plus de construire mais de cacher cette réalité...."
Fermez le ban :" ... Je le dis sans passion aucune, calmement mais fermement : ce que construit Ségolène ROYAL dans cette campagne présidentielle est mensonger et dangereux, pour la gauche et pour la France. Elle prétend porter une rénovation démocratique ? En réalité, elle construit un pouvoir personnel. Elle attise la méfiance envers les élus et la démocratie représentative. Elle joue de sa victimisation, elle instrumentalise le féminisme, les souffrances des femmes, et celle des exclus, pour asseoir son pouvoir. Elle promeut une démocratie participative qui n'est que mascarade. Elle fait croire aux citoyens qu'ils seront les inventeurs de son programme, les vrais héros de son aventure ? Tout le monde sait que c'est faux. Seule sa propre gloire la motive. Elle use et abuse de démagogie. Elle prétend briser les tabous, mais elle ne fait qu'accompagner l'opinion dans ses pulsions majoritaires. Et quand elle rencontre une résistance, elle édulcore, se réfugie dans le flou, ne précise rien. Alors tout est possible, tout peut arriver... A l'arrivée, c'est l'arbitraire, des décisions incompréhensibles, l'opinion flattée, distraite, amusée, et des catastrophes économiques programmées... C'est cela le populisme du système ROYAL.Organiser et instrumenter la détestation des élus et récupérer l'adhésion du peuple. Evidemment, c'est sa martingale. Opposer les politiques et les Français, acclimater le poujadisme dans le discours de la gauche, c'est moralement contestable mais visiblement efficace."
Aux morts :" ... Mais je pense, en conscience, que Ségolène ROYAL ne doit pas devenir Présidente de la République. Je ne le souhaite pas pour mon pays. Je le redoute pour mes enfants."
Ce qu'il ressent, il m'est arrivé de le ressentir quand j'occupais des fonctions plus ou moins "d'appareil" au Parti Républicain. Ce que les gens ignorent souvent, c'est la composition de l'entourage de ceux qui nous gouvernent, mélange de technocrates énarques (évidemment), de courtisans et de "Rastignacs prêts à tout" pour arriver. Le travail en profondeur des militants sincères y est souvent bafoué, surtout quand ce qui remonte du terrain contrarie les certitudes technocratiques ou courtisanes.
Cet homme est sincère. Mieux vaudrait pendre en compte sérieusement sa mise en garde.
