HISTOIRE
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ECONOMIE NIPPONNE : UN EXEMPLE A SUIVRE ?

 

Abe

Le mirage de la dévaluation compétitive trotte encore dans la tête de certains de nos gouvernants, de droite comme de gauche, surtout de gauche. Avec dans l’esprit l’idée que ce type de manipulation monétaire pourrait nous éviter des mesures douloureuses que le gouvernement ne veut surtout pas prendre, otage qu’il est des syndicats toujours prompts à lever l’étendard de la révolte si on touche aux « acquis ».

Qu’en est-il exactement de l’état de l’économie japonaise ?

C’est la première question qu’il faut se poser sur ce pari à haut risque pris par Shizo Abe, le premier ministre conservateur à son arrivée au pouvoir en décembre dernier. L’optimisme semble revenu dans ce pays hanté par son vieillissement démographique et le décollage chinois et que la tragédie du tsunami et le peur du nucléaire avaient achevé de saper le moral. Et voilà que l’archipel semble sortir de sa torpeur sous l’effet de la nouvelle politique. La croissance a rebondi au premier trimestre avec un PIB en progression de 3,5% et l’OCDE et le FMI saluent une évolution spectaculaire. On avait oublié que le Japon était la troisième économie du monde.

La suite est plus hasardeuse. La stratégie du gouvernement Abe s’appuie sur trois volets antidéflation. Le premier consiste en une vague de grands travaux que les destructions du tsunami justifient. Le second prend la forme d’une spectaculaire politique d’assouplissement monétaire, pour donner un coup de fouet et de fait le yen a perdu plus d’un quart de sa valeur face au dollar et à l’euro. Avec un objectif de doublement de la masse monétaire en deux ans, et l’espoir de sortir de la déflation  pour une inflation de 2%. Le troisième volet  développerait une stratégie de croissance de long terme assise sur de difficiles réformes structurelles et une discipline fiscale sérieuse.

Le résultat de ce plan repose sur un pari : celui que les entreprises privées vont suivre et prendre le relais. Mais pour l’instant, si la consommation des ménages est repartie à la hausse, si la demande intérieure frémit, les exportations ne tirent pas vraiment parti de la décote du yen en raison de l’apathie du marché européen et des hésitations de l’économie américaine, par conséquent les entreprises restent dubitatives. Elles n’ont ni redémarré leurs investissements, ni augmenté les salaires.

Le grand risque c’est que la reprise japonaise ne soit qu’un feu de paille, car seule la catégorie aisée profite de la bourse et le reste de la population reste à l’écart. L’embellie pourrait ne briller que pendant une année, d’autant plus qu’en avril 2014 la taxe sur la consommation passera de 5 à 8% avant de grimper à 10% en 2015. Et la simple évocation de la Fed américaine de mettre fin à sa politique d’accommodement monétaire a violemment bousculé la bourse de Tokyo, avec des prises de bénéfices massives. Si l’inflation décolle sans que les salaires n’augmentent et qu’en même temps la faiblesse des mesures budgétaires continue de creuser une dette publique déjà énorme (elle pourrait atteindre 245% du PIB), la chute pourrait être très rude.

Que doit-on retenir de ce que l’histoire nous a enseigné sur les dévaluations compétitives menées dans le passé, au moment des crises ?

Les dévaluations sont toujours des décisions de faiblesse et de facilité. Elles peuvent avoir un effet de relance, mais celui-ci est toujours de courte durée, du fait que dans la compétition internationale, les pays concurrents sont amenés à prendre des mesures de rétorsions sous des formes diverses et variées et pratiquer eux-mêmes la baisse organisée de leur monnaie. Une guerre des monnaies dans le cadre de la mondialisation serait catastrophique pour tout le monde.

Le second aspect, ce sont les conséquences sur le marché intérieur : une dévaluation s’accompagne inévitablement d’une hausse des prix à cause de la baisse en valeur de la monnaie et du surenchérissement des importations. Il faut donc que les salaires suivent. Cela ne peut arriver que si les entreprises ont pu reconstituer leurs marges en vendant plus, ce qui est loin d’être avéré avec les conditions actuelles de la concurrence internationale et les écarts de prix à la production qu’on y observe. La plupart du temps, après une période d’euphorie, la situation s’aggrave au point de trouver une situation plus précaire qu’au départ en paupérisation, endettement, perte de croissance. Il faut alors procéder à une nouvelle dévaluation… Et comme en plus l’endettement de l’état ne permet pas d’accompagner la relance par des dépenses publiques à cause de caisses vides, tout ne peut que se compliquer.

Ce type de scénario, on le retrouve à l’occasion de toutes les grandes crises. Particulièrement dans les années 30 et à l’occasion de l’arrivée des socialistes au pouvoir en 1981 (trois dévaluations en deux ans).

En fait, la vraie politique pour retrouver une croissance durable c’est celle qui consiste à assainir la base économique : la baisse des dépenses publiques et le désendettement qui seuls permettent de reconstruire une économie saine et de redonner des marges de manœuvre à l’état pour qu’ils mènent à bien ses missions régaliennes d’accompagnement et d’orientation de l’activité.

 

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