HISTOIRE

FAIRE BOUGER LES LIGNES

J'entendais ce soir Serge JULY sur RTL commentant l'actualité et le déplacement de Nicolas SARKOZY en Tchèquie, énumérer le nombre de "tsunamis" qu'il s'est pris en pleine figure depuis son arrivée au gouvernement, depuis la crise des "subprimes" jusqu'à la flambée de l'énergie, en passant par la crise institutionnelle que le non irlandais a déclenchée. Et de poser la question : "quel dirigeant aurait surnagé face à un tel déluge ?" tout en s'adressant directement aux dirigeants socialistes en émettant de sérieux doutes sur la capacité de leur candidat(e) s'il (elle) avait été élu(e).

Le fait est que notre Président exerce pleinement sa compétence en matière de politique extérieure, qu'il s'agisse de l'Europe ou de théâtres extérieurs où notre présence est traditonnellement engagée comme au Liban. Par son activité, il fait bouger les lignes, même si c'est au prix de la visite d'un KHADAFI ou de la présence au défilé du 14 juillet d'un Bachar  AL-ASSAD (président de la Syrie). Avec lui, les projets avancent. Il montre que la France a un rôle à jouer dans beaucoup de parties du monde. Il fait de la géopolitique active.  Celle qui ne se contente pas des échanges de notes diplomatiques rituelles, de prises de positions figées, mais qui se fonde sur la relation directe entre les hommes, sur le dialogue en temps réel. Le Président a deux grands projets : réussir l'Europe pour jouer un rôle régulateur dans la mondialisation, et fonder "l'Union de la Méditerranée" qui en est le complément indispensable.

Au moment où il va présider l'Union européenne pendant les six courts mois que le traité de Nice a prévu, il est obligé de déployer un surcroît d'énergie pour inciter les pays qui ne l'ont pas encore fait à ratifier le traité de Lisbonne, afin que le processus aille le plus près possible de son terme. C'est en effet le choix le plus raisonnable afin de trancher le moment venu en connaissance des réalités. S'il n'y a qu'un pays à ne pas l'avoir fait, pourra-t-on raisonnablement considérer que 850 000 citoyens peuvent bloquer la marche d'un ensemble de 500 millions d'habitants ? Il est aidé dans cette tâche par Angela MERKEL, comme quoi les rapports franco-allemands ne sont pas si mauvais que cela, et indirectement par Gordon BROWN qui a fait savoir que la Grande Bretagne procéderait aussi au vote de ratification... comme quoi les relations personnelles tissées entre les Hommes ne sont pas si inutiles que cela !

Le vote irlandais est un contretemps fâcheux, mais il ne justifie pas l'avalanche de commentaires catastrophistes de la presse pour la présidence française de l'Union. Comme si certains commentateurs faisaient le voeur secret que Nicolas SARKOZY s'y enlise. Il en faudra plus pour l'émouvoir, lui qui a passé sa vie à se battre et qui n'a jamais rien obtenu que de haute lutte.

                                                                                             


NO ! ..... Désolant

P1020287P1020294 C'était annoncé et c'est arrivé : l'Irlande a voté "non" à son referendum de ratification du traité de Lisbonne. Pourtant syndicats et partis politiques majoritaires appelaient à voter oui. Mais comme toujours, il y a des démagogues prophètes des catastrophes annoncées pour réveiller les peurs et les craintes des peuples. C'est tellement plus facile de dire non que oui !

Et pourtant s'il y a un pays qui a profité de l'Europe, c'est bien l'Irlande. On ne fera pas l'injure, comme l'ont fait certains, trop complaisamment, de rappeler le flot d'aides et de crédits qui s'est déversé sur la "verte Erin" en provenance des fonds de développement, pour faire de ce pays rural et pauvre une économie aujourd'hui moderne et prospère. Les Irlandais en votant "non" ont exactement pérennisé les difficultés que la mise en oeuvre du traité devait permettre de résoudre. Mais tant que le problème institutionnel ne sera pas résolu, il sera impossible de passer à autre chose.

862 415 votes "non" peuvent-ils bloquer l'application d'un traité que déjà 18 pays sur 27 ont ratifié ? Ce soir on sait que le processus de ratification va continuer. Il y a toutes chances qu'il le soit finalement par 26 pays sur 27 ! Il sera temps alors pour l'Irlande de se reposer la question... En décembre ?

On ne sait jamais, le Père Noël pourrait mettre la ratification dans sa hotte !

                                                             


LONDRES, PARIS, BERLIN

Plus attaché au "paraître" qu'à "l'être", nos médias ont surtout porté leur attention sur la capacité de notre président à respecter le protocole anglais et sur l'aptitude de Carla à jouer son rôle de première dame, focalisant plus qu'il n'était besoin sur son teint et ses toilettes.... Là n'était pourtant pas l'essentiel. La visite d'Etat d'un Président français au Royaume Uni est toujours un événement. Ce sont deux grandes nations démocratiques, deux vieilles comparses de l'Histoire de l'Europe qui se retrouvent. Au-delà du faste et de la symbolique des toasts portés, ce qu'il faut retenir, c'est que cette visite officielle aura été l'occasion d'aborder des sujets hautement importants comme la construction de la défense européenne qui ne peut pas se concevoir sans la Grande-Bretagne. Les Anglais n'ont pas que des torts quand ils dénoncent certains excès de la politique agricole commune, mais il est impérieux de les convaincre de l'utilité pour eux d'intégrer l'Europe. Les gages subtilement atlantistes donnés par notre président, comme sur l'OTAN,  étaient évidemment les bienvenus dans ce contexte. Un président qui leur apparaît comprendre leurs doutes sur l'euro dont la puissance commence à nuire aux intérêts économiques des européens au point d'inquiétér les industriels allemands. Sur tous ces sujets, le point de vue des britanniques est utile. Comme l'a dit Nicolas SARKOZY à Lisbonne : "we need Gordon !"

La France n'a pas pour autant abandonné ses relations privilégiées avec l'Allemagne. Il n'y a pas de choix cornélien. La bonne entente avec l'Angleterre n'empêche pas celle avec l'Allemagne. Pour une raison toute simple : ces deux dernières sont capables de dialoguer directement et ne sont pas des ennemies que je sache. Mais l'Europe sera toujours plus forte d'une addition des puissances qui la composent que de la multiplication de ses bilatéralismes. Au moment où la France s'apprête à prendre la Présidence de l'Union, on comprend que Nicolas SARKOZY ait voulu s'assurer de la coopération de Londres. Si le moteur franco-allemand demeure nécessaire, il n'est pas suffisant, surtout dans une Europe à 27 qui n'est pas encore gouvernée selon le traité de Lisbonne. Et le moteur franco-allemand continue de tourner à bon régime, quoi qu'en disent les médias, s'attardant plus sur les émois de Mme MERKEL face à un Président parfois trop familier, qu'au fond des décisions qui sont prises. N'oublions pas que c'est grâce à  leurs efforts communs que l'Europe va sortir de l'ornière du traité constitutionnel. Le travail préparatoire à la Présidence française a permis de dégager de nombreux points d'accord entre les deux pays sur les thèmes prioritaires qui seront abordés : l'immigration contrôlée et sélective, l'énergie, la protection du climat et l'attachement au protocole de Kyoto, la défense... Même sur l'Union méditerranéenne, un terrain d'accord a été trouvé. Le seul point qui fait diverger la France avec son principal partenaire, et d'ailleurs aussi avec le Royaume-Uni, c'est la santé de son économie et son déficit budgétaire. Les efforts déployés en ce moment pour accélérer les réformes qui visent à diminuer les dépenses de l'Etat, non seulement sont indispensables et correspondent aux promesses de la campagne, mais sont aussi autant de signaux envoyés à nos partenaires pour les rassurer sur les objectifs poursuivis par le gouvernement français afin d'entrer dans les clous des impératifs budgétaires communautaires. C'est la condition pour que notre pays puisse exercer son magistère avec l'autorité attendue. Pour être respecté, il faut être respectable.

                                                                               


COMPRENNE QUI POURRA !

Les socialistes n'iront pas au Congrès de Versailles afin de modifier la constitution, procédure nécessaire à la ratification du traité. Parce qu'ils voulaient un referendum. Mais ils voteront le traité européen. Et c'est "par cohérence" qu'ils n'iront pas au congrès. Ah bon !  Pourtant, en y allant, ils auraient pu empêcher la ratification par voie parlementaire et contraindre à recourir au referendum... Oui, mais la démagogie aidant, ce serait prendre le risque d'un nouvel échec, ce que la majorité d'entre eux ne souhaite pas. Au moins en n'y allant pas, le succès de la procédure est garanti. Quel courage tout de même ! Et ça donne des leçons aux autres ! Dans le même ordre d'idées ils ont rejeté l'hypothèse d'une candidature de Tony BLAIR à la future présidence de l'Union . "Y sont sympa entre eux, pas vrai ?" 

Où est la logique dans tout ça ? 

Ne cherchez pas. A défaut d'être lisibles, ils ont de graves préoccupations qui s'appellent "rénovation du parti" et "qui prendra la suite...", ce qui évidemment les oblige à dépenser beaucoup d'énergie en surveillance des copains. Etonnons nous ensuite qu'ils manquent de lucidité.

                                                                                        

                                                                                                         


400 MILLIONS

Drapeau_europenCe soir à minuit nous serons 400 millions d'Européens dans le même espace sans frontières.  En effet, l'espace dit de "SCHENGEN" s'ouvre à 9 pays supplémentaires, de l'ex-Europe de l'Est pour la plupart. "Nous pourrons voyager sur plus de 4000 km de Tallinn en Estonie à Lisbonne au Portugal sans aucun contrôle frontalier" s'est exclamé M. FICO, le Premier Ministre Slovaque. Il a scié symboliquement avec le Chancelier autrichien une barrière du poste frontière de Berg-Petrzalska. Des festivités vont avoir lieu sur de nombreuses frontières sur le thème "Noël sans frontières": feux d'artifice, discours, bals.... Cette ouverture est perçue comme l'ultime démantèlement du "rideau de fer" qui avait coupé l'Europe en deux pendant la période des démocraties populaires communistes.

Cette ouverture s'est faite après d'intenses préparatifs pour coordonner les polices, le système des visas, mettre en place les fichiers informatiques, etc... Ces pays prennent une responsabilité importante puisqu'ils deviennent les nouvelles frontières de l'Europe. Mais pour ces peuples, la joie, c'est de partager avec tous les autres européens la même liberté de mouvement. Cette liberté devenue si banale chez nous.

L'Europe n'en finit pas de franchir les étapes de sa communauté de destin. Ce qui a fait dire à José Manuel BARROSO :"Ensemble, nous avons supprimé les contrôles aux frontières, ces obstacles à la paix, à la liberté et à l'unité en Europe, tout en instaurant les conditions favorables à une sécurité accrue".

                                                                         


LE TRAITE DE LISBONNE

13 décembre 2007, une date pour l'Histoire !

Parlement_europeen_newsletterLa constitution s'appellera donc "Traité de Lisbonne". C'est une victoire pour la France.

Cet événement est aussi une victoire de Nicolas SARKOZY dont l'engagement sans faille sur le dossier européen est une nouvelle fois salué. Ce traité simplifié, c'est son idée. Il a su convaincre personellement un à un les autres chefs d'état européens. Il l'a portée tout au long de sa campagne électorale.

L’énergie, la détermination, la rapidité auront réveillé les consciences européennes assoupies ou effrayées par des opinions publiques inquiètes. Ce traité est absolument nécessaire : pour assurer un développement durable, promouvoir la protection des salariés, maîtriser les flux migratoires, seule l’Union peut faire la force ; seule l’Union peut faire ce dont aucun pays européen n’est capable individuellement : réguler la mondialisation, en dégager les bienfaits, en juguler les méfaits.

Ce traité n’est pas un succédané honteux de la défunte constitution : il tire les leçons des non français et néerlandais ; il est la réponse adéquate à la peur, qui s’était faite jour alors, d’une Europe au service d’une économie anarchique et injuste. Les instruments d’une Union efficace et juste sont aujourd’hui entre nos mains.

Le traité n’est qu’un début : il nous donne les moyens de réaliser ces grandes ambitions ; à nous d’être à la hauteur de la tâche. Le traité simplifié est plus qu’une étape majeure de la construction européenne ; c’est un nouveau commencement.

"Pour arriver à ce résultat, tous les gouvernements ont fait preuve de courage politique. Je vous invite maintenant à faire preuve de la même détermination pendant la période de ratification", a déclaré le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Conscient du scepticisme grandissant vis-à-vis du projet européen, il a aussi appelé les gouvernements à "communiquer" sur les bienfaits du traité et à répondre à l'attente des citoyens, qui "veulent des résultats".

48heuresLa France sera probablement le premier pays européen à le ratifier en janvier prochain. Un signal fort envoyé à tous ses partenaires, un exemple à suivre pour dire la bonne nouvelle : la France est de retour et active dans la construction européenne qu'elle avait mise en panne. D'autant plus active qu'elle va prendre son tour de présidence au second semestre 2008 et qu'elle est déjà à la tâche pour aider la Slovénie qui lui a demandé son assistance pour assumer la sienne au premier semestre.

2008, une grande année pour l'Europe.