HISTOIRE
LE PETIT COURS D’ORTHOGRAPHE
LES LECONS DES DEPARTEMENTALES (2)

LES LECONS DES DEPARTEMENTALES (1)

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Evitons pour commencer de tomber dans le piège des décomptes d’apothicaire. « L’alternance est en marche, rien ne l’arrêtera ! » a proclamé Nicolas Sarkozy. Acceptons-en l’augure. Mais sans naïveté. La victoire électorale de la droite et du centre est indéniable et même éclatante dans sa transformation en nombre de départements conquis. Elle l’aurait été encore plus sans la malhonnêteté d’un découpage électoral indécent.  Mais le compte y est-il vraiment ?

Un tripartisme en trompe l’œil.

La satisfaction de voir la gauche mordre la poussière ne doit pas exclure la lucidité, et il convient de tirer de vraies leçons d’un scrutin dont beaucoup de perspectives sont en trompe l’oeil. Commençons d’abord par faire un décompte réel des voix pour chacun : le total des gauches à 36,4% en y agrégeant l’extrême gauche qui n’a aucune cohérence avec la ligne Macron, n’a guère plus de signification que celui de la droite et du centre avec 37,1% en y incluant, entre autres, les voix eurosceptiques de « Debout La France ». Le FN a récolté 26% des suffrages, en légère augmentation par rapport aux élections européennes tout en restant dans la même fourchette, et ça constitue un record. Enfin, l’honnêteté exige qu’on prenne en compte l’abstention massive, autour de 50%. Autrement dit, le paysage électoral émietté qui s’offre à nous ne présage rien de bon pour la prochaine échéance des élections régionales si on ne sait pas lire le message envoyé –ou pas- par le peuple français.

La première leçon : la décomposition de la gauche.

En quatre ans, l’ensemble des forces de gauche est passé de 49,6% des suffrages exprimés à 36%. Alors que rien ne lie plus un ensemble devenu disparate, dans lequel le PS surnage difficilement, tiraillé à hue et à dia entre ses différents courants contradictoires, le socialisme paie le prix de ses incohérences, de ses échecs, de ses excès, de son autisme. La sanction était annoncée, elle a été au rendez-vous notamment par l’abstention de ses nombreux déçus. Le réveil tardif d’un Valls, d’ailleurs fortement contesté dans son camp, n’est pas suffisant pour redonner confiance à une foule qui se sent trahie. Même avec un coup de pouce de la providence qui va faire courir un air printanier sur notre économie congelée par une politique erronée, le dégel électoral n’est pas pour demain. Une grande partie de l’électorat à gauche de la gauche ne veut plus entendre parler de cette gauche qu’il sent en rupture avec la nation, et rejette la politique du gouvernement qu’il estime être à l’opposé des promesses de 2012. Au mieux, c’est l’abstention, au pire c’est le refuge au Front National qui tient maintenant un discours néo-marxiste. L’extrême gauche de Besancenot à Mélanchon est exsangue et les écologistes sont plongés dans une crise intestine comme seuls ils en ont le secret. La préparation du congrès du PS va nous faire vivre une séquence de meurtres entre camarades avec petits marchandages et grands arrangements. Pas de quoi mobiliser le quidam pour lui donner envie d’aller voter.

La deuxième leçon : le bloc de la droite et du centre s’en sort sans vraiment convaincre.

Il est banal d’affirmer que la droite n’a pas gagné, mais que c’est la gauche qui a perdu. Il y a du vrai dans cette manière de présenter les choses. J’ai été surpris d’observer la minceur des écarts dans beaucoup de cantons, un grand nombre d’élus et de battus ne le sont que de quelques voix, qui se comptent parfois sur les doigts d’une main.  Ce n’est pas ce que l’on appelle un raz-de-marée.  Souvent, la coalition ne fait pas le plein de son électorat. L’alliance entre la droite, incarnée par l’UMP, et les centres, demande à être confortée car les tentations qui agitent les différents clans transforment en champ de mines le terrain de la négociation. Attention aux marchandages politiciens qui décourageraient par de trop grosses ficelles, un électorat tenté de s’agréger mais qui reste méfiant ! Si un accord de fond permet en gros de rassembler les deux familles quand il s’agit de l’euro, de l’Europe et de l’économie, il convient de tirer au clair les positions sur le communautarisme ou sur les oubliés du monde rural et des zones périurbaines, qui sont la clé de bien des suffrages en souffrance.

La troisième leçon : le FN est à un niveau élevé mais isolé.

L’offensive violente menée par Valls avant le premier tour n’a pas été un succès. Elle n’a pas empêché le Front National de mordre sur l’électorat de gauche, et la preuve se lit dans la répartition des suffrages du 22 mars. En réalité, le Front National n’a jamais été aussi puissant : il dépasse les 5 millions de voix et arrive en tête dans 43 départements. S’il n’atteint pas les 30% annoncés par les sondages, c’est parce que l’UMP s’est montrée très ferme sur le refus de toute alliance et a fait campagne en n’hésitant pas à prendre des positions sur les thèmes de prédilection du parti   extrémiste, sur le communautarisme et les oubliés des zones rurales. La  tâche a aussi été facilitée par le positionnement du FN sur ses propositions économiques qu’il s’entête à promouvoir : une économie étatiste qui a échoué partout, la sortie de l’euro, l’Europe vouée aux gémonies. Personne ne peut croire non plus au mirage de la retraite à 60 ans, à l’augmentation faramineuse du smic, et le maintien des 35 heures reste perçu par les électeurs éclairés comme un boulet. Le caractère inepte de cette politique offre un angle d’attaque crédible pour empêcher les électeurs de droite tentés de franchir le pas vers le vote frontiste. Malgré un premier tour prometteur, la concrétisation en sièges est loin de correspondre aux objectifs que souhaitait atteindre Marine Le Pen. Le scrutin majoritaire  est un mur souvent infranchissable sans allié. L’isolement du FN se paie cash : peu d’élus, pas de département à gérer. Elle aura beau accuser l’UMPS, c’est sa stratégie qui trouve là sa limite. A force de vouloir attraper tout, on n’attrape rien. Cela n’empêche pas qu’il faut combattre un parti qui n’a de républicain que la façade. Si la gauche continue sur ses erreurs et la droite ne fait pas ce qu’il faut, le Front national pourrait bien créer encore des surprises à la faveur d’un vote protestataire massif.

 

A suivre,  Les leçons des Départementales (2) :  "La France sans âme" et "une réalité en attente d'une offre politique".

 

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