LE POPULISME EST UNE IMPASSE
09 janvier 2017
Cette fois, je vous propose un cours succinct d’économie pour les nuls. C’est la matière la moins bien enseignée en France et un domaine où les Français se révèlent vulnérables. Je voudrais vous apporter quelques éléments de réflexion sur les « politiques populistes », qui se traduisent pratiquement toujours par la mise en place du « protectionnisme ». Elles débouchent toujours sur des échecs qui pénalisent gravement ceux qu’elles voulaient protéger. Mécanismes et Histoire à l’appui.
Les trois piliers du populisme.
Le populisme est généralement construit sur trois piliers : un discours politique axé sur la mobilisation du peuple pour le peuple ; un Etat fort (ou stratège) qui promet de hausser les salaires et de réindustrialiser ; un rejet des contraintes économiques existantes (inflation, crédit, change…) qui sont volontairement « exagérées » ou parfois « inventées », qu’on accuse de tuer la croissance et la redistribution. Il s’agit donc de « reprendre la main et dépenser ». On commence par la redistribution avec une hausse de salaires décrétées ou une baisse massive des impôts, c’est selon. On poursuit avec une relance budgétaire pour lancer des travaux publics. De ces deux politiques, on attend un regain de croissance et en général, cela fonctionne … au début.
L’économie est têtue.
Quand on observe ce qui s’est passé dans les pays qui ont appliqué ce type de programme, on s’aperçoit que très vite l’économie se retourne. La consommation débouche sur des produits qu’il faut importer, le déficit commercial se creuse, l’inflation galope et les capitaux fuient… Alors le gouvernement réagit par le contrôle des prix et des flux de capitaux, ce qui en général fait chuter le cours de la monnaie. Le moment arrive où il faut limiter les salaires et c’est le pouvoir d’achat qui est touché. Théorie ? non, réalité : c’est ce qui s’est passé en Argentine, au Chili, au Pérou, et même au Venezuela. Car le populisme peut être d’extrême gauche comme d’extrême droite. En Argentine et au Venezuela, l’expérience s’est terminée par une faillite de l’Etat. Les politiques populistes exacerbent les antagonismes nationaux, c’est une autre constante . Si on remonte plus loin dans l’histoire, c’est exactement ce qui s’est produit avec Mussolini en Italie et en Allemagne avec Hitler.
L’ignorance des mécanismes de l’économie.
Selon l’étude menée par deux économistes du « National Bureau of Economic Research », c’est l’ignorance des mécanismes de l’économie de marché, ou le mépris, ce qui revient au même, qui est la cause profonde de ces fiascos. Le retour du bâton est toujours violent. Alors on peut écouter Jean-Luc et Marine et leurs beaux discours, il faut savoir qu’ils mèneraient tout droit à la case faillite s’ils étaient appliqués. Ils devraient pourtant tirer la leçon de ce qui se passe en Grèce, tenue à bout de bras par les pays de la zone euro, mais même pas !
Les Etats-Unis ne sont pas un modèle.
De même ils auraient tort de se réjouir trop vie de la politique menée par Donald Trump. Celui-ci est déjà intervenu à plusieurs reprises dans la marche des affaires de son pays. Notamment en obtenant de Ford qu’il renonce à construire une usine au Mexique. Ford a obtempéré, aussitôt suivi par Chrysler, qui a pris une décision équivalente. Un triomphe pour Trump avant même qu’il entre à la Maison Blanche, et nul ne doute que ses partisans verront dans ce changement de gouvernance la justification de leur choix électoral. Si les mesures protectionnistes américaines se multiplient, les représailles ne tarderont pas, qu’’elles viennent du Mexique ou de la Chine. Surtout, il y a entre les trois pays d’Amérique du Nord un accord commercial en bonne et due forme, voulu par les Américains, et l’instauration imprévue d’une taxe qui, de facto, violerait cet accord, déclencherait forcément un énorme procès international. Il y a plus grave : le plus important, pour le commerce américain, c’est l’Asie en général et la Chine en particulier. Compte tenu des méthodes du gouvernement chinois, obsédé en ce moment par son désir de dominer le Pacifique, on peut facilement imaginer que la Chine n’acceptera pas que Trump réduise les importations de produits chinois. Rappelons qu’elle dispose, grâce à ses énormes ventes aux États-Unis, d’un trésor de quelques 3 000 milliards de dollars dont une bonne partie est placée en Amérique et il lui suffirait de récupérer tout ou partie de cette somme pour déclencher l’écroulement du système financier américain. On peut donc parier que le nouveau président qui est un pragmatique en affaires, constatera très vite que le protectionnisme est une machine à perdre et qu’y recourir fera courir de graves dangers à l’économie et même aux finances de son pays.
La mondialisation en cause.
Tous les populistes veulent faire la guerre à la mondialisation. Ce sont des discours qu’on entend aussi en France. Mais aucun de ceux qui dénoncent les effets négatifs de la mondialisation n’en relèvent les aspects positifs et ne dit la vérité aux électeurs, à savoir que c’est grâce à elle que des centaines de millions d’asiatiques et d’africains ont été tirés de la misère et sont passés de la pauvreté absolue à la classe moyenne. Et l’on assiste maintenant, à mesure que ces pays « émergent », à la re-localisation des moyens de production en Occident parce qu’elle devient de moins en moins problématique. Produire en Chine aujourd’hui n’est pas moins cher que de produire chez nous, si on tient compte de toutes les contraintes. Mais vouloir accélérer cette évolution au mépris des accords internationaux, c’est revenir aux sources de tensions du même type que celles qui ont déclenché la Seconde Guerre mondiale, rien que ça !
Les populistes ont encore besoin d’apprendre l’économie mais ils devraient prendre aussi des cours d’Histoire.
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