LE GRAND BAZAR DU CLIMAT
01 décembre 2015
« 76% des Français ne se sentent pas concernés par la COP 21, 42% pensent que la hausse des températures sera plus agréable pour leurs vacances, 72% pensent que la venue des 150 leaders mondiaux en avion privé polluera trop la planète, et 98% des Franciliens qui travaillent sont furieux. » C’est ainsi que Marc Fiorentino ouvre la semaine sur son blog. De quoi sourire… mais est-il si loin de la vérité ? Aujourd’hui, dans Le Figaro, à la question du jour : « le réchauffement climatique est-il une priorité ? », 52% des 55 000 qui répondent disent : « non !»
On peut douter en effet que ce grand déploiement fasse avancer le « schmilblick ! »
Les faits ne sont pas contestables : le réchauffement de la Terre entraîne des désordres naturels et économiques, des sècheresses qui menacent la vie de certaines populations ou une élévation de la mer qui pourrait submerger les gens qui vivent sur les îles du Pacifique ou sur des coraux. On pourra discuter sans fin sur les causes et la part que l’on peut attribuer aux activités humaines. De toute façon, il vaut mieux essayer de faire quelque chose. Il est donc grand temps d’agir. On aurait même dû agir beaucoup plus tôt. Mais les difficultés sont considérables : la pollution provient en premier lieu de la démographie. On sait qu’elle va se stabiliser pendant le siècle actuel, mais à un niveau élevé. Les désordres proviennent aussi de l’utilisation massive des énergies fossiles, par lesquelles nous sommes intoxiqués, alors que les alternatives sont loin d’être toutes convaincantes. Ces désordres entrainent des crises politiques, des migrations et de la violence un peu partout dans le monde. Chacun vient au Bourget avec son cahier des charges : les Indiens défendent leur droit au développement, les Chinois leur droit à la croissance, les Saoudiens leur droit au pétrole, les Polonais leur droit au charbon et les Américains leur droit à la liberté d’action.
La COP21 échappera-t-elle au flop que lui promettent tant d’observateurs ?
C’est la question qu’on peut se poser, car la diplomatie, pas plus que la politique, ne repose sur les grands sentiments. L’objectif mondial a été défini. Il reste à l’atteindre. Comme il n’y a pas de vote, les défenseurs de l’environnement devront convaincre tous les gouvernements, ceux qui ont besoin d’être aidés financièrement et ceux qui ne veulent pas que leur développement soit freiné ou diminué par les contraintes écologiques. Ce sera très difficile de contraindre la Chine à se hâter de trouver une alternative au charbon, l’Inde à polluer moins, les monarchies pétrolières à passer à l’énergie solaire et… à exporter moins de pétrole. On ne voit pas comment il sera possible de discipliner tous les États du monde alors que beaucoup d’entre eux, en Afrique et au Proche-Orient, sont absorbés par des conflits bi-ou multilatéraux, quand ils ne sont pas en proie à des guerres civiles. C’est pourquoi, réunir près de deux cents intérêts particuliers, autant que de pays, derrière un seul objectif universel est illusoire, sauf à se réfugier dans la généralité. Ce n’est évidemment pas l’objectif climatique qui est en cause mais la manière de gérer ces défis.
Un objectif doublement ambitieux.
L’objectif de contenir en dessous de 2 degrés le réchauffement et qui plus est par un accord contraignant met la barre bien haut. La conférence paraît bien organisée. La France n’a pas d’argent mais sait recevoir. Par contre, ce qu’on peut voir, c’est à quel point ce barnum a l’air, dès le premier jour, complètement décalé dans un pays qui vient de subir les violences que l’on sait : il fige la vie d’une région pour faire circuler des convois officiels, il nous inonde d’images de ces estrades où s’enchaînent toutes les trois minutes les discours des chefs d’Etat et de gouvernement, il nous impose ces décors grandiloquents et colorés… La démesure ! Et en même temps une vraie machine à créer de la déception. On est impressionné quand on découvre que les discours des chefs d’État sont limités à un temps si court. Et pourtant tous les orateurs ont souligné l’importance de l’enjeu. Mais derrière les grands mots, chaque Etat s’accroche à ses intérêts propres, chaque dirigeant à son agenda particulier ; on cherche les grands remèdes. C’est le grand risque qui plane sur cette COP21 : montrer aux habitants de la planète que ceux qui les dirigent ne savent pas, ou ne veulent pas, répondre aux défis qu’ils ont eux-mêmes énoncés.
Le pouvoir ne peut même pas compter sur les écologistes.
On a promis aux écologistes qu’on allait mettre l’écologie au premier rang à partir du 30 novembre. En remerciement, ils ont manifesté, en bravant l’état d’urgence. Si ce n’était que ça, mais des casseurs se sont glissés dans leurs rangs et ont provoqué une émeute place de la République, profanant en quelque sorte les ex-votos posés là en mémoire des victimes du 13 novembre. Pire même, loin de s’excuser pour son mouvement, Cécile Duflot, fidèle à elle-même, a exprimé sa surprise : « l’état d’urgence, proteste-t-elle, ne devrait pas s’appliquer aux manifestations en faveur de l’écologie. » Attitude d’autant plus curieuse que des élus d’EE-LV ont voté pour la mise en place de celui-ci. Décidément, EE-LV ne changera jamais, et montre en la circonstance sa vraie nature : un petit groupe d’agitateurs gauchistes ! Cela en dit long sur la confiance qu’ils ont dans la réussite de la COP21.
Il est possible en effet que la montagne accouche d’une souris.
Car la réflexion sur l’environnement devrait être avant tout affaire de sagesse et de savoir scientifique. Il semble qu’on en soit bien loin.
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