HISTOIRE
LES SCELERATS REMETTENT LE COUVERT ET EN RAJOUTENT
HARCELEMENT SCOLAIRE : OU EST L’EDUCATION NATIONALE ?

L’APPRENTISSAGE PATINE

Apprentissage

 

Le constat dressé pour le chômage vaut aussi pour l’apprentissage : 2014 a marqué une nouvelle aggravation de la situation par rapport à 2013.

La clé du premier emploi.

S’il est un instrument efficace de lutte contre le chômage et notamment en facilitant l’accès au premier emploi, c’est bien l’apprentissage et sa formation en alternance avec le concours des branches professionnelles. Et pourtant, la France reste à la traîne et n’arrive pas à atteindre le seuil symbolique des 500 000 apprentis. Et cela depuis de nombreuses années. Comme dans les autres domaines touchant à l’économie et à l’emploi, la formation par l’apprentissage subit de nombreux freins, à la fois idéologiques et réglementaires. En arrivant au pouvoir en 2012, la gauche a commencé par réduire les aides à l’apprentissage. Le résultat ne s’est pas fait attendre et il a fallu corriger le tir mais le mal était fait.

Une politique d’allers-retours.

En 2013, la forte réduction des aides à l’embauche d’apprentis, rognées de 500 millions d’euros au nom de la rigueur, avait accéléré une chute alimentée par l’absence de croissance. La vapeur a été inversée depuis, avec près de 300 millions réinjectés l’an passé dans le soutien aux centres de formation (CFA) et l’instauration d’une prime à l’accueil d’un apprenti de 1.000 euros, centrée sur les PME de moins de 50 salariés, où le gisement de contrats potentiels est jugé le plus important. En septembre dernier, dans le cadre du plan de relance de l’apprentissage, cette prime a même été renforcée et élargie aux entreprises comptant jusqu’à 250 salariés. Des branches ont pris des engagements de recrutement dans le cadre des accords de contreparties au pacte de responsabilité, mais les efforts, s’ils se confirment, devraient s’étaler sur plusieurs années.

Les près de 300.000 contrats signés chaque année de 2010 à 2012 sont loin. Seuls 265.000 contrats d’apprentissage ont été signés en 2014. Le repli a atteint 3,2 % par rapport à 2013 année déjà marquée par une forte chute (–8 %). Cependant la tendance est encourageante : une nette reprise à la rentrée de septembre, période où débute traditionnellement beaucoup de contrats, a limité le recul annuel et laisse espérer un rebond cette année, même si les résultats de novembre et décembre ont encore été décevants.

Les obstacles administratifs et réglementaires.

Il faut lever aussi les freins non financiers, via des simplifications administratives et réglementaires. Parmi les freins à l’embauche, un décret absurde d’octobre 2013 qui généralisait l’interdiction absolue du travail en hauteur pour les mineurs lorsqu’il n’existe pas de mesures de « protection collective » : rédhibitoire pour de multiples professions d’agriculteur à artisan. Une autre difficulté concernait l’utilisation des machines dangereuses et la manipulation des produits chimiques qui touchait aussi bien la menuiserie que de nombreux métiers de l’industrie, pour lesquels il fallait obtenir une autorisation de l’inspection du travail : tracasserie qui faisait reculer plus d’un patron. A partir du 1er mai 2015 une simple déclaration suffira pour ce dernier cas et les mineurs seront autorisés à travailler en hauteur avec des protections individuelles. Salutaire prise de conscience ! Et au-delà de l’effort pour attirer des employeurs, le gouvernement tente d’agir sur un aspect moins connu du dossier, mais crucial : limiter les échecs en cours de route. Aujourd’hui, plus d’un jeune sur cinq entrant en apprentissage ne va pas au bout de la démarche. Pour y parer, les CFA se sont vu confier un rôle accru de médiation et de prévention des conflits. L’Education nationale a aussi été appelée – comme toujours – à améliorer l’orientation. Pour cela, il faudrait que le patronat soit mieux associé par les régions à l’élaboration de la carte des formations. Alors peut-être que l’année 2015 permettra d’atteindre l’objectif tant espéré de 500.000 jeunes en alternance (apprentissage et contrats de professionnalisation) en 2017, contre quelque 400.000 actuellement.

Idéologie et réalité !

Une campagne de communication est nécessaire pour restaurer l’image toujours dégradée du dispositif et largement entretenue par le corps enseignant qui répugne encore trop souvent à « orienter » vers l’alternance. En témoigne l’hostilité manifestée par plusieurs syndicats d’enseignants de lycées professionnels qui «condamnent le développement de l’apprentissage» et demandent à la ministre de «changer de politique ». L’apprentissage ferait peser selon eux « de graves menaces sur l'enseignement professionnel public ». Une position plus idéologique que réelle, qui est loin d’être nouvelle. J’ai toujours pensé que c’était une erreur d’introduire ce type de formation en alternance dans les établissements publics type Lycées professionnels. Les personnels ne sont pas formés pour ce type de formation et y sont en général hostiles à cause du lien avec les branches professionnelles, la formation en alternance nécessitant d’optimiser ce lien entre l’apprentissage et les besoins de l’économie. Un « gros mot » pour les enseignants de gauche enfermés dans leur tour d’ivoire. Comment peut-on affirmer en effet que l’apprentissage « n’est ni la solution au chômage des jeunes » ni un moyen d’ « insertion durable dans l’emploi », au mépris d’une réalité qui dit le contraire. Mieux vaudrait répartir les rôles et assigner aux lycées professionnels d’autres objectifs de formation en les appuyant sur une orientation plus adaptée, que de les obliger à « mal » former des jeunes avec un dispositif dans lequel ils ne se reconnaissent pas.

Un système illisible.

Mais pour que l'apprentissage marche en France, comme c'est le cas en Allemagne, il faudrait bien plus et réformer de fond en comble le système, comme le stipule la rapport Cahuc-Ferracci du Conseil d’Analyse Economique. Malgré un fort développement en 25 ans et une hausse de 51% des moyens financiers (à 6 milliards), l'efficacité de l'apprentissage reste en effet à démontrer : un système trop complexe, des financements mal fléchés, un trop grand nombre d'intervenants et des formations qui ne satisfont ni les entreprises ni les apprentis ! Effectivement, le système a connu une évolution préoccupante : il fait de moins en moins de place aux jeunes sans diplômes ou peu diplômés puisque plus du quart des apprentis sont aujourd'hui des étudiants du supérieur. S’il faut se féliciter de l’effet de filière vers le haut, les études montrent pourtant que l’apprentissage a un rendement positif surtout pour les faibles niveaux de qualification, ce qui était sa vocation première. Commençons par simplifier le système en instituant un seul contrat d’alternance, dans un seul dispositif, piloté avec compétence pleine et entière par les Conseils Régionaux pour la répartition des niveaux de formation, car il n’est pas question de cantonner l’apprentissage au niveau V, la carte des formations, car c’est le bon niveau de négociation avec les branches professionnelles avec la prise en compte des besoins des bassins d’emplois, et la collecte de la taxe d’apprentissage qui reste un scandale par son système de perception et de répartition actuels, une part importante de la taxe d'apprentissage évaluée à 38% (à cause du système du «hors quota» qui permet aux entreprises d'affecter librement leur taxe) ne finançant pas l'apprentissage.

Puisque les régions font l’objet d’une réforme de leurs compétences, c’est le moment ou jamais de leur confier celle-là !

 

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