RETRAITES : LA REALITE EST TÊTUE
29 septembre 2022
Les taux d’intérêts de la dette française sont rendus à 2,5% et ce n’est pas probablement pas fini. Cela met le service de la dette à plus de 50 milliards d’euros par an. Dans ce contexte auquel il faut ajouter l’inflation, la réforme du régime des retraites devient inéluctable et même urgente. Macron se heurte ainsi au mur de la réalité, d’autant plus que la nécessité de la réforme qu’il avait enterrée sous son premier quinquennat et qui lui était apparue nécessaire de remettre à l’ordre du jour dans sa campagne électorale, se heurte à un front syndical sourd à toute possibilité de recul de l’âge du départ, pourtant seule solution efficace pour rétablir les comptes.
Entre temps, les pensions ont été revalorisées.
Le groupe Agirc-Arco, qui gère les retraites complémentaires, lesquelles constituent jusqu’aux deux-tiers et plus de la pension totale, annonce une revalorisation de 5 % dès le 1er novembre, alors que la retraite de base, versée par la Sécurité sociale, a été augmentée de 4 % en septembre (jusqu’à un certain plafond). La forte croissance de l’année 2021 a permis aux régimes de retraites de devenir brièvement excédentaires. Mais une hirondelle ne fait pas le printemps. Cependant, les fonds d’Agic-Arco sont imposants, de plusieurs dizaines de milliards, capables de faire face à un déficit de plusieurs années.
Les aléas d’un serpent de mer.
La réforme, au départ, devait être un système à points qui aurait remplacé le précédent, en vertu duquel les actifs paient pour les retraités. Elle a, avec le temps et les aléas de la politique, perdu ses plus grandes ambitions. De toutes façons, personne n’y comprenait plus rien. Un élément cependant n’est pas abandonné, car il est crucial : c’est le paiement des cotisations au delà de quarante annuités. Si le temps des cotisations est prolongé jusqu’à 45 ans par exemple, le résultat est le même que si les Français travaillent quatre ans de plus. C’est du niveau arithmétique le plus simple et ni les syndicats ni les oppositions ne seront dupes. Il s’agit d’ailleurs de leur permettre de sauver la face, pas de renoncer aux recettes d’une vie active plus longue. Il était question de prolonger les carrières au-delà de 62 ans, disposition que les élus de droite approuveraient mais à laquelle la gauche et les syndicats sont totalement hostiles. il y a des mots devenus intolérables, comme « carrière plus longue », « mesure d’âge », « travailler plus pour gagner plus ».
Dramatisation.
Le projet de réforme des retraites a atteint une sorte de pic dramatique quand il fut annoncé, il y a quelques temps, qu’il serait adopté sans débat au moyen de l’article 49/3 de la Constitution, ou par un simple amendement inclus dans la loi de financement de la sécu. La levée de boucliers fut telle, y compris dans la majorité, que l’exécutif semblait avoir changé d’idée. François Bayrou, président du MoDem s’était insurgé contre une telle éventualité. Depuis c’est la confusion. Le Président qui avait laissé faire dans un premier temps semble vouloir reprendre les choses en main. Il y voit une source d’excédents susceptibles de ramener les régimes à un surplus qui permettrait au gouvernement d’avoir les coudées franches pour se diriger vers l’équilibre budgétaire, encore que le projet de budget 2023 n’en prenne guère le chemin.
Pourtant ça urge !
C’est que le temps presse, contrairement à ce qu’affirment les oppositions. Il parait désormais décidé à boucler la réforme dès l’année prochaine. Le point de vue de François Bayrou s’est largement étendu à Renaissance, nouveau nom du parti d’Emmanuel Macron, et la Première ministre, Élisabeth Borne, avait exprimé ses doutes sur le recours au 49/3. Pourtant, il semble que cette procédure soit redevenue d’actualité. De son côté, l’ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron, Édouard Philippe, ne s’attarde guère sur la méthode employée. 49/3 ou non, le fondateur d’Horizons souhaite que la réforme soit vite adoptée, comme le voulait initialement le Président. L’option dite « sérieuse » qui est étudiée par Emmanuel Macron et son gouvernement serait de faire adopter la réforme des retraites via un amendement de la loi de financement de la sécurité sociale, quitte à utiliser le 49/3, à moins que les LR s’abstiennent…
Le pied sur le frein en accélérant …
Finalement, après une réunion avec les principales figures du groupe majoritaire et du gouvernement, le chef de l'État a décidé de se donner le temps de la «concertation». La réforme prendra la forme d'un projet de loi présenté «avant la fin de l'hiver», a précisé Élisabeth Borne, écartant notamment l'option d'un amendement au PLFSS. Une manière de temporiser tout en gardant l’objectif d’une application à l’été 2023. L'exécutif a en effet décidé d'ouvrir un nouveau cycle de concertations avec les partenaires sociaux et les forces politiques. Il était grand temps d’arrêter un calendrier pour sceller le sort de cette réforme des retraites qui, on peut en être certain, n’a pas fini de semer la discorde au sein de l’échiquier politique français. Avec en sous-main la menace d'une dissolution de l'assemblée en cas de motion de censure, le printemps promet d'être chaud !
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