A QUOI JOUE VALERIE PECRESSE ?
03 mars 2019
Puisqu’elle vient après-demain mardi, chez nous, à Angers, c’est l’occasion pour moi de dire ce que je pense de son action. Et j’espère bien qu’il y aura quelques bonnes âmes pour relayer mon message à sa réunion, car je ne m’y rendrai pas. Non pas que ce soit lâcheté ou sectarisme de ma part, mais plutôt l’envie de ne pas cautionner une démarche que je trouve désobligeante à l’égard d’un grand nombre de militants et d’adhérents de notre parti. J’en connais, en Seine-Saint-Denis, qui ont tracté pour elle en se levant à 6h du matin, et qui ne comprennent plus !
Un bilan exemplaire en Ile-de-France.
Valérie Pécresse est talentueuse et compétente. On l’a peut-être oublié, mais c’est la seule Ministre des Finances à avoir fait voter un budget en régression en euros réels par rapport à celui de l’année précédente. C’était en décembre 2011. Hollande s’est empressé de rajouter 40 milliards de prélèvements dès juillet 2012. Malheureusement !
A la tête de la Région Ile-de-France, elle a fait preuve de la même technicité : là aussi, et c’est incontestable, elle a fait reculer fortement la dépense publique à coups d’économies bien ciblées. On peut aussi mettre à son actif sa victoire aux régionales : si elle préside la plus prestigieuse région de France, elle ne le doit qu’à elle-même, parce que les puissances tutélaires ne se sont pas précipitées outre-mesure pour la soutenir. Je ne peux même pas lui reprocher d’avoir soutenu Alain Juppé, j’ai failli faire comme elle. J’ai finalement opté pour Fillon. On connait la suite… J’avoue que le positionnement de Juppé aujourd’hui me déçoit profondément, moi qui ai été à la fondation de l’UMP, son Secrétaire départemental dévoué et actif. Pour des raisons personnelles, je lui gardai une place à part dans mon panthéon. Les derniers avatars de sa carrière qui le font entrer au Conseil Constitutionnel par la grâce de Macron me libèrent totalement. Je ne sais pas ce qu’en pense Valérie…
Un pied dehors, un pied dedans.
Elle a choisi de rester dans le parti. Très bien. Elle n’aime pas Wauquiez. Elle a le droit, on ne peut pas plaire à tout le monde. Ce serait mieux qu’elle dise pourquoi en ne se contentant pas des banalités affligeantes : « ligne droitière… » . C’est un procès en diabolisation un peu trop simpliste et trop commode. Je ne crois pas qu'il y ait deux droites, il y a une droite qui s'allie avec le centre qu'il faut reconquérir. Moi, je soutiens notre Président. Ai-je eu le choix au moment de son élection à la tête du parti ? Pas vraiment. Valérie Pécresse avait là une occasion de faire valoir sa vision différente, si tant est qu’elle le soit. Elle ne l’a pas fait. A-t-elle été pour autant rejetée du parti ? Pas que je sache. Si ma mémoire est bonne, elle a sa place au Bureau politique qu’elle a refusé d’occuper et Laurent Wauquiez lui a aussi proposé la présidence du Conseil National, qu’elle a refusée aussi. C’est son droit. Elle a préféré faire bande à part avec « Libres ! ». Je cherche vainement dans ses prises de position et son projet, excepté quelques nuances que je qualifierais de puériles, de vraies divergences avec la ligne politique défendue par la direction actuelle des Républicains sur les grands sujets : la dette, les dépenses publiques, la fiscalité, les classes moyennes, la famille … Au premier Conseil national, elle est arrivée en retard, à grand renfort de brouhaha, pour délivrer quelques propos peu amènes et est repartie sans attendre la réponse. A Menton, elle a rejoué le même scénario. Pourtant le projet esquissé pour l’Europe a tenu compte de ses demandes. Récemment, j’ai lu dans le Figaro Magazine qu’elle ne "se sentait pas impliquée par la liste Bellamy", arguant du fait qu’elle "n’était consultée sur rien" ! Un peu facile. Elle a tout fait pour ne pas l’être, non ? pourtant le trio désigné rassemble les sensibilités du parti, et la suite des candidats, j’en prends le pari, sera de même facture. Elle donne rendez-vous à Laurent Wauquiez le 26 mai : elle prend un gros risque, et en disant cela, elle se tire déjà une balle dans le pied. Si elle n’avait pas fait cette déclaration, je serais venu l’écouter. Mais c’est trop. Elle fait le jeu objectif des macronistes et du RN, en tentant d’affaiblir Wauquiez. Sa position ne sera pas tenable longtemps et une grande partie de l’électorat LR pourrait un jour s’en souvenir. Car n’en doutons pas, Valérie Pécresse « y pense », comme on dit, le matin en se poudrant le minois.
Et si on commençait par jouer groupé.
Le moment n’est pas venu de choisir qui devra représenter notre famille à la Présidentielle. Si elle espère une primaire de la droite et du centre comme la dernière fois, qu’elle n’y compte pas. Chat échaudé craint l’eau froide ! Tout au plus peut-on imaginer une compétition interne. Encore faudrait-il que Laurent Wauquiez n’ait pas réussi à devenir le candidat légitime d’ici là. Je demande donc à Valérie Pécresse de rentrer un peu ses griffes et je fais donc appel à son intelligence. Le combat pour nos valeurs et nos idéaux, pour la France, bien mise à mal par la gestion chaotique de Macron, mérite mieux que les petites cuisines personnelles qui se font dans leur petit coin sur de petits réchauds. D’autant plus qu’elle doit savoir qu’elle n’est pas seule dans ce cas.
PS. Ce lundi matin, sur RTL, Valérie Pécresse annonce qu'elle votera pour la liste LR, au motif que FX Bellamy a la volonté de réconcilier toutes les sensibilités de la droite. Dont acte. Encore un petit effort Valérie et faites campagne ! Je réviserais alors mon jugement.
J'ai eu l'opportunité de découvrir et d'écouter Bellamy lorsqu'il était venu à Fontevraud à l'invitation de Bruno Retailleau, puis d'en avoir été incité à le suivre dans ses interventions publiques. Lorsque j'ai su qu'il avait été choisi par Wauquiez pour être la tête de la liste LR aux "européennes", cela m'a ôté toute éventuelle hésitation que j'aurais pu avoir quant à mon vote !
Rédigé par : ADB | 07 mars 2019 à 17:20