RIC, IMMIGRATION et C°
19 décembre 2018
Le jeu trouble des médias.
L’engagement est passé à la trappe sans que les médias ne s’émeuvent. Le Président avait bien dit le 10 décembre dans les 13 minutes de son discours que « l’immigration » était un problème que nous devions affronter. Hélas, dès le lendemain on apprenait incidemment que le sujet ne ferait pas partie du « grand débat (lage) » national. Les protestations de sa gauche d’« En Marche » étaient passées par là. Va pour le virage social à 15 milliards non financés, mais l’immigration était une concession insupportable et trop « identitaire » (parait-il) ! Alors en attendant on nous « beurre la tartine » jusqu’à ne plus en pouvoir avec le nouveau sujet à la mode : le RIC ! « Que le grand cric me croque », aurait dit Archibald.
Invention de gilets jaunes en mal de démocratie, voici donc le « Referendum d’Initiative Populaire », nec plus ultra de la démocratie directe, mieux que la « démocratie participative » de Ségolène, comme si la démocratie représentative ne suffisait pas. Le prof d’histoire que j’ai été (et suis encore parfois la nuit dans mes rêves) a de bonnes raisons d’être méfiant : ce genre de fausse bonne idée sortie de la tête de démagogues parfaitement récupérés par l’extrême gauche ne me dit rien qui vaille. Non seulement elle pue le populisme, mais elle peut déboucher sur la dictature de « Madame Michu ». Ce sont les mêmes engrenages qui ont conduit à la « Terreur » en 1794. Je n’aurai pas la prévention d’un Stanislas Guérini, ci-devant patron désigné de la REM par un système de « démocratie réduite au laquais », qui l’illustre en agressant Laurent Wauquiez (ça aussi c’est à la mode). Au moins ce dernier a-t-il été élu à la tête des Républicains dans des conditions autrement plus sérieuses.
Mais les médias en boucle ne se contentent pas de faire le tri des sujets, ils font aussi le tri des invités dans leurs débats. Avez-vous remarqué qu’ils suivent peu ou prou la stratégie présidentielle qui consiste à éliminer tout ce qui pourrait exister entre Macron et les extrêmes. Exit donc les représentants LR et PS, réduits à la portion congrue, alors qu’on fait tapis rouge aux mélenchonistes et à Jordan Bardella, du Rassemblement national. Voilà un jeu dangereux. Quant aux « gilets jaunes », j’ai été surpris de voir que leurs porte-paroles dûment affublés de la tunique canari, quand ils ne disaient pas trop de bêtises étaient bien souvent des fonctionnaires syndicalistes habilement infiltrés et parfaitement rôdés. Dominique Wolton a écrit sur le sujet un article remarquable dans le Télégramme de Brest : « Aujourd’hui, on tend le micro à n’importe qui ».
L’immigration en rade.
Donc le grand débat national va s’emparer du RIC (Hérissé : tout un programme) et fera l’impasse sur le sujet « immigration », que pourtant dans son discours le chef de l’Etat liait à la « réflexion sur l’identité profonde de la Nation ». Et c’est la seule question pour laquelle il a précisé : « Il nous faut l’affronter ». L’intention était donc bien présente. Comment peut-on imaginer avoir un débat en laissant de côté cette question. L’immigration ne fait-elle pas partie des sujets qui troublent les Français ? Alors pourquoi cette reculade ? Il faut croire que la pression ait été forte de la part des éternels indignés qui voient du racisme partout et qui plaident pour une société communautariste. A moins que le Président soit à ce point si faible ! Mais alors qu’attend-on de ce « grand débat » ? S’agit-il d’écouter enfin la France profonde en libérant sa parole pour que les citoyens disent ce qu’ils ont en travers de la glotte ou d’un exercice dérivatif destiné à habiller des réformes que le pouvoir ne parvenait pas à faire aboutir.. Emmanuel Macron voulait combattre les tabous et regarder la réalité en face. Les partisans du déni lui imposent de se déjuger. Il y a gros à parier qu’on parlera quand même de l’immigration parce que d’autres s’en empareront pour en faire leurs choux gras électoraux. D’autant plus que la France a signé en douce le « pacte de Marrakech » proposé par l’ONU sur la régulation des migrations, sans même accorder un débat à la représentation nationale pour en discuter de l’opportunité, ce qui aurait été un minimum.
De gaulle, au secours, ils sont revenus !
« Ils » ce sont les vieux démons de la France. Macron a laissé entrevoir son intention : il y a gros à parier qu’il va profiter de l’aubaine pour vendre ses projets mortifères pour la République avec sa réforme constitutionnelle fourre-tout. On va introduire la proportionnelle pour faire plaisir à Mélenchon, Le Pen et Bayrou, et rendre ainsi la France ingouvernable. On va réduire le pourvoir de contrôle du parlement sur l’exécutif alors que celui-ci est déjà bien aléatoire. On veut diminuer drastiquement le nombre de parlementaires : quelle drôle d’idée que d’éloigner les élus un peu plus du peuple au moment où celui-ci demande de la proximité. On va donc affaiblir le Parlement. Je ne sais pas ce qu’apportera le « referendum d’initiative citoyenne », au moment où la démocratie représentative est mise à l’épreuve des temps et doit subir tous les mépris : mépris de la technocratie qui ne respecte même pas un referendum comme celui de NDDL ; mépris du gouvernement envers le parlement par le biais de ses sbires élus, cette majorité présidentielle traitée comme de la valetaille interdite d’amendements et assignée aux « éléments de langage », auquel s’ajoute le mépris de l’opposition qu’on enferme dans l’inutilité en refusant tout ce qu’elle propose même ce qui va dans le sens de l’intérêt général. Mais ce qui fait le plus peur, c’est le mépris du peuple pour les élus qui ne penseraient qu’à leur carrière, et la représentation nationale jugée incompétente, corrompue, trop payée… Dans ces conditions, il faut craindre le pire. Et pendant ce temps-là, les « experts », qui sont souvent à l’expertise ce que je suis à la monasticité, pérorent sur les chaines à débats continus, pour expliquer au « peuple crétin » ce qu’il est censé comprendre …
Surfiscalité, mépris, incompétence, peur… Ce sont les mêmes ingrédients qui ont conduit maintes fois à la révolution. Déjà au cours de l’été 1789, la « grande peur » fondée sur des rumeurs (on dirait aujourd’hui des fake news) de complot aristocratique se répandait à travers toute la France brûlant les châteaux …. Aujourd’hui on brûle des péages d’autoroute !
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