POUVOIR D’ACHAT : MANDRAKE AUX FINANCES
08 octobre 2018
Mandrake, c’est le magicien qui a enchanté mon enfance grâce à ses pouvoirs d’hypnotiseur. Il mettait ses dons au service de la lutte contre le mal. On ne peut pas en dire autant de nos apothicaires de Bercy qui essaient par des tours de passe-passe de nous faire croire qu’ils baissent les impôts quand ils les augmentent et que le pouvoir d’achat augmente quand il baisse. Ce serait de la magie si ça n’était pas un habile bonneteau fiscal. Attachez vos ceintures, il va falloir suivre. Car depuis le début de l’année nous sommes pris dans un tourbillon de mesures qui fait que pour nos revenus, même un comptable expérimenté se mélangerait les pédales.
Commençons par les hausses.
Au 1er janvier les taxes sur le tabac et les carburants ont été augmentées, suivies de près fin janvier par la CSG de 1,7 point (25% de hausse en produit). Le renchérissement du pétrole a accentué la hausse du prix de l’essence et du gazole. Du coup, les prix des produits alimentaires ont accéléré. Et l’inflation est réapparue. Moralité : le pouvoir d’achat a diminué de 0,5% au 1er trimestre. Et le même scénario recommence en 2019. Rebelote pour les carburants et le tabac à quoi il faudra ajouter les surprises du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu. Pour les dix millions de Français déjà mensualisés, le prélèvement viendra dix jours plus tard et sera, en théorie et à condition que vous n’ayez pas de crédit d’impôts, un peu inférieur pendant les dix premiers mois de l’année mais il faudra continuer à payer en novembre et en décembre. Ceux qui profitent de niches fiscales recevront un acompte de 30%, et puis non, de 60% (!) du montant des abattements de l’année précédente. L’Etat a retrouvé 5 milliards d’euros pour faire l’avance. En 2019, il faudra compter aussi avec une revalorisation inférieure à la hausse des prix des pensions de retraite : un rabotage déguisé.
Voyons les baisses.
Les cotisations sociales dues sur les salaires par les employés ont été allégées de 2,2 points et l’impôt sur la fortune dû en juin a fondu des deux tiers. Bon, ce ne sont pas les mêmes qui sont concernés, mais ça compte quand même. Les salariés vont connaître une autre baisse de leurs cotisations de 0,95 point fin octobre. A la même date la taxe d’habitation va diminuer d’un tiers pour quatre foyers sur cinq. Avec un peu de chance vous serez dedans, mais ça n’est pas certain. En 2019, nouvelle baisse de la taxe d’habitation de 30% et revalorisation du minimum vieillesse (de combien ?). Cette dernière n’est pas une baisse mais au moins ça vient compenser un peu les hausses.
Vous avez suivi ?
Selon nos magiciens le sacro-saint pouvoir d’achat devrait connaître une (forte) hausse de 1,5% au dernier trimestre 2018 ce qui laisse perplexe les statisticiens de l’Insee qui ont du mal à s’y retrouver. Pour eux ce serait plutôt 1 à 1,3%, soit une hausse du même ordre que l’an dernier sur l’ensemble de l’année. La vérité c’est que le gouvernement patauge et panique à l’approche de la fin de l’année avec la crainte de ne pas rester dans les clous des 3% de Bruxelles si la croissance n’est pas au rendez-vous. Il promet des milliards d’euros en mêlant étrangement les genres dans un jeu de bonneteau effréné, distribuant et reprenant tour à tour. Notons au passage que la hausse de la CSG a été effective dès janvier et que sa compensation pour les salariés a été fractionnée : une partie en début d’année, l’autre ce mois-ci. L’écart de 9 mois dans l’application a généré 4,5 milliards d’euros de trésorerie pour Bercy. Et dans le même temps, les impôts ont augmenté pour les ménages de 4,5 milliards d’euros. Donc une marge de 9 milliards …Voilà un jeu de bonneteau savamment orchestré par une administration fiscale qui sait que les dépenses ne vont pas baisser et qu’il faut prévoir en face de chaque baisse d’impôt une hausse ! Ainsi les petites taxes créées cette année vont-elles rapporter 7 milliards… Donc, au total, les ménages vont bénéficier de 24 milliards d’euros de baisses d’impôts directs quand le dispositif annoncé sera complètement en place, tout en devant s’acquitter de 29 milliards de prélèvements supplémentaires … L’Etat crée en moyenne près de 7 taxes nouvelles chaque année, ça n’est donc pas fini. Etonnez-vous alors que la France batte le record de l’OCDE des prélèvements obligatoires : plus de 1 000 milliards. Jamais on n’a payé autant d’impôts en France. Les entreprises paient plus de 16,1% du PIB, 50 milliards de plus par rapport à la moyenne européenne, ce qui relativise les baisses programmées pour elles par ce « brave » monsieur Le Maire.
La hausse du pouvoir d’achat.
On comprend que les Français n’en croient pas un mot. Ce ne sont pas les quelques euros supplémentaires sur la feuille de paie (30 €) qui vont compenser la hausse des prix et les quelques heureux qui vont engranger une taxe d’habitation moindre, il y a de fortes chances pour qu’ils l’épargnent en prévision du mois de janvier. Le gouvernement lui-même, « Darmamoins » en premier, crée de l’incertitude par sa communication brouillonne. Son action est illisible. Et encore, on n’est pas au bout de nos surprises : un choc pétrolier n’est pas impossible en novembre si Trump applique ses sanctions contre l’Iran qui promet en représailles de bloquer le détroit d’Ormuz. En plus, il pourrait bien y avoir, en début d’année prochaine, un effet récessif du prélèvement à la source agrémenté de quelques bugs, ce qui n’est pas exclu. Bonjour les dégâts !
Ce n’est plus Mandrake, c’est Garcimore !
Autrement dit, ce n’est pas la consommation qui est à l’ordre du jour, mais plutôt l’épargne de précaution.
On allait voir ce qu’on allait voir !!!
La politique du Petit Marquis de L’énarchie est un échec patent !
Le chômage augmente,
la croissance marque le pas,
les taxes sur les carburants flambent,
et les dépenses publiques continuent à augmenter !
En matière fiscale, c’est le jeu de bonneteau du Sapeur Camember qui creuse un trou - la suppression de la taxe d’habitation - pour le boucher avec la terre du trou qu’il a creusé - l’augmentation de la CSG sur dos des retraités ...
Petit rappel pour ceux qui auraient oublié les exploits du Sapeur Camember :
Un gradé exige du Sapeur Camember qu’il fasse disparaître de la cour un tas d’ordures.
Camember creuse donc un trou pour les y enfouir. Mais que faire de la terre extraite du trou qui, maintenant, pollue la cour ? « Que vous êtes donc plus hermétiquement bouché qu’une bouteille de limonade, sapeur ! fulmine le gradé. Creusez un autre trou ! »
Pas bête.
Mais, naturellement, toute similitude avec la politique économique du gouvernement ne serait bien sûr que fortuite et l’œuvre d’un mauvais esprit…
Rédigé par : Nano | 26 octobre 2018 à 09:06
La fiscalité verte, une mesure de rendement budgétaire? Même Bercy le dit !
Les députés ont voté dans la nuit de lundi à mardi un nouveau durcissement du malus automobile qui, avec un seuil d’application abaissé de 120 à 117 grammes de CO2/Km, devrait rapporter une trentaine de millions d’euros supplémentaires aux caisses de l’Etat.
Alors que La Dinde 🦃 Royale dénonce des mesures punitives, la fiscalité verte est-elle un outil pour la transition écologique ou une simple mesure de rendement budgétaire?
La réponse est dans le projet de loi de finances... de l’année dernière !
https://www.lopinion.fr/video/decryptage/fiscalite-verte-mesure-rendement-budgetaire-meme-bercy-dit-166378
https://www.20minutes.fr/politique/2358299-20181022-hausse-taxes-carburant-segolene-royal-denonce-matraquage-fiscal-gouvernement
Rédigé par : Nano | 26 octobre 2018 à 09:09